HALLE : FESTIVAL HAENDEL weekend n°2 & 3, 02-04 & 09-11.VI.2023 Jubilatoire

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HAENDEL Le Messie, 02.VI.2023 ★★★★☆

Vendredi 02.VI.2023 à 17h, Marktkirche 

Le Messie HWV 56, oratorio de G. F. Haendel

Capella Angelica

Lautten Compagney Berlin

Direction musicale: Wolfgang Katschner

Un Messie traditionnel mais très frais

          Après l'étrange mais très intéressante version du Messie en italien de la semaine dernière, voila que l'oeuvre est reprogrammée au Festival Haendel de Halle. Cette fois, dans sa version la plus traditionnelle, en anglais, avec une distribution classique : soprano, contralto, ténor et baryton-basse. La baguette a été confiée pour l'occasion à l'impétueux Wolfgang Katschner, à la tête de son ensemble Lautten Compagney Berlin. Étonnamment, il nous donne à entendre un Messie lisse, propre, presque trop sage au vu de ce à quoi il nous a habitué dans ses interprétations haendéliennes: ajouts d'instruments, partition amplement modifiée, etc... Rien de tout cela ici. Il a choisi de faire entendre une version plus religieuse de l'oeuvre. Pas de surprise au niveau des tempi non plus. Cette interprétation paraîtrait un brin austère si le chef n'avait pas insufflé une certaine fraîcheur à son interprétation ainsi qu'à ses troupes. Notamment au chœur de la Capella Angelica, qui semblait un peu chiche : 3 basses, 4 ténors, 4 altos et 5 sopranos.  Tout ce beau monde, sonnait de façon uniforme et bénéficiait d'un subtil équilibre des pupitres mais surtout d'une étonnante et généreuse projection. Mention spéciale pour les sopranos absolument solaires. 

          Le plateau réuni pour l'occasion s'est révélé de bonne tenue, allant crescendo du baryton à la soprano. En effet, nous aurions pu espérer davantage de sons caverneux et de conviction interprétative de la part de Florian Kontschak. Toutefois, il s’acquitte honorablement de sa partie. 

          Le ténor Florian Sievers, qui accusait de certaines faiblesses parfois, a su imposer sa voix virile. Son art subtil, qui consistait à faire alterner douceur et force vocale, constituait son atout majeur. 

          La mezzo-soprano Marie Henriette Reinhold, nous a gratifié de sa voix chaude et souple, mais aussi d'une force de caractère bien appréciable. Mention spéciale à ses da capo inventifs et très personnels. 

          Enfin, la soprano Hanna Herfurtner nous a enchanté de sa voix claire, brillante et fraîche. Son souffle dans les vocalises n´a jamais faibli. Toutes ses interventions ont contribué à magnifier la partition de l´enfant de Halle.

Ruggero Meli

Hanna Herfurtner, soprano
Lautten Compagney Berlin

Hilary Cronin, 03.VI.2023 ★★★★★

Dimanche 03.VI.2023 à midi, Händel-Haus Lunch-Konzert III: 

Francesca Cuzzoni, la diva de Haendel avec la soprano Hilary Cronin - grande gagnante du concours Haendel de Londres 2021

Airs de G. F. Haendel tirés de Giulio Cesare, Tamerlano, Rodelinda & Semele.

Hilary Cronin, soprano

Asako Ogawa, clavecin 

En collaboration avec le London Handel Festival

Hilary Cronin, soprano

Un rossignol est né !

          Dès les premières notes, nous comprenons pourquoi la soprano Hilary Cronin, encore méconnue du grand public, a remporté le concours Haendel de Londres en 2021. En effet, la qualité de son soprano a déjà tout d’un grand. Le timbre est radieux, la voix est flexible à souhait, las aigus sont faciles et le medium et bas medium bénéficient d'une étonnante consistance. Le plus surprenant réside dans sa capacité à charger d'harmoniques et d'intensité ses notes hautes. Cerise sur le gâteau, les trilles dont elle a agrémenté l'air de Semele "Endless pleasure" (donné en bis) sont divins

           Le concert s’articulait autour de trois figures majeures des plus grands opéras de Haendel : Giulio Cesare (3 airs de Cleopatra), Tamerlano (3 airs d’Asteria) et Rodelinda (3 airs du rôle titre) que la célèbre soprano Francesca Cuzzoni, star de Haendel, interprétait brillamment dit-on. Dailleurs, un spectateur se serait levé après qu'elle ait chanté l'air 'Sen' vola lo sparier' (Admeto) pour crier "Damn me, she has a nest of nightingales in her belly!" (Mon Dieu, elle a un nid de rossignols dans le ventre). C'est exactement ce qu'on aurait aimé crier à la sublime soprano Hilary Cronin que l'on espère revoir au plus vite.

