VIVALDI BAJAZET, NURNBERG 23.X.2021

Opera seria in three acts


Florian Götz Bajazet

David DQ Lee Tamerlano

Almerija Delic Asteria

Nian Wang Andronico

Julia Grüter Irene

Maria Ladurner Idaspe


Staatsphilharmonie Nürnberg

Musikalische Leitung Wolfgang Katschner

Regie Nina Russi

Bühne Mathis Neidhardt

Kostüme Annemarie Bulla

Licht Thomas Schlegel

Dramaturgie Wiebke Hetmanek

David DQ Lee Tamerlano     c_Bettina Stoess 
Florian Götz Bajazet      c_Bettina Stoess 

A production between classy settings and costumes but partly trashy at the same time. A rather convincing staging (but not so exciting). An unbalanced cast. Yet, a flamboyant orchestra and conducting. This is the result of a rare production of Vivald's Baijazet in Nurnberg. 

Almerija Delic Asteria, David DQ Lee Tamerlano,  Nian Wang Andronico    c_Bettina Stoess 

          Après un tout début inquiétant tant musicalement (les fausses notes des cors dans les toutes premières mesures) que scéniquement (une meute de clowns aux couleurs outrageuses envahissent la scène pour contester la tyrannie du roi nous rappelle un des plus mauvais souvenirs de mise-en-scène dans ce même théâtre: SERSE de Haendel il y a quelques années. On a bien cru que le cauchemar allait se reproduire). Mais les choses s'arrangent et le public peut jouir d'un orchestre en grande forme ainsi que d'une direction impeccable et enthousiasmante de la part du chef spécialiste baroque Wolfgang Katschner. Le décor brut de l'arrière scène qui sert de rempart au château du roi Tamerlano s'ouvre et laisse place à un intérieur cossu (de jolies moulures ornent tous les murs), blanc éclatant, sobre et classieux. Les parois facilement amovibles forment alternativement différentes pièces avec à chaque fois un seul élément de décors: un lavabo pour la salle de bain, un réfrigérateur pour la cuisine, etc... et les costumes stylisés séduisent. La mise-en-scène de Nina Russi, sans être passionnante, a le mérite de mettre en lumière les relations entre les personnages et d'offrir une grande clarté au drame du livret de Vivaldi. Elle semble hésiter parfois entre opera seria et opera buffa (les interventions comiques d'Irene qui pour plaire se diffuse du déodorant sous les aisselles, le comportement et les accoutrements trashs d'Asteria entre autres). Notons certaines idées simples mais ingénieuses telles que la scène autour de l'air de Tamerlano "Cruda sorte", dans laquelle les personnages se déplacent autour d'un canapé et s'assoient en fonction de leurs affinités (amour) ou en opposition à leur ennemis. Au travers de ces quelques déplacements, tous le drame de l'opéra Bajazet est révélé.

          La distribution fort inégale (loin de rivaliser avec celle magistrale de la production de ce même opéra à Vienne en 2020, voir le compte rendu ici) n'arrange rien au constat déjà mitigé de cette production. La voix la plus intéressante restera sans doute celle du contre-ténor David DQ Lee, qu'on a plaisir à retrouver après une trop longue absence (pandémie oblige) dans ce rôle de tyran tellement exaltant avec ses airs virtuoses dans lesquels le contre-ténor y met tout son panache. Au point même de nous faire un show quasi à la Michael Jackson accoutré d'incomparables costumes flashys. C'est à un véritable feu d'artifice vocal auquel il convie un public fasciné. 

          Son ennemi Bajazet, incarné par la surprenante voix de Florian Götz, tout à la fois ténor et baryton, sait s'imposer et faire face à son adversaire Tamerlano. Avec cette voix bien timbrée et sa généreuse projection, il convainc en infirme, blessé on l'imagine, lors du combat perdu contre Tamerlano. Il ne manquait qu'un brin de virtuosité. 

          La surprise de la soirée aura été sans conteste l'arrivée fracassante du personnage d'Irene (starlette insupportable) admirablement incarnée par la soprano Julia Grüter dont la virtuosité n'a eu d'égal que l'éclat d'une voix tellement attachante. Chacune de ses interventions aura été un show en soi. Pourtant la mise-en-scène n'aura pas permis véritablement l'affliction attendue dans  le célèbre "Sposa son disprezzata". Il n'aura manqué à l'artiste qu'une série de notes graves nécessaires à la partition, comme dans l'air très contrasté "Qual guerriero". 

          Dans le rôle d'Andronico, la mezzo Nian Wang, pendant inversé de Tamerlano (asiatique comme David DQ Lee, même chevelure mais en blond) a du mal à projeter une voix limitée, dont les forte ne se distinguent que très peu des piani. Les airs passent encore, même s'ils frisent parfois l'ennui, mais la diction des récitatifs laisse à désirer. Notons tout de même que l'interprète a su produire son effet dans son dernier air "Spesso".

          L'excentrique Asteria, cheveux bleus et accoutrement trashy, convient assez bien à la voix brusque, pleine de raucités d'Almerija Delic. Pourtant on se prend à rêver de délicatesse (air "La cervetta") et d'homogénéité de voix, en vain. 

          Enfin, Maria Ladurner offre au personnage d'Idaspe une diction toute relative ainsi qu'une voix presque uniquement haut perchée, qui occulte ainsi toute une partie du rôle. Dépassée par l'air redoutable "Anche il mar" la soprano est contrainte d'éluder soigneusement certaines notes virtuoses. Pourtant sa confrontation à la trompette fonctionne assez bien et son costume de maîtresse sadique, tout de cuir noir ainsi qu'une présence quasi permanente auront tout de même marqué les esprits. 

           Malgré un bilan fort contrasté et mitigé, il reste heureusement la musique d'un Vivaldi flamboyant, trop rare à la scène. 

Julia Grüter Irene      c_Bettina Stoess 
Almerija Delic Asteria, David DQ Lee Tamerlano     c_Bettina Stoess 
David DQ Lee Tamerlano, Julia Grüter Irene     c_Bettina Stoess 
Almerija Delic Asteria, Florian Götz Bajazet      c_Bettina Stoess 
Almerija Delic Asteria      c_Bettina Stoess