Sans y penser... les plus exquises cantates de Haendel magnifiées par la non moins exquise voix de la soprano Marie Lys
En ce lundi 5 mai 2025, dans l’écrin intimiste de la salle des Croisades du Château de Versailles, Gaétan Jarry et l’Orchestre de l'Opéra Royal de Versailles nous conviaient à un concert consacré à des cantates de Georg Friedrich Haendel. Un programme à première vue un brin aride pour ne pas dire ennuyeux. Mais c’était sans compter sur la présence de la soprano suisse Marie Lys, qui, disons-le d’emblée, a su rendre passionnantes ces cantates « amoureuses ». Un programme dense et pas aussi facile qu’il n'y paraissait de prime abord, avoisinant les deux heures de concert sans entracte.
Après une ouverture de l’opéra Serse, fort enjouée, le programme débutait avec la cantate française ‘Sans y penser’ qui donnait son nom au concert. Une pièce rare au charme fou et à la touchante naïveté, magnifiée par la théâtralité de la chanteuse. En effet, Marie Lys dépasse le stade de la pure beauté et candeur de cette cantate, ...
Grande soirée lyrique à Versailles
Ce n’est pas tous les jours qu’il nous est donné l’opportunité de goûter à Haendel interprété par de grandes voix et que ce crossover soit concluant. Bon nombre d’artistes s’y sont essayés avec plus mais surtout moins de réussite. Citons récemment, Pretty Yende, pas vraiment à sa place dans Semele au Théâtre des Champs Elysées. Dans notre cas, Lisette Oropesa, une spécialiste du bel canto et de répertoires plus tardifs que le baroque s'en sort rudement bien.
Après une première tentative, déjà très aboutie l’été dernier au festival de Beaune, Stéphane Fuget et son ensemble Les Épopées reprennent l’opéra Alcina de Georg Friedrich Haendel lors d’un concert unique dans le somptueux écrin de l’opéra royal de Versailles en ce mardi 29 avril 2025. Une version quasi complète (à l’exception de quelques ballets, le da capo du trio et le joyeux chœur final). Le chef a préféré finir sur une note douce amère avec le chœur ‘A l’orror’ et ainsi éviter la conventionnelle liete fine prévue par le compositeur. Avec un sens du drame aiguisé et une lecture très personnelle voire originale, il parvient à magnifier l’œuvre et par la même occasion à nous surprendre : hardiesse, tempi contrastés, changements de rythmes soudains, etc... Seulement, certains tempi nous ont dérouté, comme celui, bien trop lent à notre goût, de l’air ‘Verdi prati’. La pauvre Gaëlle Arquez...
Une interprétation entre piété et théâtralité
L’atelier lyrique de Tourcoing continue d’enchanter son public avec sa programmation aux petits oignons qui donnerait envie de s’installer dans la ville. Œuvre de saison, La Resurrezione de Georg Friedrich Haendel nous relate le combat entre l’Ange et Lucifer et le témoignage poignant des trois jours qui séparent la mort du Christ de sa résurrection au travers de trois personnages : Cleofe, Maddalena et San Giovanni. En ce jeudi 24 avril 2025 au Théâtre Municipal de Tourcoing, l’ensemble Le Banquet Céleste nous en proposait une version à mi chemin entre œuvre théâtrale et religieuse. En effet, ne pas théâtraliser à l'excès l'interprétation tout en conservant le caractère mystique de l'oeuvre semble avoir été le parti pris par l'ensemble comme dans l’air ‘Cosi la tortorella’ dans lequel l’attaque de l’oiseau de proie, que l’on peut entendre à l’orchestre, était nettement moins marquée que ce que l’on a pu connaître avec d'autres ensembles. Certaines interprétations poussent nettement l'oeuvre vers le drame opératique. Nous pensons notamment à celle de Julien Chauvin et son Concert de La Loge, entendue récemment (pour ne citer que celle-ci) avec notamment des effets théâtraux spectaculaires et avec le show phénoménal mené par Robert Gleadow en Lucifer. Il n’en demeure pas moins que la version du Banquet Céleste nous touche par sa délicatesse et sa ferveur religieuse. Une ferveur que...
