2023 Comptes Rendus

DECEMBRE 2023

➡️ HEIDELBERG     09.XII.2023   Graun fête la nativité avec le Bachchor

         Les concerts du Bachchor de Heidelberg sont de véritables petits trésors. En effet, chaque année, le théâtre de Heidelberg organise une série de concerts baroques dans le cadre de sa saison. Ils se tiennent généralement à la Peterskirche. Ce sont des concerts d’une grande qualité artistique qui permettent au chœur de Heidelberg de se distinguer dans des œuvres chorales complexes. Souvent dirigés par leur chef Christian Kabitz (cette fois uniquement chef de chœur), ils ont aussi la particularité de mobiliser de talentueux solistes vocaux. 

          Après avoir assisté à Belshazzar, Samson et Jephtha de Haendel, BAROQUENEWS a pu assister à une rareté, ce samedi 9 décembre 2023 : un oratorio de Noël de Carl Heinrich Graun (1704 - 1759) intitulé "Oratorium in festum nativitatis Christi". Une célébration de la naissance du Christ d'une durée d'une heure et trente minutes environ.

         De l'ouverture jusqu'au chœur final, le maestro Jörg Halubek est parvenu à faire de l'œuvre une véritable fête. Deux moments grandioses qui ont fait retentir notamment timbales, trompettes et mis tout un orchestre en effervescence. A noter qu’au centre de l’œuvre nous avons été surpris d’entendre un choral de Bach, tiré de sa Passion selon St Jean, ici interprété par le Bachchor avec une douceur et une ferveur tout en émotion. Saluons également le travail du chef Jörg Halubek auprès de l'excellent Orchestre Philharmonique de Heidelberg.

Enfin, les solistes lyriques réunis pour l'occasion n'ont pas déçu : globalement de bons solistes, dotés de grandes voix. A commencer par la mezzo-soprano, ou plutôt contralto, Zlata Khershberg-Reith, impressionnante de profondeur, de rondeur de timbre et de son généreux. Un chant franc et direct qui manquait peut-être de relief et d'une dose de délicatesse. Des remarques qui pourraient également s'appliquer au baryton-basse Lars Conrad (excellent et impressionnant air 'Abgrund krache') mais aussi au ténor Christian Pohlers dont le timbre était plutôt séduisant mais dont la voix manquait de stabilité. Enfin le contre-ténor sopraniste Philipp Mathmann qui, de sa voix angélique et suraiguë, a conféré une dimension sacrée à l'œuvre,  a créé la surprise en atteignant des notes à la hauteur vertigineuse mais dont le son, trop souvent strident, aura pu irriter une partie du public. On retiendra, notamment, son très joli duo en compagnie de la mezzo-soprano. 

La réussite de la distribution relève, outre les qualités de chacun, du choix de quatre voix extrêmement bien distinctes, qui contrastaient idéalement. 

          Un concert festif et de qualité, salué par un public enthousiaste et nombreux qui a pu découvrir une œuvre rare de Graun qui, une fois n'est pas coutume, nous change du traditionnel Oratorio de Noël de Jean Sébastien Bach.
                                                                          Ruggero Meli 

Bachchor Heidelberg
Jörg Halubek

NOVEMBRE 2023

Ensemble Musica Gloria

➡️ GAND          26.XI.2023 :   Concert champêtre matinal

          Le jeune ensemble Musica Gloria proposait une heure de détente musicale en ce dimanche 26 novembre 2023. Un concert qui invitait le public à une balade pastorale au travers des musiques et airs de Purcell, Haendel, Telemann ou Bach, dans une approche fraîche et enthousiasmante. En effet, les quatre jeunes artistes ont su créer la surprise en favorisant les déplacements et apparitions inattendus. Avec un enthousiasme et une passion palpables, ils ont fait de ce programme un moment de pur bonheur. 

Les airs de Purcell, Haendel et Bach étaient interprétés avec beaucoup de naturel et de simplicité par le contre-ténor Pieter De Praetere. Même si quelques notes extrêmes ont pu faire défaut ça et là, le médium de la voix, rond et plutôt masculin, était bien agréable à écouter. Le point d’extase ayant été atteint à la fin du sublime ‘O solitude’ de Henry Purcell, pris avec une mezza voce de toute beauté. 

