Festival Haendel de Karlsruhe II & III.2024

Gala Haendel 

HÄNDEL-GALA
Badischestheater Karlsruhe samedi 17.II.2023 19h30 GROSSES HAUS


Julia Kirchner, soprano (remplace Elisabeth Breuer) 

Danae Kontora, soprano

Dorothea Spilger, mezzo-soprano 

Youn-Seong Shim, ténor (remplace Rodriguez

Raimund Nolte, baryton-basse 

LA STAGIONE FRANKFURT 

Direction : Michael Schneider 

Programme :

1. Reinhard Keiser – Das Vorbild
Ausschnitte aus Händels Almira HWV 1 (Hamburg 1705) und Keisers Almira (Hamburg 1704)

Georg Friedrich Händel (1685–1759)
Ouvertüre G-Moll
Arie „Almire regiere“

Reinhard Keiser (1674–1739)
Arie „Schönste Rosen und Narzissen“
Arie „So ben che regnante“

Georg Friedrich Händel
Arie „Schönste Rosen und Narzissen“
Arie „Proverai di che fiere saette”
Chaconne / Sarabande
Arie „Mi da speranza al core”
Arie „Liebliche Wälder, schattige Felder“

Reinhard Keiser
Arie „Leset ihr funkelnden Augen, mit Fleiss“
Arie „Liebliche Wälder, schattige Felder“
Concerto D-Dur für Violine, 2 Oboen,
Streicher und Basso continuo Allegro – Grave – Vivace
Arie „Geloso tormento“

Georg Friedrich Händel
Arie „Geloso tormento“
Duett „Ich will gar von nichtes wissen“

Reinhard Keiser / Georg Friedrich Händel
Arie „Svenerò“ / „Ob dein Mund wie Plutos Rachen“
Coro „Wir hoffen, der Himmel“

2. Johann Mattheson – Der streitbare Freund

Johann Mattheson (1681–1764)
aus der Oper Der edelmütige Porsenna (1702)
Arie „Es mag rasen es mag toben“
aus Suite X e-Moll: Sarabande
Arie „Amor steh mir bei”

Georg Friedrich Händel
aus der Oper Radamisto HWV 12
Arie „Dolce bene“

Johann Mattheson
aus der Oper Cleopatra“ (1704)
Terzett „Augen, weint”

Accompagnato und Arie „Mein Leid ist unaussprechlich groß/ Itzt will ich bei dir sein“
Arie „Ruhe sanft“
Coro „So wird nach den Tränengüssen“

3. Auf der Intendanten-Ebene – Georg Philipp Telemann

Georg Philipp Telemann (1681–1767)
Arie „Falsa imagine“ aus Händels Ottone HWV 15
(Musik für die Aufführung der Händel-Oper in Hamburg 1728)

Georg Friedrich Händel
Arie „Falsa imagine“ aus der Oper Ottone HWV 15 Elisabeth Breuer
Ouvertüre zum Oratorium Hercules HWV 60

Georg Philipp Telemann
Arie „Quillt ihr überhäuften Zähren“
aus Händels Oper Almira HWV 1
(Musik für die Aufführung der Händel-Oper in Hamburg 1732)

aus der Oper Ottone HWV 15 (Musik für die Aufführung von
Händels Oper in Hamburg 1728)
Arie „Lasica che nel suo viso”
Rezitativ und Arie „Non sarà poco“

Arie „D’innanzarli i fluttti“

Georg Friedrich Händel
Coro „Faccia ritorno” aus der Oper Ottone

Grise mine pour ce concert d’ouverture du Festival Haendel de Karlsruhe

          Avec un programme fort intéressant mettant en exergue les débuts du jeune Haendel en miroir avec ses contemporains tels que Keiser, Matthesson et Telemann. Un programme savamment agencé qui proposait d’entendre à la suite des airs d’un même opéra mais composés par ces différents compositeurs. L'occasion également de pouvoir jauger combien ces compositeurs ont été une formidable source d'inspiration pour le jeune Haendel. 