Beth Taylor, une grande dame du chant lyrique
Le festival Haendel de Londres a eu la bonne idée de clôturer son édition 2025 avec un petit bijou d’opéra : Floridante. Une œuvre rare, certes inégale, qui renferme pourtant bien des airs et passages aux qualités dramatiques intéressantes. On pense notamment à la scène d’Elmira qui mêle habilement récitatif, accompagnato et arioso, dans laquelle elle attend désespérément son amant et croit l’entendre arriver, en vain.
Le chef spécialiste Christian Curnyn et son orchestre The Early Opera Company étaient à la manœuvre et même avec un effectif réduit, ensemble ils ont admirablement rendu justice à une partition bien vivifiante notamment dans les deux parties orchestrales (la marche du premier acte et la sinfonia du troisième acte) flamboyantes rehaussées de splendides cors.
La distribution ?
Un spectacle contrasté et pétillant
Le petit théâtre intimiste Kamanala de Varsovie accueillait une nouvelle fois l'opéra Giulio Cesare de Haendel, une production décapente du metteur en scène Wlodzimierz Nurkowski qui avait déjà été donnée il y a quelques mois avec une distribution légèrement différente.
D'emblée, nous sommes frappés par la brutalité des acteurs mais aussi celle des chanteurs ainsi que par la diffusion d'images de destruction. En effet, l’opéra débute avec un générique comme si l’on était au cinéma. Le spectateur est emporté sans ménagement dans un monde où le chaos règne : destructions, explosions, ninjas menaçants et tout de noir vêtus, maniant bruyamment des éventails aux pointes d’acier. Les tempi suivent cette même idée et fusent. Les chanteurs sont comme dopés et survitaminés. Chacun tente de tirer son épingle du jeu et joue sa survie en intriguant abondamment au fil de l'oeuvre.
À la noirceur de Cornelia et de son fils Sesto, sortes de punks gothiques, contraste...
Vision macabre mais tellement élégante du chef-d'oeuvre de Haendel
La mise en scène de Damiano Michieletto fascine toujours autant (après Paris et Rome) avec son esthétique léchée d’une infinie élégance et chargée de symboles funestes. Les personnages et la mort (incarnée par la présence d’un Pompeo omniprésent) forment un duo inséparable tel la vie et la mort. La vie ne semble tenir qu’à un fil et le spectateur peut ressentir, tout du long, son extrême fragilité. Les parques déploient leurs fils sans que l’on s’en aperçoive et sont prêtes à briser les destins des personnages à tout instant, les têtes de carcasses animales s’invitent sur scène, les cendres de l’urne de Pompeo sont subitement démesurément déversées à la surprise générale depuis le plafond, les fils qui semblent piéger toute la scène et qui forment une toile d’araignée géante finissent par emprisonner Cesare à la fin de la première partie du spectacle. La vision certes bien macabre du chef-d’œuvre de Haendel combinée à une esthétique raffinée tend finalement à le magnifier.
La distribution qui relève presque uniquement d’inconnus...
Une interprétation sur le fil du rasoir
Les passionnés savent combien les concerts dirigés par Teodor Currentzis sont de petits bijoux voire de petits miracles. D’ailleurs ce spectacle affichait quasi complet à la minute de sa mise en vente. Et cette reprise du spectacle madrilène de Peter Sellars n’a pas dérogé à la règle. Avec son look rock n’roll (tout de noir vêtu: jeans moulants, bottines et T-shirt sans manches), le chef dirige sans baguette mais paraît avoir une baguette magique car tout ce qu’il touche semble se transformer en or. Tout ennui est exclu, la musique surgit tantôt des tréfonds ou se met en apesanteur, on vibre avec l’orchestre et l’on reste subjugué par les contrastes marqués, les atmosphères diverses qui confinent même en une expérience spirituelle bouleversante.
Depuis sa création à Madrid, le spectacle est monté en puissance, notamment avec la présence de la soprano Jeanine De Bique, qui fait montre d’une ineffable sensibilité. A lui seul, l’air ‘They say’ du début du concert puis repris à la fin vaut d’avoir eu la chance d’assister à ce concert. Murmurée et au bord de la rupture, cette prière a mis le public à genoux.