Chapeau bas aux trois solistes instrumentaux, la flûtiste et hautboïste Nele Vertommen d’une déconcertante aisance, l’excellent Evan Buttar au violoncelle et viole de gambe et enfin le très virtuose Beniamino Paganini au clavecin. Avec une facilité et un talent hors pair, ce dernier a notamment fait de variations haendéliennes, un véritable feu d'artifice. 

Musica Gloria, un ensemble talentueux à suivre.
                                              Ruggero Meli 

➡️ POTSDAM SANSSOUCI      20.XI.2023 :   Deux contes que tout oppose mais qui finissent par fusionner dans une mise en scène captivante  : WEIR Blond Eckbart et HAENDEL Acis und Galatea

          Une atmosphère pesante, une musique oppressante par ses fortes dissonances qui claquent sous l’effet des cuivres (clarinette et trompette extrêmement sollicitées) mais aussi des percussions. 

Blond Eckbert est un conte fantastique qui relate l’histoire de Berthe, la femme d’Eckbert : suite à une enfance malheureuse et des parents désargentés, elle décide de partir et finit par rencontrer une vieille dame qui possède un chien et un oiseau magique qui délivre des pierres précieuses. Un jour elle décide de s’enfuir et emporte avec elle l’oiseau et les pierres. Prise de culpabilité, elle relâche l’oiseau. Elle et Eckbert racontent l’histoire à un inconnu nommé Walther. Ce dernier, mystérieux voire maléfique, donne le nom du chien alors que Berthe ne s’en souvenait plus ! Le couple est mortifié par cette menace…

La mise en scène de Joe Austin, s’attache à montrer des personnages piégés dans leur vie, leur vécu. Le symbole de l’enfermement, omniprésent, se matérialise notamment au travers d’une boule de verre qui semble recouvrir le monde, de la cage et de l’oiseau prisonnier ainsi que d’une vitrine centrale dont l’espace réduit, au centre de la scène, voit se jouer tout le drame. A l’extérieur de cet espace, le personnage de l’oiseau raconte et commente les événements qui se jouent dans la vitrine: une mise en abîme du théâtre dans le théâtre. Une prison qui se décline à l’infini par le biais de miroirs à l’arrière de la vitrine. De plus, des personnages ailés, qui s’apparentent à des anges ou des religieux, contribuent également à cette atmosphère pesante en venant culpabiliser Eckbart. 

BLOND ECKBERT - Dominik Köninger © Stefan Gloede 

ACIS UND GALATEA © Stefan Gloede 

Ana Maria Labin

➡️ BERLIN        18.XI.2023 :   Mitridate survolté

          Une mise en scène étincelante de dorures dans laquelle le Japon est mis à l’honneur. Une splendeur d’antan, dont les traditions sont rendues avec une élégance, un raffinement et une délicatesse qui côtoient quasi en permanence une violence sous-jacente, presqu’impalpable, qui jamais ne perd son élégance et reste très esthétique tel l’aigle représenté par une série de panneaux, qui, soudain, se met à tournoyer pour fondre sur leur proie. Car le pouvoir et l’amour sont au cœur de ce drame. Un pouvoir convoité dont l’ascension ou la chute sont représentées par deux escaliers latéraux étroits qui renferment en leur centre un immense escalier matérialisé par quatre paliers. 

Un ensemble entièrement pensé au travers de l'imagerie japonaise traditionnelle qui va varier au fil du spectacle. 

➡️ PARIS          17.XI.2023 :   Soirée napolitaine à la salle Gaveau

          Ophélie Gaillard et son ensemble proposaient un programme festif à la salle Gaveau ce vendredi 17 novembre 2023 en partie rôdé précédemment notamment à Ambronay. Les fans de Christophe Dumaux qui y avaient pleuré son absence ont pu se rattraper ce soir. En duo avec l´infatigable et toujours pétillante Sandrine Piau, ils proposaient le tube de Pergolesi : le Stabat Mater. Une interprétation plutôt théâtrale que religieuse que les solistes et l’ensemble Pulcinella ont porté avec ferveur et émotion. Joli cocktail que celui d'une Sandrine Piau toujours fraîche et impeccable et un Christophe Dumaux tout en intensité.

