LONDRES Julia Bullock, baroquebusters 9.I.2025

Concert passionnant imaginé par The Orchestra of the Age of Enlightenment 

mais avec une chanteuse en demi-teinte

Londres, Southbank Centre, Queen Elizabeth Hall 9.I.2024 19h

BAROQUEBUSTERS WITH JULIA BULLOCK & the OAE

Julia Bullock, soprano

Orchestra of the Age of Enlightenment

Handel: Overture (Music for the Royal Fireworks)

Handel: 'Verdi prati' (Alcina)

Vivaldi: Violin Concerto in E, Op.8 No.1 (le Printemps des 4 saisons)

Handel: La Paix (3° mouvement de 'Music for the Royal Fireworks')

Handel: Arrival of the Queen of Sheba (Solomon)

Handel: 'Da tempeste' (Giulio Cesare)

***

Strozzi: 'Che si può fare'

Lully: Marche pour la cérémonie des Turcs (Le bourgeois gentilhomme)

Purcell: 'If love's a sweet passion' (The Fairy Queen)

Rameau: Danse du grand calumet de la paix ou Danse des sauvages (Les Indes galantes) 

Bach: Brandenburg Concerto No.3 in G

Handel: 'Let the Bright Seraphim' (Samson) 

Pachelbel: Canon in D

Handel: La Réjouissance (Music for the Royal Fireworks)

          Un concert destiné aux aficionados du baroque mais surtout aux novices en la matière. En effet, ce concert pédagogique était ponctué d’interventions des membres du OAE, toutes fort intéressantes et divertissantes (surtout celle du facétieux percussionniste Adrian Bending). Un pot-pourri de tubes baroques qui allait de Haendel à Haendel, entrecoupé de pièces de Purcell, Rameau, Lully, Vivaldi, Bach, admirablement interprété par un orchestre dont la géométrie ainsi que le placement sur la scène du Queen Elizabeth Hall du Southbank Center de Londres, variaient au gré des pièces. Pour les néophytes, le nom de Barbara Strozzi et son touchant ‘Che si puo fare’ aura certainement été la révélation de la soirée.

Un régal de concert rendu passionnant par l’implication de l’orchestre et la sémillante Kati Debretzeni, premier violon de l’ensemble, rejoints par l’invitée star : la soprano américaine Julia Bullock

          Même si les interventions de cette dernière sont restées modestes (2 airs dans la première partie et 3 airs dans la seconde), Julia Bullock a marqué la soirée par son timbre chaud et suave teinté d’émotion. Des adjectifs qui s’appliquent surtout à son air ‘Verdi prati’ tiré de l’opéra Alcina, interprété avec une sincère simplicité, et une profondeur de timbre bien inhabituelle. L’air de Purcell ‘If Love’s a sweet passion’ était de la même veine. En revanche, difficile de comprendre le choix, risqué, de l’air hyper virtuose ‘Da tempeste’ de l’opéra Giulio Cesare, toujours du même Haendel. Un air qui a mis à mal la chanteuse, dépassée par les difficultés techniques : vocalises savonnées, entrecoupées par la reprise du souffle, voire incomplètes, des notes aiguës tendues et un texte devenu opaque au gré de la vitesse d’exécution. L’autre air virtuose de la soirée, toutefois moins redoutable, lui a heureusement été plus favorable (mais loin d'être parfait) : ‘Let the bright Seraphim’. Bref, une artiste, bien plus convaincante dans les airs lents pour mezzo-soprano, dans lesquels son timbre peut distiller cette magnifique couleur sombre. Même si l’air de Barbara Strozzi, certes lent, convenait à sa voix, il semblait trop haut par moment, avec pour conséquence des notes aiguës pas toujours très séduisantes. Un constat que l'on a déjà fait récemment, à Madrid, dans le rôle de Theodora (voir notre compte rendu).

Gageons qu'avec un programme mieux adapté, Julia Bullock pourrait devenir une star du baroque avec ce timbre si envoûtant qu'est le sien. En tous cas, le public n’a pas boudé son plaisir et a volontiers participé en taper des mains au rythme de la Danse des Sauvages de Rameau.

                                                                                         Ruggero Meli

Julia Bullock, soprano
The Orchestra of The Age of Enlightenment