Simone KERMES in BAYREUTH 4.IX.2021

Recital Simone KERMES & the Ensemble Amici Veneziani

Bayreuth Baroque Festival 4.IX.2021, Markgräfliches Opernhaus

Canzonetta d’amore

Claudio Monteverdi (1567–1643) Lamento della ninfa 

Tarquinio Merula (1595–1665) El me tira nott’e di Folle è ben che si crede 

Giovanni Battista Buonamente (um 1595–1642) Sonata „Ballo del Gran Duca“ 

Henry Purcell (um 1659–1695) Music for a While (Oedipus Z. 583)

Come Ye Sons of Art (Ode for Queen Mary’s Birthday) Z. 323 

Strike the Viol, Touch the Lute 

Traditional (um 1684) The Duke of Norfolk 

Giovanni Battista Pergolesi (1710–1736) Tu me da me dividi ( L’Olimpiade)

Antonio Vivaldi (1678–1741) Dite, ohimè (La fida ninfa)

Agitata da due venti (Griselda)

***

Georg Friedrich Händel (1685–1759) Piangerò, la sorte mia (Giulio Cesare) 

Antonio Vivaldi Sonata op. 1 No. 12 “La Follia” 

Antonio Caldara (1670–1736) Pompe inutili che il fasto animate (Maddalena ai piedi di Cristo)

John Eccles (um 1668–1735) Ground. Aire V (The Mad Lover)

Restless in Thought (She Ventures, and He Wins)

John Dowland (1563–1626) Now, o Now I Needs Must Part 

Riccardo Broschi (1698–1756) Qual guerriero in campo armato (Idaspe)


The concert will be broadcast live on BR Klassik radio and on ARD alpha television. Arte Concert will broadcast the concert on 07 September 2021.





What happened to Simone Kermes? After a disappointing and worrying first part, the soprano found the necessary resources to save the evening by delivereing an amazing second part. 

Qu’est-il donc arrivé à Simone Kermes ?

          Pour l’avoir souvent vue en concert, nous savons combien chaque apparition de la soprano Simone Kermes est perçue comme un événement musical majeur et déchaîne passions et polémiques. Tantôt adulée, tantôt décriée, elle a su, au fil des années, créer un style et un talent unique qui lui confèrent une place tout à fait spéciale dans le monde de la musique baroque. C’est dire combien sa venue au festival baroque de Bayreuth était attendue. 

          Pourtant les choses ont mal démarrées, nous reconnaissons à peine sa voix: sons ingrats, voix éteinte, problèmes de justesse. Pour ne rien arranger, le programme ne permet pas vraiment de faire émerger ses qualités expressives, au point de la rendre peu intéressante. Les airs s’enchaînent, et rien ne se passe, pire encore l’ennui s’installe. Que se passe t-il ? Nous ne reconnaissons plus l’artiste, sa combativité et surtout sa voix. Un « Lamento della Ninfa » désagréable, dépourvu de musicalité et 2 airs de Merula sans âme. Un « Agitata da due venti » marqué par l’alternance de 2 voix mal coordonnées et peu harmonieuses. Des airs de Purcell « Strike the viol » et « Music for a while » tièdes et mitigés. Enfin l’air « Tu me da me dividi » sans soutien orchestral, d’habitude tellement plus tonique. 

Les applaudissements sont polis et l’on craint déjà la seconde partie.

           Ajoutons à cela que d’autres paramètres n’arrangent rien à l’affaire: la distance, car en plus de la fosse béante, les artistes sont placés tout à fait en fond de scène (certainement pour répondre aux exigences de la captation télévisée et radiophonique), alors que le propre de l’artiste réside dans le proche contact avec le public, surtout pour une artiste comme Simone Kermes, alors certes un micro permet à la chanteuse d’expliquer son programme au fil du concert, mais l’exercice ne suffit pas à briser la glace désormais installée. Le nombre de musiciens n’arrange rien, trop peu (6 au total) et un son ténu en recherche d’énergie. On se met alors à admirer le décor absolument somptueux de l’opéra Carlo il Calvo en arrière-plan, la série de portraits et les couleurs pastel, les portes qui laissent entrevoir des ombres, etc.


          Alléluia ! C’est une Simone Kermes métamorphosée qui officie dans la seconde partie, avec un programme qui favorise le sursaut d’énergie tant espéré et auquel on ne croyait plus. La voix est revenue, la justesse aussi, la présence, l’implication, l’authenticité, la fougue. On se remet à respirer normalement et on commence même à vibrer. Après un « Piangero » plutôt réussi, l’interprète, plus en confiance, retrouve la sérénité nécessaire pour donner enfin vie à un air sublime de Caldara tiré de l’oratorio Maddalena ai piedi do Cristo « Pompe inutili » accompagné d’un violoncelle inspiré et au son enjôleur. On décolle enfin de son siège et on se met à croire au miracle jusqu’à arriver crescendo au feu d’artifice final « Qual guerriero » de Broschi dans lequel l’artiste se déchaîne et déchaîne le public avec ses notes suraiguës de toute beauté et uniques, ses effets de surprises, son aplomb et sa fougue si communicatifs. 

Les bis offerts finissent de conquérir la salle avec notamment un sensationnel et éclatant « Son qual nave », puis un air populaire allemand dédié à la liberté, auquel le public est invité à chanter en sa compagnie « Wo Sind die Blumen », très inspiré, très émouvant.

La soprano termine sa série de bis par son compositeur fétiche: Haendel et son fameux « Lascia ch’io pianga ». Les inquiétudes sont balayées, l’idée d’avoir assisté à un bon concert retrouvé, Simone a sauvé la soirée !