          Malgré les efforts louables de la Stagione Francfurt (à la sonorité propre voire séduisante) et leur chef Michael Schneider (malgré certaines carences théâtrales notamment flagrantes dans l'ouverture de l'oratorio Hercules), à eux seuls, ils n’ont pu sauver une soirée plombée par le niveau très mitigé d’une distribution qui n'a pas su se hisser à la hauteur d'une soirée de gala digne de ce nom. Nous ne retiendront guère que la soprano remplaçante Julia Kirchner qui, sans déclencher d’enthousiasme particulier, affichait, au moins, une voix homogène et des notes aiguës rondes, émises avec naturel et sans efforts apparents. Passons alors sur la voix inégale et stridente de Danae Kontora, sur le timbre sans saveur du ténor remplaçant Young-Seong Shim, sur la voix tonitruante de la mezzo-soprano Dorothea Spilger mais surtout sur la voix fastidieuse du baryton Raimund Nolte. Heureusement, l’auditeur a pu, en partie, compenser en découvrant quelques bijoux musicaux notamment composés par Georg Philipp Telemann, tels que les airs ‘Falsa imagine’ ou bien ‘Lascia che nel suo viso’, tous deux tirés de l'opéra Ottone. 

                                                                                            Ruggero Meli

Julia Kirchner, soprano
La Stagione Frankfurt

Récital Nicolo Balducci - Amour fou

Badischestheater Karlsruhe Mardi 19.II.2023 19h30 petite salle

Nicolò Balducci, contre-ténor

Dominik Höss, danseur 

MUSICA SEQUENZA 

Direction et basson : Burak Özdemir


Programme

Georg Friedrich Händel
(1685 – 1759)

Ouvertüre aus Amadigi di Gaula HWV 11
Arie „Mi lusinga il dolce affetto” aus Alcina HWV
Arie „Ricordati mio ben” aus Flavio, re de’ Longobardi HWV 16
Arie „Han penetrato i detti tuoi l’inferno” aus Amadigi di Gaula HWV 11
Arie „Tuo drudo a mio rivale” aus Rodelinda HWV 19
Arie „Vani sono i lamenti” aus Giulio Cesare in Egitto HWV 17
Arie „Svegliatevi nel core” aus Giulio Cesare HWV 17
Arie „Mio diletto, che pensi” aus Lucio Cornelio Silla HWV 10
Arie „Io t’abbraccio” aus Rodelinda HWV 19

– Pause –

Ouvertüre aus Il pastor fido HWV 8c
Arie „Inumano fratel” aus Tolomeo HWV 25
Arie „Scherza infida” aus Ariodante HWV 33
Arie „Mio cor, che mi sai dir” aus Rinaldo HWV 7a
Arie „Qual stanco pellegrino” aus Arianna in Creta HWV 32
Arie „Crude furie degli orridi abissi” aus Serse HWV 40
Arie „Son contenta di morire” aus Radamisto HWV 12a
Arie „Furie Terribili” aus Rinaldo HWV 7a

Un contre-ténor à découvrir

Nicolo Balducci, contre-ténor
Burak Özdemir, bassoniste
Dominik Höss, danseur

          Projet hardi que celui imaginé par le bassoniste Burak Özdemir et son ensemble Musica Sequenza avec la collaboration du danseur Dominik Höss et de l’étoile montante Nicolo Balducci, contre-ténor. En effet, à eux trois, ils proposaient un programme musical et visuel surprenant intitulé ‘Amour fou’ : un entrelacement de corps à corps torride, un jeu de séduction sensuel voire sexuel, en tous cas clairement homosexuel, qui poussait les protagonistes à se chercher, se séduire, se repousser, susciter la jalousie au point de déclencher la colère de l’un ou l’autre, le tout sur des airs de Georg Friedrich Haendel. D’aucuns auront pu être embarrassés ou gênés voire rebutés par le concept quand d’autres auront totalement adhéré à ce jeu de “je t’aime moi non plus”. Un projet qui a été plutôt favorablement accueilli au final mais qui manquait cruellement de préparation, car passées les trente premières minutes, le jeu de scène proposé devenait répétitif voire ennuyeux et n’est jamais parvenu à se renouveler. Certes, on imagine aisément que le temps leur a fait défaut, mais de là à proposer une totale improvisation semblait bien téméraire voire inconscient. Même l’improvisation réclame un travail de réflexion en amont pour pouvoir escompter un résultat esthétique et artistique digne de ces noms. 

