2024 Comptes rendus

FEVRIER 2024

➡️ KARLSRUHE Festival Haendel II & III.2024  

Julia Wischniewski soprano Mélodie Ruvio alto Bastien Rimondi ténor Matthieu Walendzik basse

➡️ LUXEMBOURG     08.II.2024   Joyaux sacrés de Mozart et Haydn : une flamboyante interprétation sous la houlette du chef William Christie. 

                    Couplage fort intéressant que celui imaginé par les forces combinées du choeur des Arts Florissant et du Luxembourg Philharmonic : les Vêpres solennelles d’un Confesseur de Wolfgang Amadeus Mozart et Les sept paroles du Christ sur la Croix de Joseph Haydn. Deux œuvres sacrées, écrites presque simultanément. La première flamboyante à la gloire du Seigneur. La seconde, douloureuse, nous fait vivre les derniers instants de vie du Christ. Deux œuvres complémentaires mises en miroir ou en tension pour mieux souligner les différences et accointances stylistiques. 

          En abordant ces œuvres de la période classique, sensiblement proches du baroque, le Luxembourg Philharmonic sort de sa zone de comfort et réalise une interprétation raffinée, spectaculaire et émouvante à la fois sous l’égide du chef William Christie, spécialiste de musique baroque. Une combinaison gagnante, magnifiée par les interventions magistrales du chœur des Arts Florissants. A la puissance jubilatoire du troisième mouvement des Vêpres de Mozart s’oppose la fragilité et la douleur insufflée dans cette passion du Christ et qui ont saisi les spectateurs de la Philharmonie de Luxembourg.

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JANVIER 2024

➡️ NAMUR     18.I.2024   Lore Binon, folies italiennes

          L’ensemble Lingua Franca proposait un florilège de pièces lyriques et instrumentales baroques au Grand Manège de Namur en ce jeudi 18 janvier 2024. Il mettait à l’honneur des compositeurs italiens tels que Vivaldi, Scarlatti, Caldara, Handel, Sammartini ou encore Corelli. Handel n’était pas italien bien entendu mais son passage en Italie et ce qu’il y a composé a été déterminant pour le restant de sa carrière. 

           Contrairement à son titre: ‘Folies italiennes’, le programme ne s'est pas révélé si ‘fou’ que ça (on aurait pu s’attendre à des pieces ou des personnages empreints de démence telle la cantate de Haendel ‘Delirio amoroso’…). Comme le flûtiste et hautboïste Benoît Laurent l’expliquait au public namurois, le programme met plutôt en exergue le style baroque italien et ses changements de rythmes, ses irrégularités, ses passages inattendus. La sonate pour clavecin de Domenico Scarlatti en a été le parfait exemple avec son style ibérique qui relève presque du flamenco : on pouvait entendre les castagnettes dans le jeu fascinant de virtuosité du claveciniste Koneel Bernolet.

          Quatre musiciens accompagnaient la divine soprano Lore Binon et chacun d’eux a pu se distinguer et démontrer son talent : le violoniste Jacek Kurzydlo a su enflammer la Folia de Corelli. Tube baroque absolu, lui et ses complices ont su faire swinguer ses contrastes ainsi que ses rythmes infernaux. Benoît Laurent, quant à lui, a marqué la soirée par chacune de ses interventions. Sa virtuose aisance au hautbois comme à la flûte a bluffé le public, notamment dans la pièce introductive à ce concert : la sonate en la mineur de Giuseppe Sammartini qui nous a fait passer par toutes les émotions : douceur, tendresse, liesse… Quant à Mathilde Wolfs, violoncelliste émérite, son jeu de variations dans l’air de Caldara ‘Pompe inutili’ nous a particulièrement touché. D’ailleurs cet air tiré de l’oratorio ‘Maddalena ai piedi di Cristo’ aura certainement été le highlight de la soirée. Véritable prière, la voix délicate et suave de Lore Binon nous a presque tiré les larmes. D’une manière générale, sa voix uniforme et claire, son timbre charmeur, la clarté du texte et son expressivité ont eu raison des diverses pièces ’amoureuses’ du programme : les élans enflammés et désespérés d’Ergasto dans la très rare cantate de Haendel ‘Languia di bocca lusinghiera’ ou bien les deux airs de Daphné qui tente de résister aux avances lascives du Dieu Apollon. 

Pour clore ce programme du baroque tardif, l’ensemble Lingua Franca a remercié le public de son enthousiasme en lui offrant le divin ‘Domine Deus’ tiré du Gloria de Vivaldi dans une version inédite : une partie de violon en supplément afin que tous soient réunis pour cette dernière pièce. Du pur bonheur.

                                         Ruggero Meli

Lore Binon, soprano

Ensemble Lingua Franca

➡️ PARIS GARNIER        25.I.2024     Un Cesare de bonne facture mais sans passion.

                   Reprise du spectacle de Laurent Pelly au Palais Garnier en ce début d'année. L'opéra Giulio Cesare de Georg Friedrich Haendel, dans lequel le contre-ténor Lawrence Zazzo et la soprano Nathalie Dessay, dans les rôles principaux, s’étaient distingués en 2011. Un spectacle qu'il est d'ailleurs possible de retrouver sur dvd. 

          L’opéra prend place dans les réserves d’un musée, dans lequel, statues et œuvres prennent soudain vie. Un procédé simple mais qui va permettre au spectateur d'être propulsé, d'un seul coup, en l'an 40 avant Jésus Christ et de revivre la fascinante aventure de Cléopâtre et Jules César, affublés de leurs costumes d'époque : toges, armures, boucliers, etc... Les techniciens et ouvriers du musée vont et viennent sur scène en déplaçant statues, toiles de maîtres et autres œuvres d'art. Ils n’ont pas conscience du drame qui se déroule à leur insu et vice versa. On apprécie alors les touches d’humour qui ponctuent tout le spectacle: les statues qui chantent, Cleopatra qui bloque un chariot que les ouvriers ne parviennent plus à pousser sans en comprendre la raison, les traces de doigts ou de mains qui apparaissent soudainement sur des vitrines à peine finies d'être nettoyées ce qui agace des ouvriers perplexes, Cleopatra poussée sur un diable, etc… On s’en amuse et l’on en rit de bon cœur. Le décor impressionne par sa monumentalité (la gigantesque statue couchée de Toutânkhamon sur laquelle Cleopatra fait une entrée magistrale) et le passage à des décors et costumes type XVIIIe siècle au deuxième acte plaît. Certes, la mise en scène imaginée par Laurent Pelly fonctionne plutôt bien, mais passée la moitié de l'opéra, l’ennui nous gagne, lassés de la redondance d’un spectacle qui a du mal à se relancer, à offrir de nouvelles idées et surtout qui manque cruellement de drame théâtral.

          Côté distribution, ...