Handel SERSE Francfort 23.X.2020

GEORG FRIEDRICH HANDEL: SERSE / 

XERXES

Francfort Opera Friday 23 October 2020 19h

Opera in 3 acts

Text based on a libretto by Silvio Stampiglia

First performed April 15 1738, King's Theatre Haymarket, London

This production first seen January 8 2017

Shortened version, sung in Italian with German & English surtitles

Frankfurter Opern- und Museumsorchester 

Dir. Roland BÖER

Original Director: Tilmann Köhler

Production adapted and rehearsed by Hans Walter Richter

Set Designer: Karoly Risz

Costume Designer: Susanne Uhl

Lighting Designer: Joachim Klein

Video: Marlene Blumert

Dramaturge: Zsolt Horpácsy

Cecelia HALL as SERSE © Barbara Aumüller 
Kateryna KASPER as Romilda, Thomas FAULKNER as Elviro, Elizabeth SUTPHEN as Atalanta & Eric JURENAS as Arsamene © Barbara Aumüller 
Elizabeth SUTPHEN as Atalanta video projected behind Cecelia HALL as Serse © Barbara Aumüller 
Kateryna KASPER as Romilda & Cecelia HALL as Serse © Barbara Aumüller 

          Despite a reduced orchestra (due to the sanitary rules), and thanks to an inspired and energetic conductor, this second reprise of the modern production of Handel Serse (see below the 3 different casts over the years) is still much fun: the audience is invited to a gargantuous dinner which turns into a total mess. The twists and turns of the libretto are pure delight live on stage. As for the cast, well it is close to perfection, especially soprano Kathryn KASPER who makes wonders with her round fruity voice in the role of Romilda.  

          Seconde reprise de l’excellente production moderne de l’opéra Serse à Francfort par le metteur-en-scène Tilmann KÖHLER et réadaptée pour l’occasion par Hans WALTER, initialement débutée en 2017 (voir ci-dessous les trois distributions). Signalons que la première série de représentations avait fait l´objet d´une captation vidéo disponibe en DVD avec dans le rôle titre l’épatante Gaëlle ARQUEZ. Excellente production à plus d’un titre: elle met finement en valeur des rebondissements du livret, et met clairement en lumière les relations entre les personnages, leurs enjeux et intérêts. On s’amuse tout du long, on se délecte des quiproquos, bref on ne s’ennuie pas le moins du monde. Les scènes autour, au-dessus et sous la table donnent le tournis (batailles de nourriture). La petite fenêtre surélevée, montre un aspect plus intimiste des personnages, un monde à part (leur imagination ou pensées) dans lequel ils peuvent se recueillir, se prendre à rêver ou bien manigancer secrètement, que les gros plans vidéos finissent par mettre à jour. En fait les spectateurs sont conviés à un dîner mondain, où rien ne va se passer comme prévu voire tourner mal ou plutôt tourner autour d’intrigues amoureuses complexes et inextricables. Notons que suite au protocole de distanciation, la mise-en-scène a été réadaptée, les chanteurs ne pouvant plus aller au contact du public comme prévu initialement dans la salle ou sur l’estrade placée entre l’orchestre et le premier rang de fauteuils. De plus, en cette soirée du vendredi 23 octobre 2020, l’orchestre est allégé et réparti distancié sur toute l’étendue de la fosse afin d’éviter toute contamination (tout comme le public d’ailleurs). Notons que les chœurs ont été coupés et l’œuvre est quelque peu écourtée. 

          Comme lors des 2 précédentes séries de représentations, rien que la distribution méritait le déplacement. A commencer par la mezzo-soprano Cecelia HALL dans le rôle titre, certes un peu pâlichonne face à l’excellente Arquez et un brin trop féminine de timbre mais tout de même de belle tenue. Son Serse possède panache et virtuosité. Aisance et autorité de son « Io le diro ». Vibrante de désir dans « Più che penso ». Colère rageuse dans « Di tacere » et plus encore dans le très virtuose « Crude furie »... L’an passé, elle faisait partie de la distribution de Tamerlano donné dans ce même théâtre (voir le compte-rendu), souffrante, elle avait à peine pu chanter.

          Mais c’est Romilda qui a été la plus convaincante, alors qu’elle risquait gros face aux 2 précédentes interprètes du rôle: Elizabeth SUTPHEN dans la première série de représentations puis Louise ALDER, toutes deux excellentes. La voix fruitée, ronde et souple ainsi que les trilles divines de Kateryna KASPER font des merveilles dans ce rôle qui déchaîne à juste titre les passions parmi les autres personnages. Divin « Ne men con l’ombre » ou tragédienne dans le récitatif et air « L’amero ? Non fia vero...Di gelosia » ! 

          L’autre soprano de la distribution Elizabeth SUTPHEN mène vaillamment le show en Atalanta à grands éclats de voix. Trublion de la soirée, elle manipule et trompe allègrement son monde. Espiègle et irrésistible dans l’air de séduction « Un cenno leggiadretto » ou tenace et délicieusement insupportable dans « Dira che amor per me »

          Arsamene quant à lui, est incarné par le contre-ténor montant Eric JURENAS, certes un brin moins convaincant que son prédécesseur Lawrence ZAZZO, mais somme toute crédible et efficace. 

          Katharine MAGIERA soulève l’enthousiasme dans le rôle d’Amastre, riche de timbre chaleureux et sombre ainsi que de projection au point de parfois donner l’impression d’être Serse. Chacune de ses interventions, la plupart belliqueuses et vengeresses, devient un moment précieux.

          Enfin les deux baryton-basses Bozidar SMILJANIC et Thomas FAULKNER, respectivement Ariodate et Elviro, n’ont pas pâlis face aux qualités de leurs collègues, bien au contraire ! Deux petits rôles qu’ils font briller.

           L’orchestre manque forcément de consistance mais bénéficie heureusement du dynamisme et de l’inventivité d’un chef inspiré. Même diminué, et ce malgré lui (conditions sanitaires obligent) cette production de Serse aura démontré une fois de plus sa réussite. 

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