VERSAILLES Haendel Sosarme 16.XII.2024
Sarah Charles : une étoile est née !
Château de Versailles, lundi 16 décembre 2024, Salon d'Hercule, 20h
Georg Friedrich Haendel : SOSARME, re di Media, opéra en trois actes sur un livret d’Antonio Salvi, créé à Londres le 15 février 1732.
Sosarme : Rémy Brès-Feuillet, contre-ténor
Elmira : Sarah Charles*, soprano
Haliate : Marco Angioloni, ténor
Erenice : Éléonore Pancrazi, mezzo-soprano
Melo : Nicolò Balducci, contre-ténor
Argone : Logan Lopez Gonzalez, contre-ténor
Altomaro : Giacomo Nanni, baryton-basse
Orchestre de l’Opéra Royal
Direction musicale : Marco Angioloni
*Membre de l'Académie de l'Opéra Royal
Après un Poro à la distribution et au résultat mitigés, voilà que Marco Angioloni et l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles s’attaquent, lors d'une soirée unique, à une œuvre rarement jouée et qui ne dispose que d’une poignée d’enregistrements. Cette fois, le cast va s'avérer plus séduisant. A commencer par LA surprise de la soirée : la divine soprano Sarah Charles, membre de l’Académie de l’Opéra Royal. Véritable rossignol, à la souplesse déconcertante, son timbre lumineux fait rayonner la musique. Chacune de ses interventions nous a fait vibrer. Dommage que Haendel n’ait pas été très généreux envers le rôle de Elmira. Sarah Charles, une artiste résolument à suivre.
Dans le rôle de Sosarme, le contre-ténor Rémy Brès-Feuillet fait valoir son superbe contralto. Une voix particulièrement basse mais qui a la particularité de rendre le texte parfaitement limpide. Peut-être le défaut de ses qualités : un manque de brillance pour rendre éclatants les airs de bravoure.
Eléonore Pancrazi, dans le rôle de Erenice, met à profit ses qualités de tragédienne et convainc avec force expressivité.
Le deuxième contre-ténor de la distribution, Nicolò Balducci, excelle dans le rôle de Melo grâce à son implication passionnée. Sa voix incisive et d’une grande clarté fait le reste.
Le petit rôle d’Argone, était interprété par le contre-ténor Logan Lopez Gonzalez, qui a su défendre sa partie avec détermination, notamment dans un air virtuose (tiré de l’opéra Rodelinda), qui demande encore des ajustements (rythme, précision, incertitudes).
Giacomo Nanni (qui s´était déjà distingué dans l'opéra Arianna in Creta, cet été à Innsbruck) s’est montré particulièrement brillant dans le rôle d’Altomaro. Avec sa voix extrêmement bien timbrée, il a su faire ressortir toute la superbe de son personnage avec panache. Mention spéciale pour avoir affronté avec brio le redoutable ‘Fra l’ombre’. Seul hic, une vraie basse dans ces rôles haendeliens fait toujours beaucoup plus d’effet qu’un baryton ou en l’occurrence un baryton-basse.
Enfin, le point délicat de cette distribution : Marco Angioloni lui-même. Sa voix, certes intéressante, atteint rapidement ses limites avec, notamment, une partie grave plutôt éteinte. Il fait montre, cependant, de belles vocalises. Son interprétation n'en demeure pas moins intéressante, mais tant d'excellents ténors pourraient rendre le rôle plus passionnant encore. Heureusement, le ténor est bien meilleur à la direction et fait sonner l’orchestre avec brillance et splendeur jusqu’à couvrir un peu trop les voix parfois.
En tous cas, il est parvenu, en compagnie de son équipe, à rendre vivant le drame de Sosarme et ses affres martiales, amoureuses et politiques. Une interprétation que l’on pourra retrouver bientôt en version cd.
Samuel Passetan