Ruggero Meli

HAENDEL Foundling Hospital Anthem & Fasch Messe, 03.VI.2023 ★★★☆☆

Samedi 03.VI.2023  16h Konzerthalle Ulrichskirche

Rencontre musicale: G. F. Händel & J. F. Fasch 

Haendel : Foundling Hospital Anthem "Blessed are they" HWV 268

Fasch : Messe

Sara Mengs, soprano

Anna Kunze, contralto

Stephan Scherpe, ténor

Frieder Flesch, basse

Choeur universitaire „Johann Friedrich Reichardt”

Telemannisches Collegium Michaelstein 

Direction : Jens Lorenz

Une interprétation modeste mais intéressante

           Subtil concert en miroir que celui proposé par les forces locales : le choeur universitaire Johann Friedrich Reichardt et l'orchestre Telemannisches Collegium Michaelstein, tous sous la direction attentive de Jens Lorenz. En effet, la très rare et solaire Antienne pour le Foundling Hospital de Haendel précédait une messe de Fasch plus empreinte de piété tout en favorisant de grands effets à coups de timbales et cors. Les interventions solistes qui étaient plus longues chez Haendel, se sont révélées bien brèves et plus nombreuses chez Fasch. Haendel surprend en ouvrant sa pièce musicale par un solo de ténor (sans ouverture) tandis que Fasch commence de façon plus traditionnelle. En revanche, personne ne peut rivaliser avec l'incomparable final de Haendel car l’œuvre s'achève par le fameux Alléluia du Messie. Une interprétation pleine de sincérité qui même si elle ne démérite pas, n'a pu dissimuler le côté amateur de ce concert. Même chose du côté des solistes : quatre jeunes voix, bien typées, en devenir. 

Ruggero Meli

le choeur universitaire Johann Friedrich Reichardt

cantates de GRAUN & HAENDEL, 03.VI.2023 ★★★★★

Samedi 03.VI.2023 19h, Leopoldina Metamorphosis 

Graun : cantate pour soprano 

Haendel : cantate 'Apollo e Dafne' pour soprano et baryton

Sophie Junker, soprano 

Tomáš Král, baryton

{oh!} Orkiestra 

Direction : Martyna Pastuszka (violon)

En collaboration avec le Klangvokal Dortmund



Sophie Junker & Tomas Kral

Une splendeur !

          Après une pièce orchestrale festive et vivifiante de Telemann, le public a le privilège de découvrir une très rare cantate de Graun, interprétée par la divine soprano Sophie Junker. Une cantate composée de deux airs et quelques récitatifs. On retiendra surtout le premier air qui a fait notamment valoir une série de brillantes notes piquées que la soprano a magnifié dans son da capo au gré de cadences et fioritures spectaculaires. 

          Avec la cantate Apollo e Dafne, le public assiste à un véritable jeu d’acteur surtout de la part de Tomas Kral qui fait irruption du fond de la salle pour tenter de séduire désespérément Dafne au point de se dévêtir et de la harceler. Le timbre, même s´il manque de quelques notes graves, est somptueux et tellement voluptueux, surtout dans les parties lentes. qui permettent à l´interprète de déployer tout le crémeux et le soyeux de sa voix. L´auditoire rit, tremble, s’émeut. La cantate, sous ses traits et sa voix, prend véritablement vie. 

          Sophie Junker, plus sage, s’offusque, le repousse, l’évince même, avec grande classe mais surtout dans une irrésistible interprétation vocale. On ne saurait dire quel est l´air qui a fait le plus d’effet : le délicieux 'Felicissima' ou l’indigné ‘Ardi, adori’, tant ils nous ont séduit, grâce à la voix fruitée, solaire, facile et brillante de cette interprète d´exception. Étonnamment, l’air ‘Come in ciel’ a été pris à un tempo extrêmement lent dans une interprétation en sourdine. D’abord peu convaincu de ce choix interprétatif, nous avons dû rendre les armes lors d´un da capo absolument sublime qui nous a tiré les larmes.  