Un programme original et convaincant
Après un passionnant disque consacré à la Francesina, diva du XVIIIe siècle, magistralement incarnée par la sublime soprano Sophie Junker, Franck-Emmanuel Comte et son ensemble Le Concert de L’Hostel Dieu nous proposaient un tout nouveau programme dans le magnifique écrin de la salle du Grand Manège de Namur ce jeudi 20 février 2025. À l’honneur, une autre diva : la sémillante Roberta Mameli mise au défi pour incarner la figure d’Hamlet mais aussi sa parenté. Un programme surprenant car nous ignorions que des compositeurs s’étaient intéressés à ce personnage shakespearien. Pas étonnant alors que la plupart des noms des compositeurs au programme soient de parfaits inconnus. En effet, un certain Pollarolo côtoyait un Gasparini ou encore un Carcani. Plus curieux encore dans ce programme, un air de Haendel tiré de l’opéra Ambleto suscite notre étonnement. En effet, Haendel n’a jamais composé d’opéra du nom d’Ambleto. Pauline Lambert, la modératrice du concert, va nous éclairer : il s’agit d’un air emprunté à l’opéra Agrippina ‘Tu ben degno sei dell’allor’ repris par Gasparini dans un pastiche intitulé Ambleto. Les paroles sont alors légèrement modifiées : ‘Tu indegno sei dell’allor’. Il s'agit d'un air dans lequel le personnage de Gerilda exprime tout son dédain envers celui de Fengone. Même si l’air demeure intéressant, l’original, contrasté et ironique, possède davantage de force dramatique.
Des danseurs envahissants et un spectacle brouillon pour une Alcina heureusement bien chantée
Le spectacle imaginé par la metteuse en scène Magdalena Fuchsberger commence par la fin avec le meurtre d’Alcina, exécutée par arme à feu. Scène de crime oblige, un ruban de signalisation jaune et noir circonscrit la scène. L’enquête peut démarrer et le spectateur est invité à reprendre les faits depuis le début pour comprendre comment les personnages ont pu en arriver là. L’idée semblait intéressante mais elle ne sera pas suivie de tout le spectacle !
Bradamante et Melisso (en drag queen) arrivent à un arrêt de bus (surmonté d’une boule à facette) près d’une maison de verre qui laisse apparaître une série d’escaliers. Un monticule de pierres au centre de la scène semble symboliser l'île d’Alcina. Un drôle de décor qui...
Un beau spectacle parasité par une effervescence scénique incessante
Un spectacle qui a tendance à révéler la peur du “vide” de la metteuse en scène Chiara Muti. En effet, l’effervescence démesurée du spectacle donne le tournis et le regard ne sait plus vers quoi se tourner, et ce tout au long de l’opéra.
Le choix de faire usage d’humour dans l’opera seria est un art délicat. A haute dose ou si le trait est trop appuyé, le spectacle risque de tomber dans le genre bouffe. C’est la tendance que prend l'opéra ici malheureusement : certains combats frisent le pathétique comme celui entre Sesto et Tolomeo à la fin par exemple, les verres de vin ou nourritures empoisonnés absolument prévisibles avec des arrêts cardiaques proche du ridicule, les soldats pris au hasard pour y goûter, etc.
Passées ces réserves, on reste fasciné par
Entre déjà vu et idées lumineuses
Les aficionados de l’œuvre risquent de connaître une certaine déception à la vue des éléments de mise en scène "empruntés pour ne pas dire plagiés" à d’autres productions de l’opéra Semele de Georg Friedrich Haendel. En effet, une bonne partie de l’opéra se déroule sur et autour d’un lit immense (déjà vu avec Robert Carsen pour ne citer que lui), et l'on retrouve les sacs d’emplettes de grandes marques, les essayages de robes et autres parures, la photo que Junon consulte à l’envers et qu’Iris se permet de remettre délicatement à l’endroit pour ne pas froisser sa patronne excédée, etc.
Heureusement, certaines idées intéressantes vont venir pimenter ce spectacle au goût de déjà vu, surtout dans la deuxième partie de l’opéra. Clin d’œil au conte de Cendrillon : Semele, la soubrette, s’affaire à retirer les cendres de la cheminée (on se rendra compte à la fin qu’elle ramassait en fait les cendres d’une précédente Semele, et que déjà se prépare une troisième) tandis que le Dieu Jupiter se met à la courtiser. Mais contrairement à Cendrillon, l’ascension sociale sera ici fatale.
