Festival du Haut Limousin 31.VII.2024

Concert de 11h : Porte-à-porte musical

          Partis de l'Office de tourisme, nous voilà embarqués, de façon complètement inattendue, à la découverte à pieds de la jolie ville de Le Dorat en compagnie d'un guide mais aussi de deux talentueux membres de l'ensemble baroque Les Surprises. Ensemble, le public découvre les monuments, les commerces et certains lieux de vie de la ville. Un parcours complètement improvisé, au gré des opportunités, qui nous emmène chez le coiffeur puis chez la vendeuse de vêtements, sous les fenêtres d’une habitante collectionneuse de porcelaines, à la terrasse d’un café, ou chez des particuliers qui nous accueillent dans des jardins privés absolument somptueux, pour vivre des instants musicaux fugaces surprenants. Des moments de grâce où le temps semble s'immobiliser. 

C’est le pari fou et réussi du festival du Haut Limousin : c'est la musique de Marin Marais, de Robert de Visée ou de Jean Sébastien Bach qui s'invite au dépourvu chez des habitants hagards mais vite conquis. Des musiques admirablement interprétées par la gambiste Juliette Guignard et le théorbiste Gabriel Rignol. 

Concert de 21h : Le soir bleu

          Divisé en trois groupes de trente personnes environ, le public déambule, lanterne à la main, dans les rues de Le Dorat. A la faveur de la nuit tombante, plongés dans une atmosphère mystérieuse, les 'processionnaires' arpentent, intrigués, les rues de la ville à la recherche des lieux de concert. Ils alternent alors sur trois lieux différents pour découvrir trois concerts d'une trentaine de minutes chacun : un récital de viole de gambe, de théorbe et de mélodies françaises. Trois jolis moments de musique à l'interprétation inspirée et inspirante. 

Mais le public n'est pas au bout de ses surprises. Un dernier concert les attend à la Collégiale. D'abord intimiste puis de plus en plus festif. Une entrée en matière toute en douceur, avec l'arrivée processionnelle, un brin mystique, de la soprano Eugénie Lefebvre, partie du fond de la Collégiale, éclairée à la bougie, dans un air fascinant voire envoûtant de Tarquino Merula 'Hor ch'è tempo di dormire', avec sa basse continue répétitive et si lancinante. S’en suit un programme à caractère ibérique qui nous fait quasiment danser sur les marches de la Collégiale. Saluons l'aisance du jeu et le son suave de la gambiste Juliette Guignard, qui sait, quand la partition s'y prête, donner du caractère à son interprétation, le jeu sensible (prélude de Bach) et enjoué (folie espagnole) à la guitare de Gabriel Rignol, le soutien indéfectible et majeur du claveciniste, pianiste et chef Louis-Noël Bestion de Camboulas, et surtout l'implication et les qualités vocales de la soprano Eugénie Lefebvre.

          Bref, une journée pleine de rebondissements musicaux avec l’ensemble Les Surprises dans un cadre en mouvement et un concept original qui fait du bien.
                                                          Ruggero Meli