Jodie DEVOS au festival de FENETRANGE 17.IX.2021

 Vendredi 17 SEPTEMBRE 20H  Collégiale Saint-Rémi - FENETRANGE 

Jodie DEVOS, soprano colorature  

Orchestre de l’Opéra de Lorraine

Eric LEDERHANDLER, direction  


Autour d'airs d'opéra écrits pour Aloysia Weber

Programme annoncé / Programme réalisé

Ouverture de Lucio Silla K. 35

"Ah, lo previdi" K. 272

"Vorrei spiegarvi, oh Dio" K. 418

"Mia speranza adorata - Ah non sai" K. 416

***

"Et incartatus est" (Messe en ut mineur KV. 427 / 417a)

Symphonie n° 38 "Prague" K. 504

"Deh vieni non tardar" (Le Nozze di Figaro) K.492

"Non che non sei capace" K.419

"Batti, batti" (Don Giovanni)

"Nehmt meinen Dank"


          A voice to follow! Exquisite, delicate, subtile, fascinating: Jodie Devos is all this. Her Mozart arias are something special. Unfortunately, she had a sudden fainting spell in the middle of the aria "Vorrei spiegarvi". We do hope she will get well soon and offer the audience of the Fénétrange Festival another recital next year.

          Il y a des chanteurs d’opéra qui vous charment dès les premières notes. C’est le cas de la soprano belge Jodie Devos, dont la voix suave, ronde, franche, fraîche et capiteuse à la fois et dont le timbre fruité et enjôleur ont conquis l'église de Fénétrange en l’espace de quelques secondes. Nul besoin de notes pyrotechniques ou de vocalises endiablées pour rayonner. Seules les qualités intrinsèques d’une voix naturellement belle auront suffi. On se délecte alors d'un phrasé exemplaire, d’une ligne de chant idéale pour interpréter Mozart, unique compositeur au programme en cette soirée du vendredi 17 septembre dans le cadre du festival annuel de Fénétrange.           

          Le premier air de concert de Mozart intitulé "Ah, lo previdi", s’apparente à une véritable scène d’opéra de plus de dix minutes, il explore tous les états d’âme du personnage que Jodie Devos incarne avec subtilité et une palette de sentiments claire obscure. Son aplomb et son expressivité à fleur de peau rendent le texte vibrant et font de son Andromède, tantôt une furie vengeresse, tantôt une princesse transie de douleur qui tente désespérément de retenir l’âme de son défunt amant.            

          Nous savons combien les airs de concert de Mozart sont techniquement redoutables et nécessitent un lâcher-prise pouvant mettre n’importe quel interprète en grand danger. C’est le cas du périlleux « Vorrei spiegarvi o Dio » dans lequel la voix est supposée planer en compagnie du hautbois. Jodie Devos va plus loin encore: avec une sensibilité toute épurée, une voix qui vous met littéralement à genoux, les mains jointes. Mais alors que la partition arrive à son point culminant, avec ses notes suraiguës, la voix flanche soudain, la soprano se prend le visage dans les mains un court instant, se reprend et poursuit fébrilement d’abord puis sereinement. Pourtant après quelques portées, elle cherche le regard du chef, lui glisse quelques mots et sort de scène, s’allonge à même le sol sur le côté de l’église. Il s’agit d’un malaise vagal. Arrêt net du concert, et pause prolongée. Le public est sous le choc et doute franchement que la chanteuse puisse reprendre après un tel événement.            

          L’entracte passé, l’orchestre de l’opéra de Lorraine, très fourni pour l’occasion, reprend le concert avec la symphonie n° 38 dite « de Prague » K. 504, mêlant élégance et force dans le premier mouvement, poésie et jubilation dans le deuxième, pour finir dans un dernier mouvement contrasté, festif et enthousiasmant. Une partition fort bien menée par le chef Eric Lederhandler, qui compense une ouverture de Lucio Silla un peu trop sage en début de programme. Alors que les applaudissements se prolongent, et que le public est dans l'expectative, oh surprise, Jodie Devos revient, radieuse, un brin confuse mais chaleureusement encouragée par les applaudissements nourris du public.             

          Trois airs vont alors s’enchaîner, certes plus « modestes » que les redoutables airs de concert à la pyrotechnie inhumaine, même si l’on sait que Mozart n’est jamais facile. Le public peut alors savourer l’air de la délicieuse Zerlina « Batti, batti » tiré de l’opéra Don Giovanni, ou bien encore la simplicité toute de sincérité du lied « Nehmt meinen Dank ». Mais ce sera surtout l’air de Susanna des Noces de Figaro « Giunse al fin il momento » tout de légèreté, qui retiendra l’attention et finira par nous subjuguer. Nous restons admiratifs devant tant de courage, car remonter sur scène après un tel incident était loin d’être simple, il fallait être une véritable Amazone pour pouvoir réaliser un tel exploit. Espérons que l’on pourra vite retrouver cette artiste d’exception qui devait d'ailleurs donner un récital baroque l’an dernier à l’Arsenal de Metz (Divine battle: Haendel versus Bach) mais la pandémie en a décidé autrement Signalons la parution discrète d’une captation vidéo d’un concert baroque absolument époustouflant par la soprano Jodie Devos sous la direction de Julien Chauvin donné à la galerie dorée du château de Versailles. Un must !