La Cetra Basel fête ses 25 ans 18-20.X.2024
La Cetra & Friends : une flamboyante fête baroque
Vendredi 18 octobre 2024 à 19h30, Martinskirche.
Une fête d'anniversaire
Robin Johannsen Sopran
Benedetta Mazzucato Alto
Valer Sabadus Countertenor
José Antonio López Bass
Leila Schayegh Violine
Maurice Steger Blockflöte
La Cetra Barockorchester Basel
Andrea Marcon Leitung & Cembalo
PROGRAMME :
Johann Sebastian Bach Orchestersuite (Ouvertüre) Nr. 3 D-Dur BWV 1068
Antonio Vivaldi Concerto per violino
Johann Sebastian Bach Orchestersuite (Ouvertüre) Nr. 3 D-Dur BWV 1068
Antonio Vivaldi Concerto in B-Dur, RV 375 für Blockflöte, Streicher und basso continuo
Johann Sebastian Bach Konzert für Blockflöte und Violine
***Pause***
Georg Friedrich Händel Ouvertüre zum Oratorium «Il trionfo del Tempo e del Disinganno»
Georg Friedrich Händel Arie «Come nembo che fugge col vento» aus Il Trionfo del Tempo e del Disinganno (2 Solo-Violinen)
Antonio Vivaldi «Vedrò con mio diletto», Arie des Anastasios aus Giustino, RV 717
Georg Friedrich Händel «Vorrei vendicarmi», aus Alcina
Georg Friedrich Händel «O voi del mío poter.....Sorge infausta», Arie des Zoroastro aus Orlando
Georg Friedrich Händel «Caro! Bella!», Duett aus Giulio Cesare, HWV 17
Georg Friedrich Händel «Dover, Giustizia, Amor», Arie aus Ariodante
Georg Friedrich Händel «Sibillar gli angui», Arie des des Argante aus Rinaldo
Georg Friedrich Händel Venti, turbini, Arie des Rinaldos aus «Rinaldo», HWV 7b
Antonio Vivaldi «Agitata da due venti», Arie aus La Griselda
Antonio Vivaldi «Il destino, la sorte, il fato», Schlusschor aus La Sena Festeggiante
Pour fêter dignement ses 25 ans d’existence, l’ensemble de musique baroque de Bâle La Cetra a concocté pour son public, un week-end de trois jours de concerts festifs du vendredi 18 au dimanche 20 octobre 2024.
Le premier concert mettait à l’honneur les qualités exceptionnelles de l’ensemble La Cetra sous la direction incandescente du chef Andrea Marcon avec des invités qui ont contribué à son rayonnement international.
Bien entendu, le programme faisait la part belle aux compositeurs qui ont fait la renommée de l’ensemble : Vivaldi, Haendel et pour commencer Bach avec son ouverture de la suite d’orchestre n°3 BWV 1068 dans une interprétation éclatante. Un fracas de trompettes et timbales et une effervescence des instruments à vous donner la chair de poule, contrebalancé, un peu plus tard dans le programme, par l’aria de Bach d’une finesse infinie.
Nous retiendrons aussi le toucher sensible mais virtuose de la violoniste Leila Schayegh, l’implication jusqu’au boutiste du flûtiste Maurice Steger qui sait faire swinguer Vivaldi comme personne.
Après l’ouverture enflammée de l’oratorio Il Trionfo del Tempo de Haendel, dans laquelle la première violoniste s’est particulièrement distinguée, quatre solistes lyriques se sont succédé dans des airs plus brillants les uns que les autres. Nous retiendrons surtout le divin ‘Vedro con mio diletto’ de Vivaldi magnifié par l’interprétation céleste et suave du contre-ténor Valer Sabadus; l’interprétation rageuse de Benedetta Mazzucato en Bradamante ‘Vorrei vendicarmi’, le fracassant ‘Sibillar gli angui d’Aletto’ brillamment interprété par le baryton José Antonio Lopez, ou la sémillante Robin Johannsen dans des airs virtuoses.
En bis, le final ‘Il destino, la sorte, il fato’ de la Sena Festeggiante de Vivaldi avec des paroles légèrement modifiées pour l’occasion qui glorifiaient avec humour La Cetra Basel.
Nous passerons rapidement sur les incomplétudes des solistes (Valer Sabadus bien inégal, Robin Johannsen en difficulté dans les vocalises, Benedetta Mazzucato légèrement à contre-emploi dans le rôle du tyran Polinesso, le timbre du baryton José Antonio Lopez là où il faudrait une basse), car la star de la soirée était bien l’ensemble La Cetra et ses fabuleux musiciens.