          Heureusement, que chacun, dans son domaine, a pu faire valoir son talent et relever le niveau du spectacle. Le danseur Dominik Höss, à la plastique d’un Adonis, nous a gratifié d’un jeu corporel sensuel. Sa souplesse lui permettait de se lover, d’esquiver ou de se frotter sans toucher (en général) son ou ses partenaires. 

          Burak Özdemir, quant à lui, a su créer la surprise, d’abord en retrait, pieds nus et affublé d’un legging noir et d’un haut tout aussi près du corps, il n’a pris part au jeu de scène qu’après quelques airs. Sa remarquable facilité et son aisance au basson lui permettaient de se déplacer sur toute la scène sans entrave, ni partition. Un tour de force d’autant plus louable que certains airs (et un duo) n’étaient pas chantés mais arrangés pour le basson.En revanche, n´est pas danseur qui veut. 

          Enfin, la star de la soirée, le contre-ténor Nicolo Balducci, a su magnifier ce concert grâce à une prestation vocale absolument brillante. Un chanteur qui brûle les planches par sa présence forte mais surtout par une interprétation particulièrement théâtrale des airs de Haendel. Cet artiste possède la faculté de tenir le public en haleine en déployant notamment des effets vocaux spectaculaires inattendus. Nous retiendrons surtout l’air de Sesto (un rôle taillé sur mesure) de l’opéra Giulio Cesare ‘Svegliatevi nel cor’, véhément et douloureux à la fois. Mais également, un ’Scherza infida’, de l’opéra Ariodante, déchirant et en guise de feu d’artifice final, un ‘Crude furie’, de l’opéra Serse, prodigieux de virtuosité. 

          Un artise à découvrir pour sa voix claire, des textes expressifs, des da capo et cadences audacieux, une langue maternelle qui fait exploser les mots, les sentiments... Quel talent !

                                                Ruggero Meli

Récital Anna Dennis - Händel as Handel

Badischestheater Karlsruhe vendredi 23.II.2023 19h00 grande salle

Anna Dennis, soprano

Fruzsina Hara, trompette

DEUTSCHE HÄNDEL-SOLISTEN

Direction et clavecin : Julian Perkins


Programme

Henry Purcell (1659–1695)
Suite aus der Schauspielmusik Bonduca, or The British Heroine. Z 574 (1695)
Ouvertüre (Grave – Canzona) – Song Tune – Song Tune –
Aire – Hornpipe – Aire – Hornpipe – Aire – Minuett

Johann Christoph Pepusch (1667–1752)
Kantate für Sopran While pale Britannia pensive sate
Recitativo – Largo – Recitativo – Allegro

Georg Friedrich Händel (1685–1759)
Solokantate Crudel tiranno amor HWV 97 (1721)
Allegro – Recitativo – Larghetto – Recitativo – Allegro

– Pause –

Georg Friedrich Händel
Wassermusik HWV 341 arrangiert von Daniel Wright (1733)
Ouvertüre – Allegro – Air – [Bourrée] – Marsch

Thomas Augustine Arne (1710–1778)
Kantate für Sopran The Lover’s Recantation (1761)
Recitativo – Allegro – Largo – Allegro – Recitativo – Moderato

Georg Friedrich Händel
Arie der Melissa „Desterò dall’empia dite“ aus der
Oper Amadigi di Gaula HWV 11 (1715)


Récital très British en compagnie de la soprano Anna Dennis

           Une plongée au cœur de la vie musicale londonienne du début du XVIIIe siècle, voilà le programme fort intéressant auquel les Deutsche Händel-Soloisten sous la baguette alerte du chef Julian Perkins nous conviaient. Une mise en perspective, notamment de cantates en langue anglaise écrites par les compositeurs britanniques Johann Christoph Pepusch et Thomas Augustine Arne (tous deux contemporains) et celle de Haendel en langue italienne. Nous découvrons alors, le talent sous-estimé, en tous cas méconnu, de ces deux compositeurs anglais qui, avouons-le, rivalisent aisément avec la cantate du Caro Sassone ‘Crudel tiranno amor’. Deux pièces vocales absolument séduisantes, mélodieuses, virtuoses et tendres à la fois, brillamment interprétées par la voix limpide, facile, légère et longue de la soprano britannique Anna Dennis. Une artiste que l’on aime retrouver depuis sa sublime prestation en Reine de Saba dans l’oratorio Solomon de Haendel à Glasgow et Edimbourg en mai 2018.

