Barcelona, Haendel Aci, Galatea e Polifemo 26.X.2023

Georg Friedrich HAENDEL (1685 - 1759) : ACI, GALATEA E POLIFEMO, cantate HWV 72 (1708)

Barcelone, Auditori 26 octobre 2023 à 19h

Aci : David Hansen, contre-ténor

Galatea : Vivica Genaux, mezzo-soprano

Polifemo : Nicolas Brooymans, baryton-basse

Ensemble Vespres d'Arnadi

Direction : Dani Espasa, clavecin

L'ensemble Vespres d'Arnadi sous la direction de Dani Espasa

Brillant Aci Galatea e Polifemo à Barcelone

          Le talentueux ensemble Vespres d’Arnadi sous la direction du claveciniste virtuose Dani Espasa nous a offert ce jeudi 26 octobre 2023 une version flamboyante de la sublime cantate du jeune Georg Friedrich Haendel : Aci, Galatea e Polifemo. Une œuvre magique par son sujet simple et éminemment émouvant et sa musique qui relève du génie : un concentré d’opera d’une rare perfection d’une durée d’une heure trente environ. Cette naïve pastorale met en scène les amours du berger Aci et de la bergère Galatea. Mais cette dernière est convoitée par le cyclope Polifemo qui finira par commettre l’irréparable en écrasant Aci sous un jet de rocher. 

          Donnée d’une traite pour conserver l’intensité d’un drame bouleversant et servi par trois chanteurs d’exception, la cantate a révélé toute sa théâtralité. Les récitatifs passionnés et passionnants alternaient avec des airs d’une redoutable difficulté. Les trois solistes lyriques réunis pour l’occasion n’avaient pas à proprement parler des voix parfaitement ‘belles’, quoique, mais plutôt des timbres hors du commun, des voix extrêmement typées, adaptées à chacun des rôles.

          A commencer par la surprenante voix de David Hansen qui frappe haut et fort dans les aigus, le tout avec puissance. Une voix si haute qu’elle tend à siffler voire claironner et qui pourrait aisément déplaire à certains. On tient là pourtant, un Aci étonnamment viril doté d’une forte personnalité qui donne un coup de fouet aux récitatifs tout comme aux arias. Divin ‘Qui l’augel’ et déchirant ‘Verso gia l’alma’.

          Son amante, la Galatea de Vivica Genaux contraste idéalement avec la voix haute du contre-ténor. En effet, le somptueux mezzo-soprano (voire contralto) de velours de cette chanteuse offre au rôle une variété infinie de notes allant du plus clair au plus obscur. Sa fascinante virtuosité ‘Benche tuoni’ alliée à une sensibilité à fleur de peau ‘Se m’ami, o caro’ ou ‘Sforzano a piangere con piu dolor’ rend le personnage vibrant d’humanité. 

          Enfin la tessiture quasi inhumaine du cyclope Polifemo est assurée avec brio par le baryton-basse Nicolas Brooymans. Il nous dépeint un cyclope, certes cruel mais surtout amoureux et touchant au point de nous attendrir dans ses airs lents ‘Non sempre, no crudele’. Il en restitue toute l’émotion et nous laisse pleinement profiter de son beau timbre qui passe du crémeux du baryton aux notes caverneuses de la basse. On notera toutefois un léger manque de flexibilité dans les vocalises et des notes extrêmes pas toujours très jolies (partie centrale de l’air ‘Fra l’ombre’).

          Trois voix qui ont su donner pleinement vie à cette exquise pastoraleet et la rendre passionnante. Une réussite portée avec passion par les musiciens de l’ensemble Vespres d’Arnadi et leur chef Dani Espasa.

                                                                  Ruggero Meli