Hongni Wu, une prestation en demi teinte
L’ensemble orchestral Resonanz se produisait ce mardi 11 février 2025 à la Philharmonie de Cologne dans un programme quelque peu déroutant de prime abord. En effet, la première partie baroque avec notamment la performance de la mezzo-soprano chinoise Hongni Wu, laissait place à Ludwig Beethoven et sa symphonie n*3 dite héroïque dans la seconde. A priori pas vraiment de lien entre ces deux parties mais certainement la volonté d’aborder tous les répertoires. Pas étonnant alors que l’ensemble ait eu recours au chef invité Riccardo Minasi. Un maestro qui a longtemps œuvré dans le domaine de la musique baroque notamment lorsqu’il était à la tête de l’ensemble Il Pomo D’Oro. Mais depuis quelques années il se consacre essentiellement à des répertoires plus tardifs (Rossini, Poulenc, etc…). De toute évidence, Beethoven sied mieux à cet ensemble que le baroque.
Des décors somptueux pour un spectacle bien terne
Amateurs de beaux décors, de costumes baroques et d’ambiances vaporeuses, cet Orlando devrait vous plaire. L’élégance et le raffinement d’une salle de musée pour vous accueillir, des tableaux XVIIIe pour vous ravir, et un décor qui va progressivement laisser place à des espaces mystérieux, voire féeriques. Des paysages à la Turner, de toute beauté. Le spectateur en prend plein les yeux. Pourtant, ces décors à l’esthétique léchée ne suffiront pas à racheter un spectacle confus, terne, fastidieux, imaginé par Jeanne Desoubeaux, qui confinera même à l’ennui. Comble de déception, la folie légitimement attendue dans cet opéra, jamais ne se produira véritablement.
Un groupe de scolaires déambule dans les salles du musée et chahute allègrement jusqu’à se perdre dans le dédale des salles. Leur professeur repartira sans se rendre compte que quelques enfants sont restés enfermés dans le musée. Ceux-ci côtoient les œuvres qui s’animent soudainement et s’incarnent. Les personnages historiques font revivre leurs aventures aux enfants. Rêve ou réalité, ...
Paul-Antoine Bénos-Djian triomphe au Grand Manège
Avec un programme entièrement consacré au compositeur vénitien Antonio Vivaldi, l'excellent ensemble Café Zimmermann ne s'est pas contenté de nous offrir une compilation de pièces célèbres, mais il est allé nous dénicher dans des archives secrètes, quelques inédits, notamment, une version surprenante du motet 'Longe mala'. Un programme qui mettait non seulement en valeur la voix du contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian mais aussi le velouté de la flûte de Karel Valter (qui nous a fait littéralement craquer dans le sublime air 'Sol da te' tiré de l'opéra Orlando Furioso) ainsi que deux jeunes talentueux cornistes Alexandre Zanetta et Félix Polet.
En très grande forme vocale, le chanteur français Paul-Antoine Bénos-Djian, nous a fait vibrer et passer par toutes les émotions dans des airs qui sont allés crescendo.
La touchante Susanna d'Anna Dennis
Œuvre atypique dans toute la production haendélienne, notamment suite à un traitement d’écriture inhabituel, Susanna fait partie certes des oratorios bibliques, mais pourrait facilement être portée à la scène, surtout dans le contexte explosif des mouvements féministes tel que MeToo, qui dénoncent les agressions sexuelles dans tous les domaines. D’ailleurs, nous avons déjà été les témoins d’une production à Coblence avec une scène de séduction qui tournait au viol.
L’opéra contient toute une série d’airs qui pourraient ennuyer voire rebuter les néophytes ou même les adeptes, car peu séduisants au premier abord. Contrairement à son habitude, Haendel favorise les atmosphères, les impressions, les fragrances et rend sa musique plus subtile, plus profonde, moins clinquante.
Pourtant, comment résister à l’ineffable poésie qui se dégage de l’air ’Crystal streams’ dans lequel on entend la brise souffler, les reflets de l’eau scintiller… ou rester insensible au récitatif et air ‘What means this weight…Bending to the throne of glory’ dans lequel une angoisse prémonitoire vous tort les boyaux ?
Le maestro John Butt et son ensemble Dunedin Consort en ont donné une version intégrale assez poignante en ce vendredi 24 janvier 2025 en l’église St. Martin-in-the-Fields de Londres
Grandiose !