          En bis, Sophie Junker a redonné l'air ‘Ardi, adori’, plus fougueux encore que la première fois, emportée par un orchestre déchaîné par la tempétueuse cheffe Martyna Pastuszka, toujours souriante, inspirante et débordante d’énergie.

Ruggero Meli

Raffaele Pe, Giulio Cesare 04.VI.2023 ★★★★★

Dimanche 04.VI.2023 11h Aula der Martin-Luther-Universität Festkonzert 

Raffaele Pe : Giulio Cesare - Héros Baroque 

Œuvres de G. Giacomelli, A. Pollarolo, N. Piccinni, F. Bianchi & G. F. Händel 

Direction : Elisa Citterio 

Raffaele Pe, contre-ténor

La Lira di Orfeo

Raffaele Pe héros moderne

          Alors que le contre-ténor Raffaele Pe vient tout juste de terminer une série de performances de l’opéra Giulio Cesare de Haendel à l’opéra de Cologne, la figure de César ne semble plus le quitter. En effet, il proposait en ce dimanche 4 juin 2023 un programme entièrement dédié à ce héros mythique qui inspira bien des compositeurs. Un programme qu'il avait enregistré en 2017 pour le label Glossa et que nous avions eu la chance de vivre live au festival de La Valette en janvier 2020. Bien du chemin a été parcouru depuis et le programme a évolué et semble comme régénéré. Le choix des airs est pertinent, le contre-ténor sait ce qui sied le mieux à sa voix. On peut alors admirer l’élégance et la prestance de son 'Presti omai', admirer le combattant dans 'Al lampo dell’armi' ou sa rageuse colère dans 'Empio diro tu sei', mais aussi se laisser porter par la douceur et la délicatesse de sa mezza voce dans l´ineffable 'Spargi omai' de Piccinini. au point d´en fermer les yeux d'extase. Et malgré quelques sons pas toujours très peu agréables ou parfois quelques notes hautes forcées ou tendues, le contre-ténor sait, comme personne, faire le show. Son Cesare devient crédible et prend vie. Il danse, dirige, explique, interprète avec force et conviction (sans partition) et met à profit ses vocalises et autres cadences infernales pour rendre ce spectacle un brin rock n’roll. Raffaele Pe est un artiste qui se donne totalement à son art et au public. Pour se faire, il etait soutenu par son orchestre La Lira di Orfeo, réactif et vivifiant, mené tambours battants par Elisa Citterio, violoniste survoltée. 

Le programmel déjà très dense et pas des plus faciles, a été généreusement agrémenté de quatre bis. 

Son incarnation de Cesare n’a pas fini d´émouvoir car déjà se profile une production à l’opéra de Rome. Nous ne manquerons pas de nous en faire l’écho.

Ruggero Meli

Filippo Mineccia, Orlando 04.VI.2023 ★★★★★

Dimanche 04.VI.2023 17h Leopoldina 

Orlando : Amore - Gelosia - Follia avec Filippo Mineccia & l'ensemble The New Baroque Times 

Œuvres de G. F. Händel, A. Steffani, N. Porpora e. a.

Filippo Mineccia, contre-ténor

The New Baroque Times

Un programme subtil et envoûtant

          Somptueux programme que celui proposé par Filippo Mineccia, que nous avions déjà pu apprécier lors de la sortie de son enregistrement autour de la figure d’Orlando. Un voyage musical qui fait passer l’auditeur par différentes atmospheres : tantôt vaporeuses ou nocturnes (comme si nous étions dans un rêve) ‘Ombre amiche’, tantôt faites d’intenses déclamations (réveil d’Orlando) au travers de récitatifs accompagnés et d’airs sulfureux. Le tout empreint d’une théâtralité passionnée, passionnante. Le chanteur nous fait entrer dans un monde fantasmagorique, fait de créatures imaginaires ou de fantômes qui le hantent et le poussent à la folie ‘Vaghe pupille’. Sans images, ni mise en scène, son spectacle est éminemment réaliste et invite le spectateur à s’évader dans un imaginaire extrêmement sensoriel et tellement émouvant (‘Sol da te’). Son spectacle et programme, savamment conçu, avance dans une continuité ininterrompue et forme un tout.  

          Même si certaines parties de la voix sont comme éteintes ou si certaines notes aiguës sonnent forcées, Filippo Mineccia ne se laisse pas ébranler et assure un show des plus brillants. Son implication est totale et l’intensité qu’il confère à toute cette musique suscite l’admiration. Véritable show man, il sait tenir le public en haleine et gérer ses effets.  

