BROSCHI MEROPE VIENNA 21.X.2019

Riccardo BROSCHI: MEROPE

CONCERT PERFORMANCE, Theater an der Wien 21.X.2019 19h

Dramma per musica in tre atti. Libretto di Apostolo Zeno

First performance: Turin, Teatro Regio, 1732

Innsbrucker Festwochenorchester 

Dir.: Alessandro De Marchi 

A production from "Der Innsbrucker Festwochen der Alten Musik"

It seemed a bit risky to play this extremely long opera MEROPE by Broschi without staging, settings, or  baroque gesture in a concert version at the Theater an der Wien after the incredible performances from the Innsbruck festival. But conductor De Marchi at the head of a stellar cast took up easily the challenge and managed to take the audience back to the heart of the XVIIIth century Baroque Opera with David Hansen as an amazing Farinelli. 

Anna Bonitatibus (Merope)

David Hansen (Epitide)

Vivica Genaux (Trasimede)

Arianna Vendittelli (Argia)

          Après la recréation de l'opéra MEROPE du compositeur Broschi (le frère de Farinelli) cet été au festival d'Innsbruck, dans une fabuleuse mise-en-scène de Sigrid T’Hooft qui a eu le pouvoir de nous faire traverser le temps pour nous propulser directement au XVIII° siècle au coeur de l'opéra baroque tel qu'il se pratiquait à cette époque (le plus fidèlement possible tout du moins) afin de nous faire revivre la légende Farinelli lors de trois représentations exceptionnelles. L'opéra devait partir en tournée mais il s'est confronté à des refus de la part de théâtres trop frileux de mettre à l'affiche une œuvre inconnue à la durée wagnérienne, mais un seul a accepté le défi pour le moment: le Theater an der Wien. C'est donc privé de ses incroyables costumes, de sa gestuelle baroque si aboutie et de ses 3 ballets (réduisant ainsi le spectacle d'environ 40 minutes) que l'opéra s'est joué devant le public viennois, qui n'a pas fait salle comble comme à son habitude. Sans ces artifices, l’œuvre ne risquait-elle pas de lasser le public à l'écoute notamment d'interminables récitatifs ? 

          Il serait faux de dire le contraire, car les récitatifs sont toujours aussi longs et conduisent malheureusement à un certain ennui même dans le gosier d'interprètes baroques d'exception tels que David Hansen, Vivica Genaux, Anna Bonitatibus..., une distribution restée inchangée depuis Innsbruck alors qu'on aurait pu s'attendre au changement du ténor Carlo Allemano qui remplaçait Jeffrey Francis au pied levé. Toute la distribution n'appelle quasiment que des éloges et les mêmes qualités que lors de la représentation scénique d'Innsbruck (voir le compte-rendu d'Innsbruck) mais un cran encore au dessus ! A commencer par David Hansen qui semblait plus détendu vocalement, maîtrisant son rôle de bout en bout avec maestria, laissant de côté sa voix parfois engorgée et autres stridences désagréables. Seule une diction, scabreuse par moments, a eu tendance à persister mais sa performance vocale demeure spectaculaire et chacun de ses airs a suscité l'enthousiasme du public. Un vrai triomphe ! La grande tragédienne et grande diseuse qu'est Anna Bonitatibus a une fois de plus illuminé son personnage d'une expressivité italienne toute d'émotion et d'un caractère bien trempé. Grâce à son talent, les récitatifs deviennent plus passionnants encore que ses airs ! La clarté du texte et son expressivité font de sa performance du grand art ! Son "Barbaro traditore" d'une force contagieuse restera longtemps dans les mémoires. Vivica Genaux, quant à elle, n'a pas la chance de véritablement briller, ses airs ne font partie des plus séduisants mais dans son gosier, ces airs même "banals" gagnent en qualité et gomment un Broschi en manque d'inspiration, créant un écueil qualitatif entre le soin apporté aux airs écrits pour Farinelli et ceux de ses partenaires. Et que dire de la soprano italienne Arianna Venditelli qui chante l'entièreté de son rôle avec une facilité et une aisance déconcertantes ! Elle suscite toute notre admiration, tout comme le contre-ténor italien Filippo Mineccia qui a conservé la gestuelle baroque du spectacle scénique d'Innsbruck pour appuyer son propos. Le troisième contre-ténor de la soirée Hagen Matzeit confirme qu'il est un très bon second rôle avec un seul air. Reste le ténor italien Carlo Allemano, dont le rôle avait été partiellement tronqué suite à son arrivée de dernière minute à Innsbruck, bizarrement, ici en version de concert, il nous a donné l'impression d'un rôle encore plus court ! Sa voix sied idéalement à ce rôle de roi âgé, obtus et autoritaire. Seule la diction a fait parfois défaut. 

Le point fort de cette Merope revient certainement au chef De Marchi, certes avec une direction alerte et sensible, mais surtout pour avoir réuni une distribution qui dépasse les espérances. Il serait difficile de trouver mieux, tant les artistes semblaient, en cette soirée de concert, incarner leur rôle respectif à la perfection. Bravo à eux !