Christophe Dumaux

➡️ PARIS     16.XI.2023 :   Feu d'artifice vocal à l'Auditorium du Louvre

        Belle et grande découverte musicale ce jeudi 16 novembre 2023 à l’Auditorium du Louvre. Une rareté du non moins rare Alessandro Scarlatti : l’opéra Mitridate Eusupatore.

Thibaut Noally et son ensemble Les Accents en avaient donné une version de concert il y a quelques années lors de la 23e édition du festival de Beaune en 2020. Une performance qui avait été captée par France Musique. Pour cette nouvelle occasion, la distribution est montée d’un cran et le public a pu assister à une véritable fête lyrique. Pas moins de cinq voix exceptionnelles pour servir une œuvre qui nous a livré de petites gemmes d’arias. Tous investis et survoltés, ils nous ont fait vibrer au gré de récitatifs éminemment théâtraux et d'arias tantôt virtuoses tantôt élégiaques. Roi, reine, filiation, amour, pouvoir, menaces, intimidations : tous les ingrédients étaient réunis pour faire bouilloner cet opéra baroque.

OCTOBRE 2023

➡️ VIENNE       27.X.2023 :   Theodora sauvée par les décors

         Alors que par définition l’oratorio, en l'occurrence Theodora de Georg Friedrich Haendel, n’est pas destiné à la mise en scène, il semble pourtant inspirer, ou plutôt intéresser, les salles de spectacles et les metteurs en scène (et ce, depuis le coup de maître de Peter Sellars à Glyndebourne en 1996). Une œuvre pourtant pas vraiment simple à valoriser, de part son livret. L'action se déroule à l'époque de la persécution des chrétiens sous Dioclétien. Théodora et Didyme, deux chrétiens chastement aimants, vont tout droit à la mort parce qu'ils ne veulent pas renoncer à leur foi face au tyrannique gouverneur romain Valens.

Après le récent naufrage au Covent Garden de Londres, voilà que le Theater an der Wien propose sa version de Theodora dans un spectacle imaginé par le metteur en scène Stefan Herheim. Dès le lever de rideau, le public tombe en pâmoisons devant le décor luxueux d’un salon de thé viennois. Il s’agit de la réplique bluffante du célèbre Café Central de Vienne avec ses lustres art déco, ses piliers qui soutiennent les somptueuses voûtes d’église, célèbres pour leur panaché de couleurs vives. Le public en prend plein les mirettes. De plus, en arrière plan, au travers de larges vitres, l’on peut distinguer la rue et ses bâtiments protéiformes, ainsi qu’une météo variable, le ciel et ses oiseaux de passage. Un spectacle en soi dont on ne se lassera pas durant 3h (sans l’entracte) et couronné par une surprise de taille, en toute fin de spectacle : le plafond s’affaisse subitement pour laisser paraître un ange aux ailes blanches immenses et dont les mains vont prendre subitement feu. . 

Theodora à Vienne
Aci, Galatea e Polifemo à l"Auditori de Barcelone

➡️ BARCELONE     26.X.2023 :   Brillant Aci, Galatea e Polifemo

          Le talentueux ensemble Vespres d’Arnadi sous la direction du claveciniste virtuose Dani Espasa nous a offert ce jeudi 26 octobre 2023 une version flamboyante de la sublime cantate du jeune Georg Friedrich Haendel : Aci, Galatea e Polifemo. Une œuvre magique par son sujet simple et éminemment émouvant et sa musique qui relève du génie : un concentré d’opera d’une rare perfection d’une durée d’une heure trente environ. Cette naïve pastorale met en scène les amours du berger Aci et de la bergère Galatea. Mais cette dernière est convoitée par le cyclope Polifemo qui finira par commettre l’irréparable en écrasant Aci sous un jet de rocher.   