Un concert spectaculaire !

Ruggero Meli

HAENDEL LOTARIO 09.VI.2023 ★★★★★

Vendredi 09.VI.2023 19h30 Opera de Halle 

Georg Friedrich Haendel : Lotario HWV 26 (version de concert

Musikalische Leitung: Attilio Cremonesi // Solist*innen: Francesca Lombardi (Adelaide), Anna Bonitatibus (Matilde), Carlo Vistoli (Lotario), Rafał Tomkiewicz (Idelberto), Krystian Adam (Berengario), Ki-Hyun Park (Clodomiro) // In Kooperation mit dem Händelfestspielorchester Halle – Konzert im Rahmen der Reihe „Händels Welt“ 

Version écourtée mais passionnante

          Nous arrivons presque au terme de trois semaines de festival et arriver au terme de cette passionnante édition du festival Haendel de Halle, une rareté attendait les passionnés : une représentation unique de l’opéra Lotario. Une partition qui recèle pourtant bien des surprises et de petits bijoux d’airs même pour les petits rôles. Quelques déconvenues cependant, la défection de Karina Gauvin et une partition pénalisée par pas mal de coupes : denombreux da capo manquent à l’appel. Une fine équipe de solistes a été réunie pour l’occasion soutenue par un Attilio Cremonesi vivifiant et à la tête des Handel.’’’’’ Bien préparé Dans le rôle titre, l’excellent Carlo Vistoli assurait brillamment. Sa force expressive n’avait d’égal que des prouesses vocales, hors normes pour un contre-ténor. Les moyens sont énormes, et la facilité avec laquelle il déjoue tous les écueils d’une partition pas si facile, laisse pantois. Pourtant au fur et à mesure que la soirée avançait, une certaine fébrilité s’est faite ressentir et une annonce a été faite que l’interprète pouvait s’arrêter à tout moment pris d’un malaise et de fièvre. La chaleur qui régnait dans la salle n’a pas aidé non plus (plusieurs malaises parmi les spectateurs). Il a pourtant été au bout de la partition avec panache et prestance. Son Lotario jouissait d’une noblesse et d’une autorité qui suscitait respect et admiration. Mais ce sont bien les pages élégiaques qui ont fait le plus grand effet, notamment l’air “Non pelegrino” qui a fait fondre la salle A ses côtés, la …. Interprétée par la soprano Francesca Lombardi Mazzuli, n’a pas démérité, notamment lors d’un divin et sublime duo qui a constitué l’un des highlights de la soirée. Et même si la chanteuse était en carence d’aigus bien ronds et faciles, cela ne l’a pas empêché de briller dans le très attendu “Scherza in mar” pris à un rythme particulièrement virtuose dans lequel elle s’est amusée avec dextérité à décaler certaines notes de façon jazzy et le rendre plus pétillant encore. Alors que Krystian Adam ne nous avait pas totalement convaincu dans le rôle d’Oronte dans l’opéra Alcina il y a qq mois à Versailles puis à Caen, il s’est montré impérial ici. Impressionnant d’expressivité, de projection, de clarté du texte, il a su rendre justice à ce rôle particulier de barytenor en alliant les deux tessitures avec homogénéité, aplomb et panache. Chacune de ses interventions a suscité admiration. La mezzo-soprano Anna Bonitatibus, force tranquille, connaît son métier, très professionnelle elle s’est montrée impériale de subtilité et de pianissimi. Très concentrée, elle dépeint une mère douce mais déterminée voire autoritaire. Dommage qu’elle semblait chanter plus pour les micros que pour le public. Son fils Rafal Tomkiewicz, admirable d’engagement et d’enthousiasme a été remarquable Il ne lui manquait guère qu’un air virtuose pour pouvoir totalement briller. Mais son air implorant sa mère, déchirant,

Ruggero Meli

Julian Prégardien, ténor 09.VI.2023 ★★★☆☆

Airs de Georg Friedrich Haendel pour le ténor Francesco Borosini tirés de Giulio Cesare, Tamerlano & Rodelinda

Julian Prégardien, ténor

La Cetra Barockorchester Basel

'Svegliatevi nel core' (Giulio Cesare)

'Sequiro tanto…Scorta siate' (Giulio Cesare)

'Ciel e terra' (Tamerlano)

'Forte e lieto' (Tamerlano)

'L’angue offesa' (Giulio Cesare)

'Tutto lice…Sperai ne m’ingannai' (Giulio Cesare)

