PASQUINI IDALMA, INNSBRUCK 16.VIII.2021

Bernardo Pasquini: "L'Idalma overo Chi la dura la vince" (“Idalma, or who perseveres, wins”) (Opera in 3 acts) 

Libretto by Giuseppe Domenico de Totis 

First performance: Rome, Teatro Capranica, 6 February 1680 

New edition by Giovanna Barbati and Alessandro De Marchi, based on the manuscript V. m. 4.19 of the Bibliothèque nationale de France 

Performance in Italian with German surtitles

Innsbruck Early Music Festival, 16 August 2021 18h30 (last performance out of 6). Four hours long, with 2 intermissions. 


Idalma: Arianna Vendittelli, soprano 

Lindoro: Rupert Charlesworth, tenor 

Irene: Margherita Maria Sala,  contralto 

Almiro: Morgan Pearse, bass-baritone 

Celindo: Juan Sancho,  tenor 

Dorillo: Anita Giovanna Rosati, soprano

Pantano: Rocco Cavalluzzi, bass 


Innsbrucker Festwochenorchester 

Musical direction: Alessandro De Marchi  

Stage direction : Alessandra Premoli  

Set: Nathalie Deana  

Costumes: Anna Missaglia  

Lighting: Antonio Jesús Castro Alcaraz 

ALL PICTURES: © Birgit Gufler 

Lindoro: Rupert Charlesworth, tenor 
Irene: Margherita Maria Sala,  contralto
Almiro: Morgan Pearse, bass-baritone 
Idalma: Arianna Vendittelli, soprano 

         The Early Music Innsbruck Festival offers a nice surprise to its audience with this Idalma by Pasquini and its lively, rich, exciting music. The success comes also from a subtle, funny and entertaining staging by Alessandra Premoli showing characters coming from the past (as if they were stepping out of paintings) and playing tricks to contemporary workers who prove difficulties doing their job, but also an amazing cast and team of musicians all under excellent conductor Alessandro De Marchi. The 4 hours opera turned to be too short!

          Bernardo Pasquini, compositeur méconnu, pourrait bien à l’avenir devenir une redécouverte récurrente et majeure tant sa richesse musicale suscite l’envie voire l'enthousiasme: variée, contrastée, frétillante, légère et touchante à la fois, à l’image de celle de Cavalli. C’est d’ailleurs l’une des missions premières du festival de musique ancienne d’Innsbruck et son directeur actuel Alessandro De Marchi d’oser proposer des redécouvertes de compositeurs et d'œuvres oubliés. C'est le cas de cet opéra "Idalma" qui a connu un succès retentissant à sa création et qui fait le bonheur du public du festival cette année, avec sa riche instrumentation, ses airs d'une grande expressivité, ou encore ses ensembles animés.

         En cette dernière soirée du lundi 16 août 2021, le spectacle est bien rôdé et ne laisse place à aucune hésitation ni approximation. Alessandra Premoli, choisit habilement de confronter notre monde contemporain à celui d’un temps passé à l’image du public dans la salle à la découverte d’archives musicales. Cette mise en abîme soigneusement ponctuée de délicieuses touches d’humour tout du long, nous fait vivre à une confrontation des plus surprenantes: des personnages du passé semblent tout droit sortis des tableaux et œuvres fraîchement dépoussiérées et comme "éveillés d'un long sommeil" qui jonchent ça et là, pêle-mêle un palazzo italien désaffecté et en cours de réhabilitation par des ouvriers et autres architectes contemporains qui vont et viennent pour prendre des mesures, démonter ou déplacer des tableaux ou des meubles, etc... Ces derniers sont confrontés à d’épouvantables frayeurs lorsqu'ils doivent faire face à la présence de fantômes. Il semble que le temps passé et présent ne fasse plus qu'un. Les personnages du passé semblent dérangés par les ouvriers qui prennent possession de leurs lieux. Se joue alors, un festival de "mauvais" tours et de situations invraisemblables: Lindoro s'amuse à éteindre le briquet d'un architecte, désespéré et agacé de ne pas pouvoir allumer sa cigarette; des billets de banque se mettent à voler; les outils sont détournés de leur usage premier: la truelle devient un miroir, la grosse lime devient une lime à ongle, le tournevis sert à boucler des cheveux, le pinceau sert à se repoudrer les pommettesLe tout sur fond d'un savoureux mélange de marivaudage et de commedia dell’arte, d'imbroglio amoureux, de quiproquos, de ruses, de manipulations... Les costumes VIII° siècle sont superbes et les drames se jouent sous les yeux amusés du public qui se délecte, et rit franchement de voir par exemple des personnages qui n’en finissent pas de mourir. Tout est de bon goût, et la mise-en-scène évite soigneusement de tomber dans le ridicule voire la bouffonnerie. 

Même les plus réticents à cette musique auront certainement été surpris de voir que 3h de Pasquini passent facilement grâce à ce pétillant, léger et divertissant spectacle. 

          L’autre point fort de cette production réside dans la distribution solide réunie pour l'occasion. Presque tous les chanteurs sont d'anciens finalistes du concours de chant baroque Cesti d’Innsbruck. 

          L'un des rôles principaux, Lindoro, est assuré par l’excellent et brillant ténor Rupert Charlesworth, sorte de Don Juan accompagné de son coquin de Pantone (un pré-Leporello), incarné par la voix profonde et attachante de la basse Rocco Cavalluzzi

          Idalma, personnage cyclothymique (tantôt plaintif, tantôt emporté par d'impossibles excès) est superbement incarné par la soprano Arianna Venditelli, dont l'expressivité fait mouche. 

         L'autre dame de la soirée, Irene, interprétée par la voix chaude de la contralto Margherita Maria Sala, semble faire un couple parfait avec son Celindo. Elle feint de repousser avec véhémence les avances de Lindoro, mais se fait un malin plaisir à le rendre jaloux et ainsi susciter davantage son intérêt envers elle. Séduit par ce timbre d'exception, le public prend véritablement plaisir à suivre le personnage tout au long de l'opéra.

          Un autre personnage vient s’imposer, le dandy éconduit par Idalma: Almiro, brillamment incarné par la voix somptueuse du baryton basse Morgan Pearce, qui semble braver toutes les tessitures avec facilité et brio, passant aisément de basse à ténor. 

          Le “petit” rôle, Dorillo (page d’Irene), s'avère être un petit démon sous les traits de la soprano Anita Rosati, qui nous régale de sa pétillance et de toute son “italianita” ! Quel aplomb !

          Enfin, même avec des notes aiguës pas toujours assurées ni très agréables, le ténor Juan Sancho parvient à tirer son épingle du jeu, et impose un Celindo digne et qui sait s'imposer. 

          Métastase disait que la mission première du librettiste était de "Instruir dilettando il genere umano" (éduquer le genre humain en le divertissant). Cette production de l'opéra Idalma, semble nous le dire, car derrière cette comédie légère et drôle c’est une sorte de leçon de vie qui nous est donnée: la persévérance finit par payer (Chi la dura la vince).

Celindo: Juan Sancho,  tenor 
Dorillo: Anita Giovanna Rosati, soprano
Pantano: Rocco Cavalluzzi, bass