Handel SERSE Karlsruhe 23.II.2020

KARLSRUHE: Handel SERSE

Handel Festival, Badischesstaatstheater, Sunday February 23rd, 15h

Dramma per musica in drei Akten von Georg Friedrich Händel

Libretto möglicherweise vom Komponisten 

Nach Niccolò Minato und Silvio Stampiglia

43. INTERNATIONALE HÄNDEL-FESTSPIELE KARLSRUHE 2020

In italienischer Sprache mit deutschen & englischen Übertiteln

Dauer: ca. 4h 00, 2 Pausen

WIEDERAUFNAHME

DEUTSCHE HÄNDEL-SOLISTEN 

Musikalische Leitung: George Petrou 

Regie: Max Emanuel Cencic 

Bühne: Rifail Ajdarpasic 

Kostüme: Sarah Rolke , Wicke Naujoks 

Licht: Stefan Woinke 

Choreografie: David Laera 

Chorleitung: Marius Zachmann 

Dramaturgie: Boris Kehrmann 

David Hansen (Serse)
Max Emanuel Cencic (Arsamene)
Katherine Manley (Atalanta), Lauren Snouffer (Romilda)
David Hansen (Serse), Max Emanuel Cencic (Arsamene)

One of the very best Handel productions ever ! Full of humour and intensity. A true baroque feast with an amazing cast (Hansen Cencic and Snouffer are excellent) and a thrilling conductor and orchestra. 

            Rarement un opéra de Haendel aura été plus divertissant, passionnant, truculent, désopilant, décalé et osé. Les personnages, hauts en couleur détonnent, et s'imposent un à un comme des figures fortes : une vedette du show business des années 80 à l'égo surdimensionné Serse, un Elviro déguisé en prostituée et vendeur de drogue, une adolescente retardée avide de prétendant Atalanta, une assistante aimée puis éconduite et enfin vengeresse déguisée en homme Amastre, ou encore une Romilda pin-up. Le show commence avec les acclamations d'un public venu assister à la performance de leur chanteur fétiche Serse. Ce dernier se fait attendre, il se prépare en coulisses et en profite pour forniquer au passage l'assistante. Passé ce moment coquin comique, des danseuses sexies et chauffeuses de salle aux perruques démesurées entrent en scène, pour laisser place enfin au très attendu Serse. A cet instant, le public en prend plein les yeux: une scène étoilée couronnée d'un immense clavier de piano en arc de cercle. Serse entonne le fameux Largo « Ombra mai fu » au piano, la magie opère et donne même le frisson ! S'ensuivent des gags et des situations burlesques (scène de la piscine, du snack et boutique, de la chambre, du sex-shop, du bar gay...) dans un rythme effréné et sans jamais faiblir. Les costumes années 70s / 80s sont spectaculaires: strass et paillettes, slips ringards, bagouses en tout genre, sans parler des perruques à rouflaquettes et autres bananes. Une vraie réussite, car tout fonctionne et tient en haleine un public qui rit de bon cœur comme lorsque Serse se rembourre le caleçon à l'aide de ses chaussettes, ou lorsque Romilda et Arsamene se disputent au point de se menacer d'une arme à feu, une scène qui se terminera en course-poursuite au travers de la salle et de l'auditoire ! 

          Musicalement aussi nous sommes comblés par un orchestre survolté dirigé avec intelligence et un incomparable sens du théâtre par le chef et spécialiste baroque George Petrou. Il semble que cette contagion de la réussite touche également les solistes vocaux à commencer par David Hansen, qui joue à merveille la star impétueuse avec tous ses stéréotypes (sexe et drogue). Avec une bluffante virtuosité "Crude furie" ou "Se bramate", un "Piu che penso" d'un tourment doux amer, des da capo et cadences audacieux et inventifs "Se bramate", charmeur et enjôleur "Il core spera e teme", etc... Quelques bémols à noter cependant comme quelques notes graves peu audibles ou même laides ou bien l'émission désagréable de sons sifflants et un texte pas toujours très clair. Des détails parmi ses nombreuses qualités. L'an dernier le rôle avait été magistralement tenu par Franco Fagioli, brillant acteur et interprète. Mais Hansen n'a rien à lui envier car, à sa manière, il fait lui aussi le show, et impose un Serse fort passionnant.

          Son frère et rival Arsamene, l'autre contre-ténor de la distribution, brillamment incarné par Max Emanuel Cencic, également metteur-en-scène de ce spectacle, est tout bonnement formidable. Son investissement scénique et vocal est phénoménal, son volume surprend et l'intensité de son chant donne le frisson comme dans l'air "Amor tiranno" pour ne citer que celui-ci !  On en redemande !

          Sa compagne, convoitée par Serse, Romilda interprétée par la soprano américaine Helen Snouffer donne à entendre la plus divine des Romilda qu'il soit ! Le fruité de son timbre, la facilité et la beauté de ses notes aiguës sont renversants. Pour sûr, on tient là l'une des toutes meilleures sopranos baroques actuelles ! 

          Le petit rôle d'Elviro est magnifié dans cette mise-en-scène, tantôt rock star, tantôt prostituée revendeur de drogue, un personnage qui détonne et fait à lui seul un show que le public n'est pas prêt d'oublier. Yang Xu est irrésistible dans le rôle. 

          Le père de Romilda et chef des armées convainc lui aussi facilement dans ce rôle restreint. Pavel Kudinov, l'un des rares chanteurs capable de chanter aussi bien du Verdi ou du Wagner que des airs baroques ! 

          Reste le cas de Katherine Manley dans le rôle d'Atalanta, un personngae ridicule, jaloux poussé à l'extrême qui oscille entre adolescente retardée avec son énorme sucette et vieille fille en rut, on frôle ici l'opéra bouffe et le ridicule. Vocalement, la soprano ne convainc que partiellement, on aurait pu s'attendre à des airs bien plus brillants dans ce rôle notamment l'air « Un cenno leggiadretto » certes drôle mais un brin fade à la fin du 1er acte.

           Le point noir de cette distribution reste le cas de la mezzo-soprano Ariana Lucas dans le rôle d'Amastre, et son manque d'assurance, de rythme et surtout de volume. Face à des partenaires d'exception, elle fait pâle figure.

          Une standing ovation et des applaudissements compulsifs mérités au final pour l'un des meilleurs spectacles auquel il ait été donné d'assister. Tout le mérite en revient au très talentueux et brillant Max Emanuel Cencic. Après cette quatrième mise-en-scène, il confirme un talent certain pour cet art en plus d'être un excellent contre-ténor. Cet artiste protéiforme vient d'annoncer son premier festival baroque à Bayreuth en septembre prochain ! Amoureux baroques, courrez !

David Hansen (Serse)
Max Emanuel Cencic (Arsamene)