           Avec son look de déesse et une élégance physique et vocale naturelle, elle décoche les notes aiguës extrêmes avec une facilité déconcertante, se joue des vocalises et autres da capo, tout en sachant susciter l'émotion (déchirant 'O dolce mia speranza' de la cantate de Haendel). Anna Dennis conclut le récital par une brillante interprétation du fameux air de Melissa ‘Destero dall’empia dita’ (tiré de l’opéra Amadigi di Gaula) rehaussé de la trompette quelque peu défaillante de Fruzsina Hara et du hautbois plus inspiré de Susanne Regel

          Afin de remercier un public enthousiaste, les artistes de la soirée ont offert le divin air ‘Eternal source of light divine’ (tiré de l’Ode pour l’anniversaire de la Reine Anne). Une interprétation inspirée et inspirante qui nous rappelle combien Handel est grand, surtout en ce jour d’anniversaire : 339 ans. D’ailleurs, un prolongement musical et festif à ce concert attendait le public dans la salle du Stadtmitte. Un bar dans lequel l’ensemble instrumental Red Priest a littéralement embrasé la salle par sa fougue et sa virtuosité, son sens du spectacle et du spectaculaire. Brillante prestation notamment du flutiste Piers Adams dont la virtuosité rock n’ roll nous a époustouflé. Enfin, le public a pu partager un gâteau d’anniversaire géant dans une ambiance disco jusqu’au bout de la nuit.

                                             Ruggero Meli

Anna Dennis, soprano
Deutsche Händel-Soloisten
Julian Perkins, chef d'orchestre

SIROE, re di Persia

Georg Friedrich HAENDEL : SIROE

Dramma per musica sur un livret de Nicola Francesco Haym d'après Pietro Metastasio

Badischesstaatstheater Karlsruhe, samedi 24.II.2024 à 18h GROSSES HAUS

DEUTSCHE HÄNDEL-SOLISTEN

Direction : Attilio Cremonesi 

Mise en scène : Ulrich Peters 

Décors et costumes : Christian Floeren

Chorégraphie des combats : Annette Bauer

Lumières : Christoph Pöschko 

Dramaturgie : Matthias Heilmann

Spectacle saisissant servi par une belle distribution.

          Une première impression absolument saisissante avec notamment la traversée d’une forêt mystérieuse et inquiétante peuplée de personnages tout droit sortis de Game of Thrones. Au centre de la scène, une tour (la tour de Babel ?) trône et faisait vraisemblablement office de statue géante d’un empereur. Mais le ciel semble lui être tombé sur la tête. En effet, cette dernière (décapitée ?) gît au sol, tandis que l’on peut voir un trou béant circulaire dans le plafond. Sorte d’œil divin et ouverture sur l’univers. Cet espace céleste donnera lieu à une série d’imageries plus ou moins symboliques (ciel étoilé, dragon menaçant, etc…). Un décor propice à une lutte du pouvoir, à la trahison, à une guerre sans merci, aux amours contrariées, bref à tous les ingrédients de l’opéra Siroe que le metteur en scène Ulrich Peters a su mettre en valeur. Le roi Cosroe cherche son successeur et met au défi ses deux fils (l’un bon comme le pain Siroe, l’autre maléfique Medarse).

Ajoutons qu’un plateau rotatif permet d’apporter de nouveaux éléments de décors ou bien les personnages eux mêmes. On obtient une sorte de monde féerique voire futuriste, peuplé de chevaliers vikings et barbares dans une ambiance fumigène très réussie. Séduit et fasciné, le spectateur se laisse aisément porter par cette fantasmagorie et se demande bien qui parviendra à s'assoir sur un trône orné de longues piques pointues. 

