Handel MESSIAH Cologne 21.XII.2019

Philharmonie 21.XII.2019 19h

Philharmonischer Chor und Orchester Köln 

Horst Meinardus Dirigent 

pictures © Baroque News
soprano Katheryna Kasper

The traditional performance of Handel Messiah is a real treat for Christmas. The one which took place at the Cologne Philharmonie last Saturday was a bit unbalanced with an orchestra, a choir and a conductor who seemed to come from another time while the vocal solists proved to be excellent ! Especially soprano Kateryna Kasper with her fruity bright voice. A pure delight !

          Comme chaque année à cette époque de Noël, les Messie de Handel abondent en tout genre. Celui de la Philharmonie de Cologne a eu la particularité d'être bien inégal avec d'un côté un orchestre, un choeur et un chef quelque peu désuets, et des tempi d'une lenteur dont on n'était plus coutumier mais d'un autre, un quatuor de solistes de tout premier ordre ! Dès l'ouverture nous sommes surpris par la lenteur du tempo pris par un chef en manque d'inspiration au point de rendre cette musique scandée, sans legato, avec des pauses entre les différentes pièces de la partition et un manque cruel de contrastes même dans des airs tels que "But who may abide" ou "He was despised" qui s'y prêtent pourtant. Alors comment expliquer la réussite et le soin apporté à deux des moments coraux les plus attendus : le fameux Alléluia et le chœur final "Worthy is the lamb" ? Deux grands et beaux moments de musique ! Manque de temps et de préparation pour le reste (avec un faux départ gênant de l'orchestre dans l'air du ténor "But thou didst not leave") ? Les chanteurs sont d'ailleurs contraints de couper certaines phrases musicales à des endroits où l'on n'a pas l'habitude de voir des chanteurs y reprendre leur souffle. A contrario, on reste admiratif devant la capacité de souffle des solistes (surtout les deux dames de la distribution) pour éviter certaines coupures. Ces derniers semblent livrés à eux-mêmes, sans soutien et sont tentés d'accélérer la cadence, en vain ! Reste alors des airs de toute beauté, portés par des solistes extrêmement talentueux, surtout dans ces conditions, et pourtant tous méconnus. Quel mérite ! A commencer par la soprano Kateryna Kasper qui possède le plus beau timbre de soprano dont on puisse rêver: gracieux, fruité, facile, flexible, aux aigus brillants, à la technique assurée et naturelle, des fioritures et cadences audacieuses et toutes personnelles. On reste sous le charme: c'est un soprano qui fait du bien et qui donne le sourire ! Merci ! On pourrait alors citer chacune de ses interventions: un "Rejoice" tout de joie et de lumière, un duo "Come unto him" sensible et grâcieux, un "How beautiful" plein d'émotion et un "I know that my redeemer" empreint de piété telle une prière. Difficile alors de ne pas déplorer l'omission de l'air de fin "If God be for us". 

          La mezzo-soprano Elli Vallinoja n'appelle elle aussi que des éloges avec sa voix homogène et longue, son timbre clair aux graves affirmés. On reste admiratif face à la gestion des phrases longues et de son legato, un vibrato juste ce qu'il faut et une sobriété tout à fait à propos dans cette œuvre religieuse. 

          Le ténor David Fischer fait lui aussi montre de belles qualités dans cette œuvre. Sa voix solide, claire et souple, au timbre séduisant s'est particulièrement distinguée dès le début de l’œuvre avec notamment des soufflets de toute beauté dans son arioso d'entrée "Comfort ye" suivi d'un brillant "Ev'ry valley".  Il fait preuve d'une sensibilité touchante dans le récitatif et air "Thy rebuke... Behold and see". A noter cependant quelques notes qui détimbrent et des aigus mal assurés parfois, le tout certainement dû au trac ou au manque de soutien. De plus, la prononciation de l'anglais fait parfois défaut (ceci s'applique aussi à la mezzo-soprano). Toutefois ces quelques bémols n'enlèvent rien à son admirable interprétation. 

          Enfin le baryton-basse Konstantin Krimmel s'est tout bonnement montré passionnant ! Il est un admirable diseur, et l'on se plaît à l'écouter attentivement notamment dans des airs tels que "For behold darkness..." (à mi-chemin entre le récitatif accompagné et l'air). On reste charmé par son baryton clair et facile couplé à des notes de basse profonde de toute beauté, le tout étant très homogène. La voix est extrêmement bien timbrée et longue avec des harmoniques qui viennent vous chatouiller les oreilles, sans parler de sa souplesse, et des vocalises faciles notamment dans l'air "Why do the nations". Quelle drôle d'idée d'avoir coupé le chœur "Let us break" qui suit justement cet air et qui devrait former un tout indivisible, le ténor lui-même s'est laissé surprendre, contraint de se lever précipitamment.

          Même si ce Messie accuse un déséquilibre embarrassant, on ne boude pas son plaisir pour autant et l’œuvre est apparue grande et majestueuse, en plus de réchauffer les cœurs d'un public comblé par cette musique fédératrice au message de paix.