Vienne Haendel Alcina 19.XII.2024
Elsa Dreisig déçoit dans le rôle d'Alcina
Georg Friedrich Haendel ALCINA, opéra en trois actes HWV 31
Livret anonyme adapté de celui de l'opéra L'Isola d'Alcina composé par Riccardo Broschi, d'après le texte de l'Orlando Furioso de Ludovico Ariosto. Première représentation en avril 1735 au Covent Garden de Londres.
Opéra donné en version de concert le jeudi 19 décembre 2024 à 19h, au Theater an der Wien de Vienne (avec une durée approximative de 3h30, entracte compris).
Alcina : Elsa Dreisig, soprano
Morgana : Sandrine Piau, soprano
Ruggiero : Juliette Mey, mezzo-soprano
Bradamante : Jasmin White, contralto
Oronte : Stefan Sbonnik, ténor
Oberto : Bruno De Sá, contre-ténor
Melisso : Alex Rosen, basse
Ensemble Il Pomo D'Oro
Direction musicale : Francesco Corti
Le chef Francesco Corti nous invite à vivre avec intensité et drame le destin de cette Alcina délaissée par son Ruggiero qu’elle avait préalablement ensorcelé. Une battue avec un sens du drame prononcé et des idées interprétatives intéressantes.
La distribution réunie pour l'occasion et majoritairement en prise de rôle, a insufflé un vent de fraîcheur à cette œuvre abondamment jouée avec Elsa Dreisig dans le rôle titre, Juliette Mey dans celui de Ruggiero et Jasmin White dans celui de Bradamante.
Juliette Mey possède un instrument racé et de toute beauté, une technique impressionnante qui lui permet d’exceller dans un air redoutable tel que ‘Sta nell’ Ircana’. Seulement, la voix reste trop claire et féminine pour ce rôle masculin.
Bruno De Sá s’est acquitté de ses trois airs avec brio, alliant candeur et détermination. Même s’il peine un peu à rendre sonore son bas médium, ses notes aiguës sont à se pâmer et son enthousiasme communicatif ! Avec un seul air, Alex Rosen marque la soirée de sa voix de roc et bien timbrée.
Jasmin White nous a offert un show incroyable dans le rôle de Bradamante ! Son hyper implication dramatique nous a complètement bluffé.
Sandrine Piau, une habituée de cet opéra (elle a souvent chanté le rôle titre), reprend ici celui de Morgana. Les airs lents sont magnifiques, comme celui accompagné du sublime violoncelle de Ludovico Minasi « Credete al mio dolore ». Mais l’artiste se retrouve en difficulté dans l’air virtuose « Tornami a vagheggiar » avec des vocalises scabreuses et des aigus limités. L’amant éconduit puis désiré Oronte, trouve en Stefan Sbonnik de jolies couleurs et un timbre séduisant. Seulement, ses vocalises manquent de netteté.
Reste le cas d’Elsa Dreisig qui ne convainc guère dans le rôle titre. La voix manque cruellement de couleurs. Avoir des décibels à revendre ne fait pas d’elle une grande voix. À part un bref moment d’émotion (le da capo de « Ah, mio cor »), le reste s'est avéré bien froid. Pas la pointe d’une larme dans « Mi restano le lagrime ». Des aigus à la limite de la stridence et un bas médium désagréable viennent compléter un tableau peu reluisant.
Heureusement que Francesco Corti a su insuffler drame et caractère à sa direction et faire resplendir l’orchestre Il Pomo d’Oro dans cette version de concert viennoise (qui comportait assez peu de coupures).
Ruggero Meli