Seulement voilà, le spectacle et les décors ne se renouvèleront quasiment plus, passée la première partie. La seconde n’est autre qu’un bis repetita de la première. 

          Côté solistes, une fois n’est pas coutume, nous avons enfin (après avoir vu quatre autres représentations dans le passé) deux sopranos qui rivalisent vocalement. 

          Sophie Junker, dans le rôle travesti d’Emira / Idaspe, arbore un look de guerrière absolument crédible. Prodigieuse d’aisance et de générosité vocale, chaque air est vécu tel une bénédiction. On se régale de ses da capo inventifs et audacieux, on savoure ce timbre fruité d’une éclatante santé vocale. 

          Même si Shira Patchornik a tendance à minauder dans le rôle de Laodice, elle parvient à nous toucher dans ‘Mi lagnero tacendo’ avec notamment ses ‘No’ d’une tristesse infinie. 

          Dans le rôle titre, Rafal Tomkiewicz assure sa partie avec honneur et passion. Toutefois il reste limité par une voix centrale qui ne lui permet pas de faire briller de façon héroïque son personnage. Il ne démérite pas pour autant, loin s’en faut. 

          Son frère et rival Medarse, limité par une partition quelque peu avare (un rôle qui aurait mérité l’ajout d’un ou deux airs supplémentaires afin de rééquilibrer les rôles), est admirablement chanté par le fougueux et véhément Filippo Mineccia, malgré un manque d’homogénéité des registres et du volume de la voix. 

          Quant au baryton-basse Armin Kolarczyk dans le rôle du roi Cosroe, grâce à une voix claire et bien projetée, il fait autorité (certainement le meilleur chanteur qu’on ait pu entendre dans le rôle). Pourtant, bizarrement, son grand air ‘Gelido in ogni vena’ ne nous a pas glacé comme il l’aurait dû, peut-être le fait d’être resté assis sur sa chaise tout du long. 

          Reste le petit rôle de Arasse, chanté par le baryton Konstantin Ingenpass, qui a bénéficié d’un air inattendu que l’on connaît de l’opéra Rodelinda (rôle d’Unulfo) ‘Un zeffiretto spiro’. Une performance satisfaisante, sans être marquante. 

          Enfin, le chef d’orchestre Attilio Cremonesi, à la tête des excellents Händel-Solisten, contribue pleinement à donner vie à cet opéra grâce à son sens du drame et du tempo. 

Pour celles et ceux qui auraient manqué ce spectacle, notez qu’il sera repris l’an prochain.

                                         Samuel Passetan

OTTONE, re di Germania

Georg Friedrich HAENDEL : OTTONE

Dramma per musica sur un livret de Nicola Francesco Haym

Badischesstaatstheater Karlsruhe, dimanche 25.II.2024 à 15h GROSSES HAUS

DEUTSCHE HÄNDEL-SOLISTEN 

Statisterie des BADISCHEN STAATSTHEATERS 

Direction : Carlo Ipata 

Mise en scène : Carlos Wagner 

Décors et costumes : Christophe Ouvrard 

Lumières : Rico Gerstner 

Dramaturgie : Dr. Matthias Heilmann

Décors somptueux au service d'une mise en scène déroutante et d'une distribution défaillante.

          Reprise du spectacle plutôt déroutant de l'opéra Ottone de Georg Friedrich Haendel à Karlsruhe. Une esthétique et des décors somptueux mais une mise en scène brouillonne qui tend à altérer la compréhension de l'œuvre. Ottone hésite entre personnage ridiculement sensible (il s'évanouit facilement et s'adonne à l'alcool) et personnage héroïque qui règle abondamment ses comptes avec les autres puis leur procure bienveillance. Résultat, non seulement il perd en crédibilité mais il paraît même artificiel. Son amour pour Teofane laisse perplexe car peu flagrant. En revanche, le personnage de Gismonda s'avère bien plus crédible et réel. Mère déterminée, manipulatrice au caractère bien trempé, ses machinations n'ont d'autre dessein que de porter son fils Adelberto sur le trône. Ces deux êtres semblent tout droit revenus d'entre les morts pour jouer les trouble-fêtes sous l'apparence de statues animées, tout décrépies et tombant en poussière. Faits de plâtre, ils redoutent l'eau avec laquelle on les menace de les asperger. Tous ces personnages évoluent à l'intérieur d'un fascinant palais en ruine sur trois étages avec une série d'escaliers de part et d'autre. Le centre de la structure amovible, laissera place à un océan agité. L'effet visuel en sera spectaculaire. Dommage que la mise en scène ne suive pas. On attend les idées qui feraient décoller le spectacle, en vain. 