➡️ ROME      20-21.X.2023 :   Gala des 3 contre-ténors & Giulio Cesare

      Un vent nouveau semble souffler sur l’Italie. En effet, la bella Italia montre des signes d’ouverture, certes encore et toujours timides, à la musique baroque. Les grandes maisons d’opéra programment sporadiquement des œuvres baroques : La Fenice a son cycle Vivaldi, La Scala avait débuté un cycle Haendel, l’an passé l’opéra de Florence accueillait Alcina… Aujourd’hui c’est l’opéra de Rome qui tente l’expérience en programmant le tube de Haendel : Giulio Cesare. Cinq représentations scéniques avec au sein de sa distribution : trois contre-ténors. Une vraie gageure dans un pays où cette voix a été longtemps ignorée pour ne pas dire exécrée. Alors proposer un récital des trois contre-ténors semblait presque relever de la provocation. En tous cas, le public était au rendez-vous et s’est montré enthousiaste. 

Les 3 contre-ténors à Rome: Aryeh Nussbaum Cohen, Raffaele Pe & Carlo Vistoli
Giulio Cesare : Raffaele Pe 
Nardus Williams, soprano

➡️ LONDRES      12.X.2023 :   exquise découverte, la soprano Nardus Williams

          Fabio Biondi et son ensemble Europa Galante, proposaient ce jeudi 12 octobre 2023, dans la salle de concert Milton Court (une annexe du Barbican Center de Londres) un programme consacré aux quatre saisons de Vivaldi, entrecoupé d’airs et de musiques de Henry Purcell et de Georg Friedrich Haendel. 

Fabio Biondi revenait ainsi à ses premières amours. Après les avoir gravées et jouées aux quatre coins du monde, puis 'délaissées', voilà qu'il nous fait la surprise de les reprendre lors de ce concert unique. L'oeuvre semble n'avoir plus aucun secret pour le violoniste italien qui n'a rien perdu de sa fougue ni de son panache. Maîtrisées au cordeau, il en donne une version vibrante et hyper virtuose. Il sait, comme personne, créer les ambiances et suggérer les variations météorologiques tout en révélant les nombreuses subtilités d'une partition intemporelle. Son raffinement n’aura d’égal que sa fougue, auxquels son orchestre répondra avec les mêmes qualités. Ensemble, ils cultivent les contrastes les plus saisissants et font de ces saisons une fête. On ne peut alors que saluer LA performance. 

➡️ PONTOISE FESTIVAL      08.X.2023 :   la soprano Appoline Raï-Westphal, jolie découverte

        Le festival baroque de Pontoise a toujours eu à cœur de valoriser les jeunes artistes soutenus par des artistes confirmés voire prestigieux. C’est le cas en ce concert haendélien lors duquel le public a pu découvrir la jeune soprano Apolline Raï-Westphal en compagnie de quelques membres du fameux ensemble Les Talens Lyriques, dirigés par leur chef et claveciniste Christophe Rousset

          Des artistes que nous avions pu apprécier trois jours plus tôt au festival d’Echternach, devant une salle désespérément vide, alors qu’ils proposaient un programme baroque passionnant autour des figures de Purcell et Haendel en compagnie de l’excellent ténor Ian Bostridge. A Pontoise, le public était nombreux en la cathédrale Saint-Maclou...  

La soprano Appoline Raï-Westphal au festival de Pontoise

➡️ PARIS        02.X.2023 :   William Christie et son équipe donnent un coup de jeune à Ariodante

          Interprétation fraîche et touchante de l'opéra Ariodante de G. F. Haendel, dans une version semi scénique à la philharmonie de Paris ce lundi 2 octobre 2023. Une mise en espace claire et efficace qui favorisait les déplacements autour de l’orchestre et permettait une grande liberté d’expression aux chanteurs, mais avec des pertes de son dommageables pour l’auditeur, selon le placement.

          Léa Desandre incarne un Ariodante enthousiaste, plein de peps, avec ses pas de danse qui font swinguer les vocalises. Des pas de danse repris avec humour par William Christie lui même. Une interprétation vibrante d’émotion 'Scherza infida' et à la virtuosité impressionnante 'Coll’ali di costanza' (dont le da capo a été malheureusement coupé) et surtout l'air 'Dopo notte' en guise de feu d’artifice final.  

