Handel TOLOMEO Karlsruhe 22.II.2022

KARLSRUHE: Handel Tolomeo

Handel Festival, Badischesstaatstheater Sunday, February 27th, 16h

Dramma per musica in drei Akten von Georg Friedrich Händel

Libretto von Nicola Francesco Haym

In italienischer Sprache mit deutschen & englischen Übertiteln 

DEUTSCHE HÄNDEL-SOLISTEN 

Musikalische Leitung: Federico Maria Sardelli 

Regie: Benjamin Lazar 

Regiemitarbeit: Elizabeth Calleo 

Bühne: Adeline Caron 

Kostüme: Alain Blanchot 

Video: Yann Chapotel

Licht: Mael Iger 

Dramaturgie: Deborah Maier 

all pictures Falk von Traubenberg 

          A production lacking a little bit action and drama but improving throughout the opera (excellent Act III), supported by a good and homogeneous cast under the baton of the excellent conductor Federico Maria Sardelli. 

          Comme à son habitude, le Festival Haendel de Karlsruhe nous donne l'occasion de revoir l'opéra de l'édition précédente, en l'occurrence cette année Tolomeo. Nous avions pu assister à ce spectacle en 2020 avec le contre-ténor Jakub Orlinski. Dans cette reprise la distribution reste inchangée à l'exception du contre-ténor Jakub Orlinski qui a été remplacé par Cameron Shahbazi. Rappelons que dans cette production de Benjamin Lazar, les personnages évoluent dans un décor unique: un large salon cossu donnant sur la mer grâce à des vitres immenses. Au centre de la pièce, un puits permet aux personnages tantôt de paraître comme par enchantement tantôt de s’y baigner ou bien encore de s'y déplacer. Heureusement les changements d'atmosphère sont opérés par un procédé vidéo qui laisse entrevoir tantôt une mer calme ou un ciel menaçant tantôt une mer déchaînée, etc. Ce procédé certes fort séduisant ne suffit pas à éviter l’ennui par moment. Il faut dire que le livret, avare d’action, n’aide pas vraiment et ne semble avoir véritablement inspiré le metteur en scène qu'arrivé au 3ème acte avec notamment l’air virtuose de Tolomeo "Son qual rocca" qui éclate telle la mer démontée dont les vagues viennent s’écraser contre les parois des vitres du salon. Un moment fort suivi de la scène du 'suicide' "Inumano fratel...Stille amare", absolument touchante et fort réussie. Relevons aussi les beaux moments de rapprochement des personnages dans les deux premiers actes: ils se prennent tellement à rêver de revoir leur amant qu'ils s'imaginent les toucher, les caresser comme dans un songe, le tout dans une atmosphère sensuelle ralentie et toute de délicatesse. Enfin soulignons l'atmosphère sous marine de l'Acte III avec l'élégance de dizaines de méduses suspendues. 

          Côté chanteurs, le contre-ténor Cameron Shahbazi n'a absolument rien à envier à son prédécesseur Jakub Orlinski et impose un Tolomeo à la fois solide, touchant et crédible avec sa voix ronde et son timbre suave. Les vocalises manquent encore de fluidité parfois et son jeu d'acteur manque encore de naturel mais il devrait vite progresser. 

          Face à lui son rival et frère Alessandro, admirablement bien interprété par l'autre contre-ténor de la distribution Meili Li ne démérite pas face au rôle-titre mais la partition ne lui permet pas de véritablement briller. Nous avons pu heureusement l'apprécier à sa juste valeur l'an dernier dans ce même opéra mais cette fois dans le rôle de Tolomeo à Lübeck (voir notre compte-rendu). Rappelons qu'il s'était également distingué dans le rôle-titre de Giustino de Haendel à Vienne. 

          Les deux sopranos, respectivement Louise Kemény en Seleuce (annoncée souffrante) et Eléonore Pancrazi en Elisa affichent toutes deux des qualités bien appréciables, sans parvenir cependant à exceller. La voix de Louise Kemeny semble avoir pris davantage de consistance et développé des qualités dramatiques plus intéressantes que lorsque nous l'avions vue dans cette même production il y a deux ans. Quant au rôle d'Elisa, une voix plus grave et un tempérament plus intimident encore auraient apporté davantage de contraste dans la distribution. 

          Reste la voix la plus enthousiasmante de la distribution: le brillant baryton-basse Morgan Pearse qui a su élever son rôle mineur au rang de rôle majeur avec cette voix de roc flexible à souhait et sa rageuse expressivité. Avec seulement 3 airs (un par acte), il a suscité émoi et admiration grâce à un aplomb et une technique sans faille ! 

          Au final, un spectacle qui peine un peu à décoller mais qui se bonifie au fil de l'opéra (excellent 3ème acte) avec une distribution de bonne qualité et plutôt homogène ainsi qu'un orchestre tonique sous la direction du très inspiré chef italien Federico Maria Sardelli