2025 Comptes rendus
JANVIER 2025
➡️ VERSAILLES 18.I.2025 Haendel Solomon
Grandiose !
Accoutumés à cette œuvre, le maestro Paul McCreesh et son ensemble Gabrieli Consort and Players reviennent à Versailles pour une nouvelle interprétation. Ils avaient déjà présenté l'ouvrage en 2012 dans ce même lieu. D'ailleurs, une captation vidéo, par les soins de la chaîne Mezzo, avait été réalisée. Œuvre magistrale par ses chœurs monumentaux, l'auditeur se laisse séduire par ses trois parties distinctes qui mêlent poésie pastorale, drame et infanticide, ainsi que des atmosphères musicales variées dans le but d'éblouir la Reine de Saba. Une œuvre qui réussit particulièrement à ces interprètes. En effet, leur enregistrement fut un choc discographique lors de sa sortie en 1998 et reste la référence. Cette gravure fait certainement partie du top 10 de la discothèque haendélienne idéale.
En ce samedi 18 janvier 2025, au coeur de la superbe Chapelle Royale de Versailles, Paul McCreesh n’a rien perdu de sa fougue, bien au contraire. Il sait impulser dynamisme et ferveur à ses troupes. Les parties chorales étaient particulièrement incisives notamment celle belliqueuse à souhait ‘Now a diff'rent measure try’. Bien entendu nous guettions le phénoménal ‘Praise the Lord’ qui a tenu toutes ses promesses : il nous a conduit au frisson. Un chœur si grandiose (rehaussé de trompettes et de cors), que les chefs sont souvent tentés de le déplacer à la toute fin de l'oeuvre en guise d'apothéose. Le chef britanique n'a pas cédé à cette tentation.
➡️ FRANCFORT 11.I.2025 Haendel Rodelinda
Passionante Rodelinda même privée de mise en scène
Reprise du somptueux spectacle de Claus Guth qui a abondamment tourné en Europe depuis sa création à Madrid. Un spectacle qui avait d'ailleurs déjà fait l'objet d'une série de représentations ici même à l'opéra de Francfort. Malheureusement, suite à des problèmes techniques, le spectacle a été donné ce samedi 11 janvier 2025 sous forme de concert « amélioré » avec la possibilité, pour le spectateur, de voir la production lors d’une future reprise. Passée la déconvenue, l'implication des protagonistes, affublés de leurs costumes de spectacle, était telle que l'auditeur ne s'est pas vraiment rendu compte de ce qu'il perdait, mieux encore, il a pu suivre intensément le drame grâce à un jeu de scène repensé et adapté à la situation avec tout de même un décor unique mais somptueux : une gigantesque bâtisse blanche auréolée d'un ciel étoilé absolument enchanteur. Ainsi, le spectateur a pu vibrer au gré des complots, quiproquos et prétendus décès... En effet, Grimoaldo, le tyran, exerce un terrible chantage sur Rodelinda. Il menace de tuer son fils si elle refuse de l'épouser. Elle fait mine d'accepter au grand désarroi de son véritable époux dissimulé Bertarido, qu'elle pense décédé. Après maintes péripéties, Bertarido sauvera Garibaldo de la mort et ce dernier acceptera sa défaite face à l'amour indéfectible entre Rodelinda et Bertarido.
➡️ LONDRES 09.I.2025 Julia Bullock, baroquebusters
Concert passionnant imaginé par The Orchestra of the Age of Enlightenment
mais avec une chanteuse en demi-teinte
Un concert destiné aux aficionados du baroque mais surtout aux novices en la matière. En effet, ce concert pédagogique était ponctué d’interventions des membres du OAE, toutes fort intéressantes et divertissantes (surtout celle du facétieux percussionniste Adrian Bending). Un pot-pourri de tubes baroques qui allait de Haendel à Haendel, entrecoupé de pièces de Purcell, Rameau, Lully, Vivaldi, Bach, admirablement interprété par un orchestre dont la géométrie ainsi que le placement sur la scène du Queen Elizabeth Hall du Southbank Center de Londres, variaient au gré des pièces. Pour les néophytes, le nom de Barbara Strozzi et son touchant ‘Che si puo fare’ aura certainement été la révélation de la soirée.
Un régal de concert rendu passionnant par l’implication de l’orchestre et la sémillante Kati Debretzeni, premier violon de l’ensemble, rejoints par l’invitée star : la soprano américaine Julia Bullock.
Même si les interventions de cette dernière sont restées modestes (2 airs dans la première partie et 3 airs dans la seconde), Julia Bullock a marqué la soirée par son timbre chaud et suave teinté d’émotion. Des adjectifs qui s’appliquent surtout à son air ‘Verdi prati’ tiré de l’opéra Alcina, interprété avec une sincère simplicité, et une profondeur de timbre bien inhabituelle. L’air de Purcell ‘If Love’s a sweet passion’ était de la même veine. En revanche, difficile de comprendre le choix, risqué, de l’air hyper virtuose ‘Da tempeste’ de l’opéra Giulio Cesare, toujours du même Haendel.