Scarlatti Il Mitridate Eupatore, Paris Auditorium du Louvre 16.XI.2023

Alessandro Scarlatti (1660-1725) Il Mitridate Eupatore 

Opéra en cinq actes sur un livret de Girolamo Frigimelica Roberti 

Création le 5 janvier 1707 au Teatro San Giovanni Grisostomo à Venise  

Les Accents 

Thibault Noally, violon et direction

Feu d'artifice vocal à l'Auditorium du Louvre

          Belle et grande découverte musicale ce jeudi 16 novembre 2023 à l’Auditorium du Louvre. Une rareté du non moins rare Alessandro Scarlatti : l’opéra Mitridate Eupatore.

Thibault Noally et son ensemble Les Accents en avaient donné une version de concert il y a quelques années lors de la 35e édition du festival de Beaune en 2017. Une performance qui avait été captée par France Musique. Pour cette nouvelle occasion, la distribution est montée d’un cran et le public a pu assister à une véritable fête lyrique. Pas moins de six voix exceptionnelles pour servir une œuvre qui nous a livré de petites gemmes d’arias. Tous investis et survoltés, ils nous ont fait vibrer au gré de récitatifs éminemment théâtraux et d'arias tantôt virtuoses tantôt élégiaques. Roi, reine, filiation, amour, pouvoir, menaces, intimidations : tous les ingrédients étaient réunis pour faire bouillonner cet opéra baroque. 

          Vivica Genaux, toute de noir vêtue, jouait idéalement la perfide de l’histoire. Percutante, rageuse, elle a fait trembler ses partenaires et l'auditoire par sa théâtralité extrême et ses couleurs sombres qui relèvent du contralto. 

          Impressionnante Sophie Rennert, qui semble sans limites de souffle, de virtuosité et de tessiture. Le timbre est somptueux et le public a eu droit à plusieurs airs spectaculaires de sa part. 

          Paul-Antoine Benos-Djian, désormais contre-ténor confirmé, n’a plus rien à envier à ses confrères. Il y a chez ce chanteur une émotion naturelle qui transparaît dans tout ce qu’il chante. Airs lents ou virtuoses, tout nous touche. Sa fougue et sa sincérité passionnent et le timbre et la technique sont tout simplement somptueux. Il bénéficiait du bel air de la partition, un air 'sous les étoiles' qui nous a fait littéralement fondre de bonheur. 

          Anthea Pichanick, quant à elle, nous a gratifié de son timbre de velours et de son contralto si rare. Son chant n’a été que pur régal et enchantement. 

          Quant à Julia Lezhneva, très à l’aise, et très théâtrale, elle a su pousser le drame à l'extrême et exprimer une souffrance ou une colère fracassantes. Seul bémol, quelques notes aiguës longues un brin trop tendues. 

          Enfin, Victor Sicard vient compléter cette distribution de haut vol. Son panache et ses éclats de roi altier ont fait mouche. 

          Menés violon battant par le chef Thibault Noally, cet opéra se révèle une découverte majeure. A noter que deux jours plus tard, l'ouvrage sera donné au Concertgebouw d'Amsterdam et diffusé sur la radio NPO radio 4 (avec podcast disponible).

                                               Ruggero Meli

Les Accents, Thibault Noally
Vivica Genaux
Julia Lezhneva
Sophie Rennert
Paul Antoine Benos Djian
Anthea Pichanick