           Yuriy Minenko (qui remplace Max Emanuel Cencic initialement prévu dans le rôle) affiche une voix superbe, claire et souple, qui se plaît à jouer des ombres et lumières du plus bel effet.  

          Lucia Martin-Carton, dont la voix nous paraît bien trop lisse voire fade, n'apporte pas grand chose au rôle de Teofane. Elle nous avait fait le même effet lors de l'Alcina de Florence dans le rôle de Morgana. Il faut dire que les coupes de la partition n'aident pas non plus à valoriser son personnage. 

          Sonia Prina, dans le rôle de Matilda, a tendance à en faire des tonnes côté drama queen, au point d'en devenir caricaturale. La voix n'a plus la souplesse d'antan et les vocalises souffrent.

          Honnête prestation du baryton-basse Nathanaël Tavernier, dans le rôle du pirate Emireno (qui se révèlera être le frère de Teofane). On aurait aimé que son air "Nel minacciar del vento", un brin prudent, soit pris à un tempo plus rapide et surtout que la mise en scène n'affaiblisse ce grand moment de bravoure.

          Raffaele Pe procure le frisson lorsqu'il utilise sa mezza voce à bon escient. Mais un voile gênant semble couvrir sa voix par moments et vient altérer la beauté du timbre. 

          Alors que Lena Belkina s'était révélée la bonne surprise de la soirée l'an passé, elle a été remplacée lors de ces représentations par la mezzo-soprano Olena Leser, qui ne nous a pas vraiment enthousiasmé dans ce rôle pourtant si intéressant de Gismonda, une mère louve, un brin incestueuse qui tente l'impossible pour mettre son fils sur le trône. 

          Saluons le chef Carlo Ippata à la tête des Deutsche-Händel Solisten qui a su, grâce à un travail minutieux, rendre la partition vivante et passionnante. 

                                                   Samuel Passetan

Récital de Max Emanuel Cencic

Badischesstaatstheater Karlsruhe, vendredi 01.III.2024 à 19h30 GROSSES HAUS
Haendel Gala - "Grande Finale" 

Max Emanuel Cencic, contre-ténor

{OH!} ORKIESTRA HISTORYCZNA

Direction : Martyna Pastuszka


Programm

Georg Friedrich Händel
(1685 – 1759)

Ouverture Alessandro Severo HWV A 13
Largo – Allegro

Air de Floridante „Bramo te sola“ tiré de Floridante HWV 14

Air de Muzio „Spera che tra le care“ tiré de Muzio Scevola HWV 13

Concerto grosso d-Moll op. 6 Nr. 10 HWV 328
Ouvertüre – [Lentement] – Allegro- Lentement

Air de Bertarido „Pompe vane di morte …Dove sei” tiré de Rodelinda, Regina de Langobardi HWV 19

Air de Guido „Rompo i lacci” tiré de Flavio, Re de’ Longobardi HWV 16

– PAUSE –

Air de Siroe „Fra dubi affetti miei“ iré de Siroe, Re di Persia HWV 24

Air de Guido „Bel contento“ tiré de Flavio, Re de’ Longobardi HWV 16

Ouverture de Radamisto HWV 12a
[Lentement] – Allegro

Air de Lucejo „Se mormora rivo o fronda” tiré de Scipione HWV 20

Air de Bertarido „Vivi Tirianno” tiré de Rodelinda, Regina de Langobardi HWV 19

Bis 1 : 

Bis 2 : air de Lucejo (Scipione)