Accoutumés à cette œuvre, le maestro Paul McCreesh et son ensemble Gabrieli Consort and Players reviennent à Versailles pour une nouvelle interprétation. Ils avaient déjà présenté l'ouvrage en 2012 dans ce même lieu. D'ailleurs, une captation vidéo, par les soins de la chaîne Mezzo, avait été réalisée. Œuvre magistrale par ses chœurs monumentaux, l'auditeur se laisse séduire par ses trois parties distinctes qui mêlent poésie pastorale, drame et infanticide, ainsi que des atmosphères musicales variées dans le but d'éblouir la Reine de Saba. Une œuvre qui réussit particulièrement à ces interprètes. En effet, leur enregistrement fut un choc discographique lors de sa sortie en 1998 et reste la référence. Cette gravure fait certainement partie du top 10 de la discothèque haendélienne idéale.
En ce samedi 18 janvier 2025, au coeur de la superbe Chapelle Royale de Versailles, Paul McCreesh n’a rien perdu de sa fougue, bien au contraire. Il sait impulser dynamisme et ferveur à ses troupes. Les parties chorales étaient particulièrement incisives notamment celle belliqueuse à souhait ‘Now a diff'rent measure try’. Bien entendu nous guettions le phénoménal ‘Praise the Lord’ qui a tenu toutes ses promesses : il nous a conduit au frisson. Un chœur si grandiose (rehaussé de trompettes et de cors), que les chefs sont souvent tentés de le déplacer à la toute fin de l'oeuvre en guise d'apothéose. Le chef britanique n'a pas cédé à cette tentation.
Passionante Rodelinda même privée de mise en scène
Reprise du somptueux spectacle de Claus Guth qui a abondamment tourné en Europe depuis sa création à Madrid. Un spectacle qui avait d'ailleurs déjà fait l'objet d'une série de représentations ici même à l'opéra de Francfort. Malheureusement, suite à des problèmes techniques, le spectacle a été donné ce samedi 11 janvier 2025 sous forme de concert « amélioré » avec la possibilité, pour le spectateur, de voir la production lors d’une future reprise. Passée la déconvenue, l'implication des protagonistes, affublés de leurs costumes de spectacle, était telle que l'auditeur ne s'est pas vraiment rendu compte de ce qu'il perdait, mieux encore, il a pu suivre intensément le drame grâce à un jeu de scène repensé et adapté à la situation avec tout de même un décor unique mais somptueux : une gigantesque bâtisse blanche auréolée d'un ciel étoilé absolument enchanteur. Ainsi, le spectateur a pu vibrer au gré des complots, quiproquos et prétendus décès... En effet, Grimoaldo, le tyran, exerce un terrible chantage sur Rodelinda. Il menace de tuer son fils si elle refuse de l'épouser. Elle fait mine d'accepter au grand désarroi de son véritable époux dissimulé Bertarido, qu'elle pense décédé. Après maintes péripéties, Bertarido sauvera Garibaldo de la mort et ce dernier acceptera sa défaite face à l'amour indéfectible entre Rodelinda et Bertarido.
Un concert destiné aux aficionados du baroque mais surtout aux novices en la matière. En effet, ce concert pédagogique était ponctué d’interventions des membres du OAE, toutes fort intéressantes et divertissantes (surtout celle du facétieux percussionniste Adrian Bending). Un pot-pourri de tubes baroques qui allait de Haendel à Haendel, entrecoupé de pièces de Purcell, Rameau, Lully, Vivaldi, Bach, admirablement interprété par un orchestre dont la géométrie ainsi que le placement sur la scène du Queen Elizabeth Hall du Southbank Center de Londres, variaient au gré des pièces. Pour les néophytes, le nom de Barbara Strozzi et son touchant ‘Che si puo fare’ aura certainement été la révélation de la soirée.
Un régal de concert rendu passionnant par l’implication de l’orchestre et la sémillante Kati Debretzeni, premier violon de l’ensemble, rejoints par l’invitée star : la soprano américaine Julia Bullock.
Même si les interventions de cette dernière sont restées modestes (2 airs dans la première partie et 3 airs dans la seconde), Julia Bullock a marqué la soirée par son timbre chaud et suave teinté d’émotion. Des adjectifs qui s’appliquent surtout à son air ‘Verdi prati’ tiré de l’opéra Alcina, interprété avec une sincère simplicité, et une profondeur de timbre bien inhabituelle. L’air de Purcell ‘If Love’s a sweet passion’ était de la même veine. En revanche, difficile de comprendre le choix, risqué, de l’air hyper virtuose ‘Da tempeste’ de l’opéra Giulio Cesare, toujours du même Haendel.