VERSAILLES : Haendel Solomon 18.I.2025

Solomon à Versailles : grandiose !

Château de Versailles, Chapelle Royale le samedi 18.I.2025 à 20h, un entracte après la seconde partie. 

Georg Friedrich Haendel (1685 - 1759) : Solomon, oratorio en trois actes. Texte attribué à Thomas Morell, ou au compositeur, aidé de Newburgh Hamilton, d’après l’Ancien testament  créé le 17 mars 1749 à Londres (Covent Garden). 

Distribution lors de la création : 

Solomon : Caterina Galli, contralto 

Solomon's Queen : Giulia Frasi, soprano  

Nicaule, Queen of Sheba  : Giulia Frasi, soprano  

First harlot : Giulia Frasi, soprano  

Second harlot : Sibilla Gronamann (Mrs Pinto),   mezzo-soprano  

Zadok, the High Priest : Thomas Lowe, ténor 

A Levite : Henry Theodore Reinhold, basse  


Gabrieli Consort & Players. 

direction musicale Paul McCREESH

      Accoutumés à cette œuvre, le maestro Paul McCreesh et son ensemble Gabrieli Consort and Players reviennent à Versailles pour une nouvelle interprétation. Ils avaient déjà présenté l'ouvrage en 2012 dans ce même lieu. D'ailleurs, une captation vidéo, par les soins de la chaîne Mezzo, avait été réalisée. Œuvre magistrale par ses chœurs monumentaux, l'auditeur se laisse séduire par ses trois parties distinctes qui mêlent poésie pastorale, drame et infanticide, ainsi que des atmosphères musicales variées dans le but d'éblouir la Reine de Saba. Une œuvre qui réussit particulièrement à ces interprètes. En effet, leur enregistrement fut un choc discographique lors de sa sortie en 1998 et reste la référence. Cette gravure fait certainement partie du top 10 de la discothèque haendélienne idéale. 

          En ce samedi 18 janvier 2025, au coeur de la superbe Chapelle Royale de Versailles, Paul McCreesh n’a rien perdu de sa fougue, bien au contraire. Il sait impulser dynamisme et ferveur à ses troupes. Les parties chorales étaient particulièrement incisives notamment celle belliqueuse à souhait ‘Now a diff'rent measure try’. Bien entendu nous guettions le phénoménal ‘Praise the Lord’ qui a tenu toutes ses promesses : il nous a conduit au frisson. Un chœur si grandiose (rehaussé de trompettes et de cors), que les chefs sont souvent tentés de le déplacer à la toute fin de l'oeuvre en guise d'apothéose. Le chef britanique n'a pas cédé à cette tentation. 

          Côté solistes, nous avons été particulièrement gâtés, d’autant que chaque rôle a été investi par une voix différente (souvent l’une ou l’autre de ces dames prend en charge deux rôles). Passé le Solomon altier et solide de Tim Mead, il est vrai très efficace et crédible dans le rôle mais dont le timbre geignard peut insupporter, le reste de la distribution nous a convaincu, voire enthousiasmé. A commencer par la divine Hilary Cronin dans le rôle déchirant de la première prostituée qui nous a particulièrement ému dans son air ‘Can I see my infant gor’d’ et totalement séduit dans son air pastoral au charme irrésistible ‘Beneath the vine’. On l'aurait aimée en Reine de Saba. Sa rivale, la seconde prostituée, incarnée par Frances Gregory, qui ne bénéficie que d’un seul air, d'un trio et de quelques récitatifs, s’est révélée une bien fieffée menteuse, au point qu’on pouvait presque croire en sa bonne foi, notamment dans le trio mais aussi dans son air lapidaire ‘Thy sentence great king’. Dans le rôle de Zadok, nous retrouvions l’excellent ténor James Way. Avec sa voix particulièrement bien timbrée de baryténor et son insolente projection, il s’est acquitté de ses trois airs avec panache et brio. Des commentaires qui s’appliquent également à la brillante basse Morgan  Pearse, dont chaque intervention a été magistrale. Quant à la soprano Rowan Pierce, divine en Reine au premier acte (la mère de Solomon), elle nous a tout de même semblé un brin trop jeune pour ce rôle. Enfin, nous retrouvions avec plaisir la soprano Anna Dennis (déjà entendue dans cette œuvre en 2018 à Glasgow ainsi qu'à Edinbourgh) dans le rôle de la Reine de Saba, même s'il faut l'avouer, l'interprète a perdu un peu de sa superbe vocale (enrouée dans l'air 'Will the sun'). Pourtant difficile de résister à son charme et son élégance vocales tout en se délectant d'un texte à la grande clarté expressive, mais sans trop en faire. 

                                             Ruggero Meli

L'ensemble Gabrieli Consort & Players dirigé par le chef Paul McCreesh
Hilary Cronin, soprano
James Way, ténor
Morgan Pearse, basse