Ariodante à la Philharmonie de Paris

SEPTEMBRE 2023

Amadigi de Haendel à Saint Martin-in-the-Fields

LONDRES       21.IX.2023 :   Amadigi enflamme Saint Martin-in-the-Fields

         Mais quelle mouche a piqué cet Amadigi ? Tous les interprètes semblaient avoir bu une même potion énergisante. Des solistes survoltés, habités d’une fiévreuse rage théâtrale et un orchestre déchaîné sous l’impulsion d’un chef que l’on n’attendait pas à la tête des English Consort : Christian Bezuidenhout, lui aussi survitaminé. En effet, le chef titulaire Harry Bicket, dont la direction est généralement plus sage, pour des raisons de calendrier (à cheval entre un pastiche de Henry Purcell et un spectacle d’Acis and Galatea) n’a pas pu prendre en charge cet Amadigi mais était présent dans la salle en tant que spectateur.  

HAMBOURG       14.IX.2023 :   Saul mitigé

          Bilan mitigé pour l'oratorio Saul de Haendel à la Laeiszhalle de Hambourg, tant la performance sonnait amatrice à certains égards. En effet, l'orchestre et le chœur frôlaient l'amateurisme parfois (certainement par manque de répétition) mais deux délicieuses sopranos ont su booster le concert. A elles seules, elles justifiaient, l’importance de cette version de concert en magnifiant la partion du Caro Sassone. Nous connaissions déjà la sémillante Robin Johannsen qui chantait ici le rôle de Merab alors qu’on l’attendait en Michael (le programme de salle indiquait d'ailleurs le contraire). Mais il est vrai que le rôle de Merab, certes plus bas, possède plus de relief et de personnalité que la blanche colombe Michael et recèle un bijou d’air : le très émouvant ‘Author of peace’. De plus, deux autres airs importants lui ont été dévolus : l’air isolé d’entrée souvent chanté par une choriste ‘An infant rais’d’, et surtout le sublime ‘In sweetest Harmony’, absolument déchirant.  

Robin Johannsen
Festival Bayreuth Baroque 2023

BAYREUTH BAROQUE FESTIVAL - weekend n°1      08-10.IX.2023 :   3 récitals et un opéra étincelants !

FÉNÉTRANGE :      Un Stabat Mater de Pergolèse frais et touchant le 16 septembre 2023 à la collégiale Saint Rémi

         Le festival de Fénétrange accueillait, pour sa quarantième édition, une soprano rare et talentueuse : la divine Amel Brahim-Djeloul. Une artiste que BAROQUENEWS a pu apprécier à diverses reprises, notamment dans le rôle d’Oriana dans l’opéra Amadigi de Haendel au Théâtre de l’Athénée à Paris en janvier 2019. A cette occasion, elle avait bénéficié du soutien des forces de l’ensemble Les Paladins et leur chef Jérôme Corréas, des partenaires qu’elle retrouvait lors de ce concert en l’église Saint Rémi.

          Ensemble, ils proposaient un programme court mais intense avec en première partie un motet virtuose du Prete Rosso : ‘In furore’. Une œuvre dans laquelle la soprano a créé la surprise en apportant audace et tempérament conférés au da capo du premier air notamment. 

Voix fraîche, facile et expressive, il est difficile de comprendre le manque de notoriété de cette artiste talentueuse.

Amel Brahim-Djeloul, soprano
Capella Augustina, Andreas Spering
Andreas Wolf, basse

COLOGNE        03.IX.2023 :   Un Acis and Galatea au cordeau.

          Le Forum Alte Musik Köln fêtait, ce dimanche 3 septembre 2023, les 25 ans des concerts du dimanche. Pour cette occasion, ils proposaient le petit bijou de Haendel : Acis and Galatea. Une œuvre resserrée, absolument délicieuse par sa simplicité, son côté bucolique et sa réussite musicale. Le chef Andreas Spering et son orchestre Capella Augustina sont entrés dans ‘l’arène’ comme des lions en interprétant une ouverture foudroyante de part sa rapidité. Rien n’a été laissé au hasard pour ce concert : orchestre et solistes semblaient avoir suivi d’intenses répétitions. Une pratique devenue tellement rare depuis des années de disette où Lyon propose au public, en guise de concert, des répétitions (générales au mieux) par manque de temps et d’argent… Des solistes remontés à bloc donc, avec en tête un Andreas Wolf qui n’a fait qu’une bouchée du rôle du cyclope Polifemo, notamment en faisant véritablement swinger l’air ‘Cease to beauty’.

