LUXEMBOURG Joyaux sacrés de Mozart et Haydn, 08.II.2024

          Couplage fort intéressant que celui imaginé par les forces combinées du choeur des Arts Florissant et du Luxembourg Philharmonic : les Vêpres solennelles d’un Confesseur de Wolfgang Amadeus Mozart et Les sept paroles du Christ sur la Croix de Joseph Haydn. Deux œuvres sacrées, écrites presque simultanément. La première flamboyante à la gloire du Seigneur. La seconde, douloureuse, nous fait vivre les derniers instants de vie du Christ. Deux œuvres complémentaires mis en miroir ou en tension pour mieux souligner des accointances stylistiques troublantes. 

          En abordant ces œuvres de la période classique, sensiblement proches du baroque, le Luxembourg Philharmonic sort de sa zone de comfort et réalise une interprétation raffinée, spectaculaire et émouvante à la fois sous l’égide du chef William Christie, spécialiste de musique baroque. Une combinaison gagnante, magnifiée par les interventions magistrales du chœur des Arts Florissants. A la puissance jubilatoire du troisième mouvement des Vêpres de Mozart s’oppose la fragilité et la douleur insufflée dans cette passion du Christ et qui ont saisi les spectateurs de la Philharmonie de Luxembourg. 

          Des interprètes qui étaient accompagnés, pour l’occasion, de quatre solistes vocaux de bonne facture. Au timbre chaud et velouté de la contralto Mélodie Ruvio, venait s’ajouter le timbre clair et lumineux du ténor Bastien Rimondi, ainsi que la solide et très agréable voix du baryton Matthieu Walendzik. Des solistes que nous découvrons pour la première fois, sauf la contralto Mélodie Ruvio qui nous avait enchanté lors de sa prestation scénique dans le rôle de Cornelia de l’opéra Giulio Cesare de Haendel au stand de Moutier (Suisse) en 2013. 

          Alors que ces trois solistes ont dû se contenter d’interventions brèves et majoritairement groupées, c’est la soprano Julia Wischniewski qui a bénéficié d’instants lyriques plus généreux. Avec son timbre charnu et léger à la fois, elle parvient à faire briller cette musique au point de nous toucher en plein cœur lors du sublime Laudate Dominum qui nous a fait décoller de notre fauteuil malgré un stress palpable au début de l’air.

          Après une standing ovation bien méritée, les interprètes ont offert au public luxembourgeois un Ave Verum de Mozart pour finir en lévitation. 

          Espérons que d’autres collaborations de ce type verront le jour à l’avenir et proposer des œuvres baroques avec un orchestre sur instruments modernes. 

                                                                Ruggero Meli