Paër LEONORA, Innsbruck 11.VIII.2020

INNSBRUCK: Ferdinando Paër (1771-1839) LEONORA

Leonora ossia l'amore conjugale (Dresden, 1804)

Fatto storico in due atti

Libretto by Giuseppe Maria Foppa & Giacomo Cinti based on French book "Léonore ou l'amour conjugal" (1798) de Jean Nicolas Bouilly. 

Tuesday 11.VIII.2020 7pm Tiroler Landestheater, Großes Haus (3rd and last performance)

Semi-staged performance by Mariame Clément

Sung in Italian

Ferdinando Paër does not play a leading role in the history of music. But during his lifetime, the Parma-born composer was at the centre of European music life. One year before Beethoven, he set the French theatrical piece "Léonore ou L'Amour conjugal", based on the libretto by Jean Nicolas Bouilly, to music. In the Beethoven anniversary year 2020, the Festival of Early Music will bring Ferdinando Paër’s back to memory again: with his "Leonora" which was performed in Vienna four days before the première of the new version of Beethoven's "Fidelio". More than 200 years later, the Italian "Leonora", long forgotten in contrast to Beethoven's “Leonore”, now reappears at the Festival. A great opera semiseria that, with poignant melodics as typical in Italian tradition and with a gripping dramatic tone, tells the moving story of the courageous Leonora, who disguised as a man works in a state prison as an assistant to help release her husband Florestano, who is locked away in the darkest dungeon by a tyrant and is at death’s door. (from altemusik.at)

Innsbrucker Festwochenorchester

Dir. Alessandro DE MARCHI

An opera close to the Opera Bouffa of the Haydn era, the delicassy of Mozart and the energy of Rossini served by a young couple: Bellocci as Leonora & Fanale as Florestano who did their best to fulfill the difficulties of the score. But that is anothter couple who shines brightly over this score: Giachino & Marcellina sung by Luigi De Donato and Marie Lys. Both simply fantastic and their only presence would justify attending this performance. 

          Le festival de musique ancienne d'Innsbruck a fait une entorse à ses habitudes de programmation en cette année dédiée un peu partout au 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven en programmant une œuvre en miroir: Leonora de Ferdinando Paër qui suit la même trame que le Fidelio de Beethoven ou plutôt le contraire devrait-on dire car Beethoven disposait de la partition de Paër qui a été visiblement une source d'inspiration. 

          Contrairement au "sérieux" de Beethoven, ici nous nous trouvons plutôt du côté de l'opéra bouffe, proche de ceux de Haydn, avec une touche d'élégance et de raffinement Mozartienne ainsi qu'une certaine fougue Rossinienne. Une musique plutôt jubilatoire mise en espace par Mariame Clément assez sage pour une fois (une mise-en-scène aurait certainement révélé l’œuvre sous un autre jour quand on connaît ses idées ingénieuses, Agrippina, Platée... pour ne citer que ces deux réussites totales) mais la Covid et la distanciation en ont décidé autrement. L'orchestre fourni placé sur une estrade derrière un alignement de chaises et un espace scénique à l'avant permettait aux chanteurs d'aller et venir, de jouer pleinement leur rôle en civil (quelque peu adapté au rôle) et d'offrir une clarté vocale fort appréciable. A noter, aucun élément de décor à part une utilisation ludique des pupitres ou bien encore d'un jeu de chaises divertissant. La partition se plaît à virevolter de solos à duos, à trios, à quatuors et même quintette en passant par des récitatifs inégaux (certains très longs d'autres bien courts), secs ou accompagnés et certains instruments mis à l'honneur comme le violoncelle dans le premier grand air de Leonora, etc...

Côté distribution, le rôle titre a été confié à une jeune soprano aux moyens conséquents: des notes aiguës percutantes et un volume impressionnant mais au timbre d'une jeune fille qui semble encore bien immature. Apparemment, le rôle avait été proposé à une voix un peu plus basse (Arianna Venditelli habituée du festival d'Innsbruck) qui aurait offert une couleur plus adéquate encore au rôle. Même chose pour son partenaire le jeune ténor sicilien Paolo Fanale qui se sort plutôt bien des écueils de la partition mais dont l'interprétation manque de crédibilité et de moyens vocaux plus poussés encore. Il semble que la jeunesse ait été un choix voulu et assumé par les organisateurs. Il est vrai que scéniquement ils nous offrent un couple jeune, beau, frais et crédible. Ce sont finalement les deux rôles "secondaires" qui s'imposent avec brio: le maladroit séducteur Giachino admirablement interprété par la voix d'airain de Luigi De Donato et surtout la Marcellina de Marie Lys, au soprano rafraichissant, aisé et brillant qui se joue avec espièglerie de toutes les vocalises, notes piquées et suraigus en tout genre. A eux seuls, ils justifient tout déplacement ! 

Reste le cas de l'imposant Renato Girolami, personnage le plus bouffe de la partition qui joue à merveille son personnage rustaud, avec ses éclats scandalisés à l'italienne qui pourront aussi, pourtant finir par agacer. Enfin les deux petits rôles de Don Pizzaro et de Don Ferrando, respectivement les ténors généreux de Carlo Allemano et Kresimir Spicer sont admirables, ce dernier arrivant tout à la fin de la partition, comme dans l'opéra baroque, en Deus ex machina. 

Le tout soutenu par un Innsbrucker Festwochenorchester en bonne forme sous la direction attentive et dynamique du chef italien Alessandro De Marchi. Un enregistrement commercial est en préparation.