Delphine GALOU, Innsbruck 22.VIII.2020

INNSBRUCK: Recital Delphine GALOU, alto 

"Vivaldi d’amore", Concerti, cantatas & Arias 

Accademia Bizantina

Dir. & harpsichord Ottavio Dantone 

Wednesday 22.VIII.2020 8pm, Tiroler Landestheater, Großes Haus

Antonio VIVALDI:

We know how much Vivaldi loved women's voices. He would have certainly cherished Delphine Galou's one, if he had known her. Her many recordings dedicated to the composer  have been highly praised.

          Depuis quelques années l’Accademia Bizantina et son chef Ottavio Dantone s’attachent à servir, magnifier et faire (re)découvrir la musique de Vivaldi, en témoigne leurs nombreuses réussites discographiques consacrées au Prete Rosso (Tito Manlio, L'Incoronazione di Dario, Il Giustino, récitals vocaux et orchestraux et sorties imminentes des opéras Tamerlano et Argippo). C’est donc tout naturellement que le récital de cette soirée au Tiroler Landestheater d’Innsbruck nous offrait un pastiche Vivaldi avec des œuvres sacrées, des airs d’opéra, une cantate le tout entrecoupé de moments instrumentaux

          D’emblée on est frappé par l’accord parfait des musiciens, les attaques impeccables, les respirations communes, le son unique de l'Accademia Bizantina sous la baguette de leur chef italien Ottavio Dantone à la déconcertante décontraction, faisant montre d'une maîtrise parfaite des partitions avec ses gestes précis et souples. Un professionnalisme au service d’une musique qui en ressort plus munificente encore. Alors rien de mieux pour introduire ce « pastiche » que de commencer par une sinfonia, c’est à dire une ouverture d’opéra, celle de Tito Manlio avec notamment son andante d’une ineffable suavité. C’est dans ce même état d’esprit que s’inscrivent les 2 Introduzione (aux Miserere RV 641 et 638), interprétés par la voix veloutée et expressive de la contralto Delphine Galou qui semble apporter un soin particulier au texte. Le lancinant et envoûtant accompagnement du RV 641 finit par nous faire succomber à cette musique dont à tendance à oublier combien elle peut être sublime lorsqu’elle est magnifiquement servie comme ici. En contraste à ce programme intimiste, 3 airs belliqueux  tous tirés de l'oratorio militaire sacré Juditha Triumphans viennent animer la soirée en mettant en exergue l’une des précieuses qualités de Delphine Galou, à savoir cette « colère digne » à l’image des chanteuses de flamenco qui inspirent respect et admiration. On ne sait alors plus quoi apprécier le plus: les moments éthérés ou ceux très enlevés à l’image de la cantate « Cessate omai cessate » qui fait merveilleusement alterner ces deux pans opposés du récital et qui culmine dans un da capo endiablé de l'air "Nell' orrido albergo ricetto di pene". Mais le récital pousse plus loin encore avec le très surprenant air de Giustino "Sull'altar di questo nume" qui fait se succéder une série d’éclats complètement fous et qui font ressortir le meilleur de la voix incomparable de Delphine Galou. 

          L’autre point fort de cette interprète est d’offrir des da capo et cadences de grande qualité artistiques: "improvisations" du meilleur goût, fioritures audacieuses et d’une virtuosité qui la poussent à se dépasser et ainsi toucher à une forme d’exploit vocal comme dans le premier bis « Armateur face » qui a provoqué les émois de la salle. 

Pour finir, les interprètes nous offrent un petit bijou, l’un des plus beaux airs de toute la période baroque: le sublimissime « Sovente il sole » à la partie de violon tellement bouleversante, qu'Alessandro Tampieri a su sublimer. 

pictures © Michael Venier