Charmante Galatea de la soprano Berit Norbakken et vaillant Acis du ténor Hugo Hymas. Excellent Damon de Joshua Ellicott que l’on ne présente plus tant il est sollicité pour les rôles haendeliens (nous le retrouverons très bientôt dans l’oratorio Samson à Stuttgart). Des solistes rejoint par un soutien de qualité, en guise de ripieno comme disent les italiens, le ténor Jonas Boy

A écouter ce dimanche 17 septembre 2023 sur la radio WDR3.

                                                 Ruggero Meli     

Deianira : Miriam Kutrowatz, soprano

COLOGNE        17.VIII.2023 :   Steffani  La Lotta di Ercole

Une rareté à la Philharmonie de Cologne : une oeuvre d'Agostino Steffani, devant une salle désespérément vide. Un compositeur, dont le grand Haendel s´est largement inspiré. D'ailleurs nous avons été frappé par les similitudes de l'ouverture avec celle d'Orlando. Une oeuvre à l'inspiration variable qui a réservé quelques très jolis airs et un divin duo mais qui a suscité un certain ennui aussi. Certainement la faute au placement des solistes, mal audibles, qui chantaient derrière l'orchestre : une initiative peu heureuse. Côté solistes, nous ne retiendrons guère que le lumineux soprano de Miriam Kutrowatz mais aussi le crémeux du contralto de Xavier Sabata.  

COLOGNE        20.VIII.2023 :   Dame Emma Kirkby, des retrouvailles émouvantes.

          Chaque année, le festival Felix de Cologne réserve son lot de surprises. Cet été, un concert tout à fait discret s'est tenu, en matinée, au musée Wallraf-Richartz. Il accueillait la venue exceptionnelle de la Reine du Baroque: la soprano Emma Kirkby. Les fans et les connaisseurs étaient au rendez-vous, portés par une affection toute particulière pour une artiste avec laquelle ils ont le sentiment d'avoir grandi, tout du moins grandi avec ses nombreux enregistrements de musique baroque. Une discographie foisonnante et une artiste qui a eu la chance d’enregistrer à tour de bras à une époque florissante du disque. Nous tous possédons un LP ou un cd que nous chérissons tout particulièrement de la divine Emma Kirkby. Alors, retrouver cette ‘petite’ dame, de 77 ans, en toute simplicité, toute jolie avec sa chevelure frisée au carré, s'est révélé être un moment particulièrement fort en émotion. Certes la voix s’apparente, désormais, davantage au language parlé qu’au chant, mais les airs, soigneusement sélectionnés, s’y prêtaient. Des songs de Haydn et de Purcell à l’atmosphère funèbre que la soprano a su rendre mystérieux et captivants. 

Elle alternait, pour l’occasion, avec la voix quelque peu stridente du contre-ténor Philipp Mattmann qui a su, cependant, trouver l’émotion nécessaire pour rendre justice à des airs tel que ‘Alto Giove’ ou ‘Verdi prati’. 

Après une standing ovation, les deux interprètes ont offert au public le fragile et céleste duo ‘De torrente’ tiré du motet Dixit Dominus de Haendel. Un moment de grâce.

Ils étaient accompagnés par le vaillant ensemble Ārt House 17 sous la direction du fascinant Michael Hell, dont la performance à la flûte dans le concerto de Sammartini nous a totalement bluffé.

                                                    Ruggero Meli

Emma Kirkby
Philipp Mattmann
Sophie Junker, soprano
Ensemble Masques, Olivier Fortin
Semele (Joélle Harvey) and Jove (Stuart Jackson). Photo : Richard Hubert Smith
Semele : Brenda Rae à Munich 
Midsummer Festival, château d'Hardelot
Midsummer Festival, château d'Hardelot
Emmanuelle Haïm, cheffe d'orchestre
Cecilia Bartoli chante Rosina ©OMC – Marco Borrelli
Paula Murrihy (Dejanira) © Monika RittEmmanuelle Haïm, cheffe d'orchestre

Paul Antoine Benos-Djian chante le rôle d'Alessandro dans l'opéra Tolomeo de Haendel © Edourd Brane

ershaus
Ariodante : Emily D'Angelo
Christophe Dumaux & Julie Fuchs