PARIS : HAPPY BIRTHDAY BILL, 80 ans, 14.XII.2024

Longévité baroque avec William Christie


Jean-Baptiste Senaillé : Sonate pour violon et basse continue en do majeur - I. Preludio. Largo (Troisième Livre de sonates à violon seul avec la basse, 1716)

Michel Lambert : Trouver sur l’herbette (Airs, 1689)

Anonyme : Non, non, je n’irai plus au bois seulette (Brunettes, Livre II, 1704)

Marin Marais : Suite n° 1 en la mineur - Petit caprice (Pièces de viole, Livre V, 1725)

Louis Couperin : Grande Passacaille en do

Anonyme : J’avais cru qu’en vous aimant (Brunettes, Livre I, 1703)

Michel Lambert : Par mes chants tristes et touchants (Airs, 1689)

Anonyme : Sur cette charmante rive (Brunettes, Livre III, 1711) 

Michel Lambert : Amour je me suis plaint cent fois (Airs, 1689) 

Jean-Philippe Rameau : Le Vezinet

Jean Lacquemant dit Dubuisson : Prélude en sol mineur (Manuscrit de Cracovie) 

Marc-Antoine Charpentier : Sans frayeur dans ce bois H. 467

Michel Lambert : Ma bergère est tendre et fidèle. Bien que l’amour fasse toute ma peine (Airs, 1689) 

Sieur Demachy : Gavotte en rondeau en sol majeur (Pièces de viole, 1685) 

Michel Lambert : Il est vrai qu’Amour a ses peines (Airs, 1689) 


Théotime Langlois de Swarte , violon

Myriam Rignol , basse de viole anonyme XVIIe siècle

Marie Van Rhijn , clavecin, Ruckers/Taskin 1646/1780



Jean-Philippe Rameau : Indes Galantes (extraits)

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Georg Friedrich Haendel : Ariodante (extraits), L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato (extraits), Semele (extraits). 


Les Arts Florissants

William Christie, direction

          Pour fêter les 80 ans du vaillant William Christie, et ainsi célébrer son immense carrière, la Philharmonie de Paris lui consacrait une journée spéciale anniversaire ainsi qu'à son ensemble Les Arts Florissants. Le premier concert avait lieu à 16h, sans le chef, mais en comité réduit sous la houlette de son fidèle compagnon de route, le ténor et chef alternatif de l'ensemble Paul Agnew. Il nous proposait, en compagnie de la soprano Gwendoline Blondeel et de la mezzo-soprano Juliette Mey, ainsi qu'une formation réduite de 3 instruments (clavecin, violon et violoncelle), un Tea Time qu’on aurait pu pensé British. Pourtant, dans ce lieu intimiste de l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique, ils ont décidé de revenir aux sources de l’ensemble : la redécouverte du répertoire français du XVIIe siècle. Un programme d'airs galants, les uns plus irrésistibles que les autres, qui faisait la part belle au compositeur Michel Lambert. On se délecte alors de la candeur, du charme de ces airs de cours, où les déconvenues amoureuses sont légion. Des airs qui se déclinaient en trio, duo ou solo. Paul Agnew nous gratifiait de son timbre viril et suave de bariténor, tandis que Gwendoline Blondeel nous illuminait de son brillant soprano quand Juliette Mey nous séduisait par son style, sa sensibilité et la clarté de son mezzo. 


          Après un cours de danse baroque, le public a pu assister à un prestigieux concert festif, dirigé par Bill Christie lui-même, dans lequel la magie a opéré, notamment grâce à un programme savamment bien élaboré qui revenait sur deux des compositeurs qui ont fait la renommée de l'ensemble : Jean-Philippe Rameau et Georg Friedrich Haendel. Une première partie entièrement consacrée à des extraits des Indes Galantes, tandis que la seconde nous faisait revivre l’opéra Ariodante, l’oratorio L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato et enfin il drama per musica Semele. 

Pour l’occasion, des solistes lyriques, les uns plus brillants que les autres, étaient venus défendre leurs rôles respectifs. A commencer par Emmanuelle De Negri et Renato Dolcini qui sont parvenus à rendre flamboyante la musique de Rameau, puis à nous émouvoir par leur grande sensibilité. La danse des Incas n’a pas manqué de nous faire nous trémousser dans nos fauteuils. 

Magnifique Ana Maria Labin en Ginevra ! Décidément cette soprano possède ce quelque chose de spécial dans la voix qui vous transporte. Sa brillance et sa projection ont eu tendance à éclipser la voix de Léa Desandre (duo ‘Prendi, prendi’). Cette dernière ne convainc d'ailleurs pas totalement dans le rôle d’Ariodante. Certes, l’artiste y apporte fraîcheur et fougue, mais le timbre qui tire davantage vers le soprano manque de virilité et de couleurs sombres (Emily D’Angelo dans ce même rôle récemment, magnifiait le rôle à Garnier). 

Enfin, l’excellent ténor James Way, de sa voix mature et si bien timbrée, ainsi que la lumineuse soprano Rachel Redmond transcendaient le texte, si poétique, de l’oratorio L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato, en nous menant dans une réflexion sur la recherche du bonheur à travers la mélancolie puis la modération. Divin ‘Sweet bird’ que les riches harmoniques de la soprano ont magnifié. Le programme officiel se terminait dans la liesse générale d’une Semele qui louait les plaisirs infinis de l’amour. Un air qui convenait particulièrement bien au soprano frais et lumineux de Rachel Redmond

Alors que nous pensions le programme arrivé à son terme, deux guest stars nous ont fait la surprise d'intervenir. Deux « anciens » compagnons de route de l’ensemble : le couple Natalie Dessay et Laurent Naouri. Nous retiendrons surtout le miraculeux air ‘Se pietà’ de Cleopatra (Giulio Cesare) dans lequel Natalie Dessay a particulièrement réussi à nous émouvoir avec notamment un da capo et une note longue suspendue de toute beauté à la toute fin de l'air. 

        Une soirée particulièrement festive, d'une durée de plus de 3h, qui a fait vibrer un public enthousiaste et reconnaissant. 

                                          Samuel Passetan

Ana Maria Labin, soprano (Ginevra)
Emmanuelle De Negri, soprano© Stephane Lariven