Vivaldi ARGIPPO, Bad Kissingen Summer Festival 30.VI.2022

Antonio Vivaldi: »Argippo« RV 697 (concert performance) (Version of 1730, first performance) 

KISSINGER SOMMER FESTIVAL: Thursday, 30.VI.2022 - 7:30pm Kurtheater 


Argippo: Emöke Barath, soprano

Osira: Marie Lys, soprano 

Silvero: Shaked Bar, mezzo soprano 

Zanaida: Marina de Liso, mezzo soprano 

Tisifaro: Riccardo Novaro, bass-baritone 

Europa Galante 

Fabio Biondi, conductor and violin

Argippo: Emöke Barath, soprano

Osira: Marie Lys, soprano


           A rare opportunity to listen to one of the best pasticcios by Antonio Vivaldi (despite a libretto lacking drama) was given in a concert performance at the Kissinger Sommer Festival this month

Thanks to an outstanding cast and to an energetic ensemble and conductor, the performance could bring emotion, virtuosity and pleasure to the audience. 

           L’un des derniers événements de l’édition discographique Vivaldi, a été la sortie il y a quelques temps de l'opéra pastiche Argippo, sous la direction de l’un des meilleurs défenseurs de cette musique Fabio Biondi et son ensemble Europa Galante. Grande réussite au disque, et une musique exaltante !

           Après une petite tournée, notamment remarquée à Séville (les amateurs ne manqueront pas de se procurer la vidéo qui n’est restée malheureusement qu’un seul jour en ligne), voilà que le festival d'été de Bad Kissingen a eu la bonne idée de le mettre à son programme. BAROQUENEWS ne pouvait manquer l'événement. 

          Bonne surprise, contrairement à la version écourtée donnée à Brême fin août dernier, l’opéra est joué ici dans son intégralité. La distribution réunie pour l'occasion diffère du disque ainsi que de celle de Brême. Dans les deux cas on aurait aimé retrouver une Delphine Galou si combattive au disque : sa performance y est absolument remarquable, elle offre notamment une interprétation sensationnelle de l’air « Tu sei reo ». Un air à écouter absolument et à classer dans le top 10 des plus incroyables airs baroques ! Pourtant Marina De Liso, au concert, a su faire preuve de cette même fierté toute courroucée qui est l’essence même de ce rôle, avec un timbre plus sombre mais des vocalises moins impeccables et moins spectaculaires. Quoi qu’il en soit, c’est un réel plaisir de retrouver Marina De Liso, que l’on n’a pas si souvent l´occasion d´entendre. On se souvient encore avec émotion, l´avoir découverte il y a une vingtaine d’années dans l’opéra Tamerlano de Haendel à Lille dans une mise-en-scène très sombre mais fort réussie. 

          Son géniteur trouve en la voix du baryton-basse Riccardo Novaro un interprète solide et plein de panache. Son engagement fascine tout autant que que sa voix souple et bien timbrée. Certes, l'interprète ne possède pas les couleurs sombres et profondes de Luigi De Donato mais ses notes aigues sont plus brillantes et il est loin de démériter face à son compatriote. 

          Au disque, il est difficile de différencier les voix de Marie Lys et d’Emöke Barath, d’autant que cette dernière chante un rôle masculin, ce qui tend à brouiller encore la compréhension d'un livret déjà pas simple. Ce n’est pas du tout le cas en live. Les deux sopranos possèdent certes des personnalités affirmées mais tellement différentes. Saluons les interventions échevelées d’Emoke Barath qui doit faire face à des airs d’une grande difficulté technique. Et l'on reste bluffé par tant d'aplomb et des capacités techniques qui semblent décuplées par rapport à son récital plutôt tiède à Halle récemment. Dotée d'une virtuosité déjà impressionnante, elle se surpasse dans les da capo.

          La délicieuse Marie Lys, que BAROQUENEWS suit régulièrement avec bonheur, nous comble une fois de plus et fait un parcours remarquable avec cette voix longue et facile qui nous séduit jusqu’aux bout de ses notes suraiguës et brillantes. Pourtant, c’est dans les airs lents qu’elle touche le plus, jusqu’aux larmes parfois, notamment dans l’air « Vado a morir per te », d’une déchirante simplicité. 

          Enfin, le rôle de Silvero, la cause de tout le drame de l’opéra (Silvero a séduit Zanaida en se faisant passer pour Argippo, et tous veulent se venger) trouve en son interprète la mezzo-soprano Shaked Bar des qualités vocales et un engagement tout à fait louables. 

           Tous étaient soutenus par les excellents et fougueux membres de l'ensemble Europa Galante, sous la direction de Fabio Biondi qui n’a rien perdu de sa virtuosité au violon. 

           Un opéra en version de concert qui aura au final, réussi à faire vibrer, enthousiasmer et donner de l'émotion au public chanceux du festival d'été de Bad Kissingen. N'est-ce pas là l'essentiel ?

Tisifaro: Riccardo Novaro, bass-baritone 

Zanaida: Marina de Liso, mezzo soprano 

Silvero: Shaked Bar, mezzo soprano