Paris, Haendel Berenice 21.V.2024

Paris, Théâtre des Champs-Élysées, mardi 21 mai 2024 à 19h30

Georg Friedrich Haendel : Berenice, opéra en trois actes HWV 38 (1737) sur un livret d'Antonio Salvi. 

Sandrine Piau | Bérénice 

Ann Hallenberg | Sélène  

Arianna Vendittelli | Alessandro 

Paul-Antoine Bénos-Djian | Demetrio 

Rémy Brès-Feuillet | Arsace 

Matthew Newlin | Fabio 

John Chest | Aristobolo  

Il Pomo d’Oro

Francesco Corti | direction 

La très rare Berenice enflamme le Théâtre des Champs-Elysées.

          En ce mardi 21 mai 2024, le Théâtre des Champs-Élysées proposait une rareté haendélienne : l’opéra Berenice. Oeuvre  négligée, certainement pour son écriture inégale : certains passages frisent l’ennui quand d’autres réservent de très jolis moments de musique, le tout au cœur d’un imbroglio politico-amoureux. 

          L’ensemble Il Pomo d’Oro en proposait sa vision en version de concert rehaussée par une distribution de haut vol dans laquelle la jeune génération côtoyait l’ancienne. Le contre-ténor montant Paul-Antoine Bénos-Djian incarnait un Demetrio idéalement vibrant d’émotion, à la fois touchant et vindicatif, tandis que la mezzo-soprano Arianna Vendittelli enflammait la scène par son incarnation incandescente d’Alessandro, un romain épris de Berenice. Chacune de leurs interventions a été marquante. 

           En parallèle de ces deux jeunes et talentueux artistes, nous retrouvions deux habituées et spécialistes du compositeur : Ann Hallenberg dans le rôle de Selene ainsi que Sandrine Piau dans le rôle titre. Toutes deux, très en forme, auront rassuré ceux qui auraient pu douter de l’état de leur voix actuel. Trois airs à l’inspiration relative incombaient à la mezzo-soprano, dont ‘Questa qual sia beltà’, aux accents d’Agrippine, son rôle de prédilection. On admire toujours autant son expressivité et son incomparable diction. 

          Sandrine Piau, quant à elle, incarne une Berenice légère mais déterminée à l’image de son air triomphal accompagné au hautbois solo ‘Chi t’intende’, voire même particulièrement véhémente dans l'air ‘Traditore, traditore!’.

          Le contre-ténor Rémy Brès-Feuillet, qui remplaçait au pied levé Hugh Cutting dans le rôle d’Arsace, s’est acquitté de sa brève partie avec honneur, son timbre de contralto ne l’empêchant pas de délivrer un texte d’une grande clarté. 

          Matthew Newlin dans le rôle court de Fabio a pu faire valoir son beau timbre de ténor notamment lors du très poétique et irrésistible air de l’abeille : ‘Vedi l’ape’. 

          Enfin, John Chest, incarnait luxueusement le rôle d’Aristobolo. Un bonheur de baryton-basse. 

          L’œuvre a pu prendre vie et séduire le public parisien grâce aussi à l’excellent ensemble Il Pomo d’Oro et son chef invité Francesco Corti. Doté d’un sens du drame aiguisé, l'oeuvre n'a jamais faibli.

          Merci au Théâtre des Champs-Élysées, ainsi qu’aux artistes d’avoir osé cette œuvre rare qui a séduit le public comme toujours lorsqu’elles sont bien interprétées et distribuées.

                                       Pierre de Pontois

Bérénice : Sandrine Piau, soprano
Demetrio : Paul-Antoine Bénos-Djian, contre-ténor
Alessandro : Arianna Vendittelli, mezzo-soprano
Sélène : Ann Hallenberg' mezzo-soprano
Fabio : Matthew Newlin, ténor
Aristobolo : John Chest, baryton-basse
Arsace : Rémy Brès-Feuillet, contre-ténor