HANDEL Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, Montpellier 14.II.2020

MONTPELLIER: Handel Il Trionfo del Tempo e del Disinganno

Opéra Comédie, Friday February 14th; 20h

Oratorio en deux parties

Livret du Cardinal Benedetto Pamphili

Création en 1707 à Rome

Chanté en italien

Ensemble Les Accents 

direction musicale: Thibault Noally 

mise en scène: Ted Huffman 

décors et lumières: Andrew Liebermann 

costumes: Doey Luthi 

chorégraphie: Jannick Elkaer 

Dilyara Idrisova (Belleza) &Carole Garcia (Piacere)
Carole Garcia (Piacere) & Dilyara Idrisova (Belleza)
Sonja Runje, Disinganno

A beautiful and moving production, somewhat lacking drama served by an excellent cast and Thibault Noally conducting his orchestra Les Accents with sensitivity and energy.

          Un décor noir comme le charbon, un mobilier sobre et élégant qui se meut de droite à gauche tel le défilement du temps qui s'écoule inexorablement sans qu’il soit possible de le stopper. Les personnages s’affrontent, tentent de se convaincre les uns les autres, se consolent: une mise-en-scène qui suit fidèlement le livret du Cardinal Benedetto Pamphili. Seulement, ces actions finissent par tourner en boucle et surtout lasser sans jamais véritablement servir un drame plus consistant susceptible de tenir en haleine le public pendant plus de 2h. Ce spectacle n'aurait-il pas mérité une intrigue plus captivante dépassant ce livret quelque peu maigrelet et un oratorio qui n'était, par définition,  aucunement destiné à la scène. D'autres spectacles ont réussi ce pari comme le spectacle de Warlikowski de ce même oratorio ou encore le Messie de Klaus Guth, tous deux extrapolent un livret en manque de drame scénique. Il n’empêche que l’émotion est au rendez-vous surtout lorsque Il Piacere s’éteint lentement dans un Lascia ch’io pianga déchirant ou encore à la fin du spectacle lorsque la Bellezza s’étreint avec la Mort (?) et se console de toute une vie déjà arrivée à son terme. Signalons aussi quelques scènes d’une grande beauté esthétique telle la scène plongée dans une brume évanescente où les personnages se meuvent au ralenti, doux rêve que celui de pouvoir freiner le temps qui passe. 

          Côté distribution, le public a été gâté, à commencer par la soprano Dilyara Idrisova dans le rôle de La Bellezza qui a brillé par sa virtuosité mais aussi par sa sensibilité. Même si la voix accuse quelques duretés dans le médium, les aigus sont éblouissants et faciles. Carole Garcia, quant à elle, dans son habit d’or, donne à entendre un Piacere pulpeux et généreux. Quant au rôle du Disinganno, il a été confié à la mezzo-soprano Sonja Runje, qui surprend par sa voix claire et expressive, manquant parfois d’un brin de volume notamment dans les ensembles. Enfin, le seul homme de la distribution, le ténor James Way, absolument bluffant dans le rôle du Tempo, avec ce timbre plein de mordant et d'autorité, une maturité d’interprétation qui détonne avec son jeune physique ! 

           Au final, un beau spectacle plein d'émotion mais souffrant quelque peu de carences dramatiques, magistralement dirigé par l'excellent et très inspiré violoniste Thibault Noally à la tête de son dynamique orchestre Les Accents. Dommage que l'air "Come nembo" ait été coupé à la fin du spectacle, une coupure inévitable étant donné que le Piacere trépasse prématurément dans ce spectacle.