'Fatto inferno…Pastorello' (Rodelinda)

Bis 1 : 'Un momento di contento' (Alcina)

Bis 2 : 'Ciel e terra' (Tamerlano)

Un ténor rock n'roll

          

HAENDEL RINALDO 10.VI.2023 ★★★★☆

Sonntag, 11.06.2023  |  14:30 Uhr  | Goethe-Theater Bad Lauchstädt Rinaldo HWV 7b mit Xavier Sabata - als Regisseur und als Rinaldo - und der Capella Cracoviensis Oper von G. F. Händel // Aufführung in der Fassung von 1731 // Musikalische Leitung: Jan Tomasz Admaus // Inszenierung: Xavier Sabata // Bühne: Xavier Sabata // Kostüme: Małgorzata Chruściel // Visualisierungen: Daniel Riera // Choreografie: Jaume Sangrà // Licht: Ada Bystrzycka // Solist*innen:Xavier Sabata (Rinaldo), Natalia Rubis (Almirena), Jorge Navarro Colorado (Goffredo), Mary-Ellen Nesi (Armida), Etienne Walch (Argante), Jarosław Kitala (Mago/Eralodo/Doctore) // Capella Cracoviensis // Aufführung nach der Hallischen Händel-Ausgabe in italienischer Sprache mit deutschen Übertiteln // In Koproduktion mit der Capella Cracoviensis

Rinaldo chez Orlando

          Spectacle déroutant que celui de Xavier Sabata qui a choisi de nous emmener au travers une quête du bien être et de la réalisation de soi même par le processus de la renaissance. Rinaldo est comme amorphe, comme dénué de vie malgré les encouragements des autres personnages. Il nous donne l’impression d’être le prolongement de son Orlando du même Haendel dans un état de fébrilité voire de ceniIite avancée. Il semble partagé et indécis à choisir le bien du mal et veut même en finir avec la vie en tentant de se jeter dans la fosse. Après avoir été secoué par Almirena, il sort enfin de son état végétatif et entre dans un processus de ‘rebirth’ et redécouvre les beautés de la vie imagée par une nature généreuse et luxuriante. Pas sûr que le spectateur s’y retrouve dans tout cela. D’autant qu’il s’agit d’une version différente de Rinaldo, privée de sous-titres de surcroît. Difficile de savoir qui chante quel rôle car Armida est chantée ici par une mezzo-soprano et Argante par un contre-ténor. Une version fort intéressante, écrite de la main de Haendel, qui a baissé la tessiture de Rinaldo pour un contralto et dont certains airs sont chantés par des personnages différents tel que l’air ‘Ah crudele’ chanté ici par Almirena alors que dans la version traditionnelle il est attribué à Armida. Des airs provenant d’autres œuvres, deux airs de Lotario notamment (oeuvre entendue deux jours avant). Le rôle ainsi transposé plus bas sied extrêmement bien au contralto chaud et suave de Xavier Sabata. Même si l’interprète possède des vocalises fluides et vives extrêmement virtuoses, il tient sa force dans les airs élégiaques, la où il a le temps de poser sa voix et de caresser les airs. Divin ‘Cara sposa’. En revanche son amante Almirena, interprétée par la soprano Rubis, ne possédait pas cette qualité. La ligne de chant scabreuse, vocalises pas très nettes, manque de subtilité, notes hautes stridentes,  etc… Maillon faible de la distribution En revanche Colorado a été admirable de bout en bout du rôle. Notamment dans son premier air dont les vocalises infinies en décourageraient plus d’un. Quel souffle ! En pleine maîtrise de sa voix, il vogue allègrement entre le baryton et le ténor. Impressionnante Armida de MEN qui a su faire grand effet. La vocalise est facile sonore et véhémente. Le contre-tènor Étienne Walsh quant à lui a fait montre d’un timbre velouté et séduisant. Peut-être un brin trop gentillet pour le rôle. Enfin le petit rôle du magicien (un seul air) aura été la révélation de la soirée. Timbre magnifique, voix profonde et souple, il n’a fait qu’une bouchée de son air avec une aisance confondante. Il nous a fait regretter de ne pas pouvoir en entendre davantage. Malgré des intentions louables, la mes reste bien opaque présenter une vision manichéenne Persécuté par ses démons qui veulent le rattraper sous la forme d’un personnage masqué tout de blanc vêtu Mention spéciale au danseur pour sa souplesse et ses acrobaties Chorégraphie

Ruggero Meli