Une fête prolongée par un after décontracté, constitué de moments musicaux jazzy ou tirés de comédies musicales connues avec notamment le fameux air de My fair Lady ‘I could have danced all night’ interprété par l’irrésistible Robin Johannsen.
Haendel Parnasso in festa :
une fête musicale inoubiable !
Samedi 19 octobre 2024 à 19h30, Stadtcasino Basel, Musiksaal.
Georg Friedrich Haendel : Parnasso in festa, per gli sposali di Teti e Peleo, sérénade en trois parties, HWV 73 (London, 1734)
Robin Johannsen Clio
Kangmin Justin Kim Orfeo
Valer Sabadus Apollo
Jenny Högström Calliope
Francesca Ascioti Euterpe
José Antonio López Marte
La Cetra Barockorchester & Vokalensemble Basel
Andrea Marcon, direction & clavecin
Parnasso in Festa est une œuvre totalement atypique parmi les œuvres du Caro Sassone. Écrite pour le mariage de la princesse Anne (1707-1759) et le prince néerlandais Guillaume IV d’Orange, cette sérénade n’est autre qu’une célébration nuptiale sous les traits de personnages mythologiques : Teti et Peleo. Un livret dépourvu d’action donc et uniquement consacré aux festivités.
Haendel n’a pas lésiné sur les moyens avec pas moins de 7 solistes, un chœur et un orchestre conséquents.
La Cetra et leur chef Andrea Marcon avaient déjà donné cette œuvre ici à Bâle à la Martinskirche en octobre 2016 avec une distribution légèrement différente et qui avait fait l’objet d’un enregistrement cd.
Après David Hansen qui avait brillamment défendu le rôle d’Apollo, c’est le contre-ténor Valer Sabadus qui relève le défi d’incarner ce rôle omniprésent et exigeant. Et le résultat nous a paru tout bonnement bluffant et enthousiasmant. Admirable d’implication, de brillance technique, de vocalises débridées, le contre-ténor a terminé l’œuvre dans un feu d’artifice de vocalises avec le tour de force de passer au-dessus d’un orchestre et d’un chœur à plein volume.
Valer Sabadus, lorsqu’il est dans le bon répertoire, sait produire des étincelles. Reste encore pourtant une fâcheuse tendance à changer le son des voyelles sur une partie des vocalises avec l’utilisation du son ‘a’ de manière injustifiée et désagréable.
Robin Johannsen, dans le rôle de Clio, affiche toujours (elle chantait déjà le rôle en 2016) cette pureté et cette jubilation communicative, aria ‘Circondin lor vite le grazie fiorite’. Pourtant, nous notons que l’instrument ne bénéficie déjà plus de la même souplesse qu’il y a huit ans.
Même si l’implication de José Antonio Lopez demeure sans faille, nous perdons légèrement en qualité si l’on compare au timbre magistral de la basse Luca Tittoto.
Tout comme en 2016, Jenny Högström, sortie du chœur, fait un travail de soliste bien appréciable dans le petit rôle de Calliope.
Kangmin Justin Kim, quant à lui, lorsqu’il parvient à maîtriser son penchant de Drama Queen, est capable de faire des merveilles, notamment au début de l’air ‘Ho perso il caro ben’ : une plainte déchirante qui débute avec un son filé de toute beauté. Dommage qu’un vibrato un brin trop envahissant vienne ternir sa prestation, quand ce ne sont pas quelques stridences (moins qu’à l’accoutumée).
Benedetta Mazzucato, dans le rôle de Cloride s’est montrée impeccable et nous a gratifiés de son timbre chaud et ambré tout comme Francesca Ascioti avec son contralto capiteux. Elles finissent de donner du relief à une distribution bien éclectique.
Tous ont contribué à mettre des étoiles plein les yeux à un public en pamoison ! Quel beau cadeau La Cetra et son chef Andrea Marcon nous ont offert là ! Concert à marquer d’une pierre blanche.
La générosité de La Cetra s’est même intensifiée le lendemain avec une journée consacrée aux enfants avec en matinée un concert destiné aux tous petits mené par le flûtiste Maurice Steger. Un voyage musical au gré des aventures d’un flûtiste nommé Tino Flautino, le tout au rythme de musiques passionnantes de Bach, Lully, Telemann, Haendel, Vivaldi…
L’autre concert, en après-midi, avait pour vedette de très jeunes enfants de quartiers défavorisés, en première partie, sur des musiques de Rameau, Vivaldi et Haendel pour un résultat bluffant voire émouvant. De jeunes adolescents, en seconde partie, ont fait sonner, fort et grand, la Water Music et les Fireworks Music de Haendel. Grandiose !
Ruggero Meli