Cologne : Hongni Wu et l’ensemble Resonanz 11.II.2025

Hongni Wu, une prestation en demi teinte

Cologne, philharmonie le 11.II.2025, 20h

Hongni Wu, mezzo-soprano

Ensemble Resonanz 

Dir. Riccardo Minasi


Pietro Antonio Locatelli 

Sinfonia funebre f-Moll (»Composta per l’esequie della sua donna che si celebrarono in Roma«)


Georg Friedrich Haendel

'E vivo ancora?...Scherza infida in grembo al drudo'. récitatif et air d'Ariodante aus: Ariodante HWV 33


Luigi Cherubini

'Ah, nos peines', air de Neris de l'opéra Médée.


Georg Friedrich Haendel

'Sta nell'Ircana pietrosa tana', air de l'opéra Alcina HWV 34


Pause


Ludwig van Beethoven

Sinfonie Nr. 3 Es-Dur op. 55 ('Symphonie héroïque') 

           L’ensemble orchestral Resonanz se produisait ce mardi 11 février 2025 à la Philharmonie de Cologne dans un programme quelque peu déroutant de prime abord. En effet, la première partie baroque avec notamment la performance de la mezzo-soprano chinoise Hongni Wu, laissait place à Ludwig Beethoven et sa symphonie n*3 dite héroïque dans la seconde. A priori pas vraiment de lien entre ces deux parties mais certainement la volonté d’aborder tous les répertoires. Pas étonnant alors que l’ensemble ait eu recours au chef invité Riccardo Minasi. Un maestro qui a longtemps œuvré dans le domaine de la musique baroque notamment lorsqu’il était à la tête de l’ensemble Il Pomo D’Oro. Mais depuis quelques années il se consacre essentiellement à des répertoires plus tardifs (Rossini, Poulenc, etc…). De toute évidence, Beethoven sied mieux à cet ensemble que le baroque. En effet, la symphonie de Beethoven a sonné éclatante soulignant l’aisance d’un orchestre rompu à ce répertoire. Attentif aux moindres inflexions d’un chef rigoureux, souple, cinglant et élégant tout à la fois, l’ensemble a su mettre en tension les contrastes saisissants de l’écriture tumultueuse d’un Beethoven bien inspiré. 

          Nous n’avons pas boudé notre plaisir pour autant dans la première partie mais l’orchestre n’atteignait pas vraiment ce même niveau d’excellence. 

Heureuse découverte que cette symphonie funèbre de Locatelli : une entrée en matière détonnante par sa ferveur sombre et ravageuse. Après ce petit bijou, le public accueillait la mezzo-soprano Hongni Wu, une artiste encore méconnue avec laquelle le maestro Riccardo Minasi avait préalablement travaillé sur une production de l'opéra La Cenerentola de Rossini au théâtre Carlo-Felice de Gênes. Au programme, deux airs de Georg Friedrich Haendel et un de Cherubini. Dans une superbe robe fuseau de velours noir parée d’une traîne couleur or, l'arrivée de la diva a fait d’emblée sensation auprès du public. Après un ‘Scherza infida’ partagé entre chagrin et colère, mais surtout empreint d'une gestuelle fort affectée, l'air de Luigi Cherubini 'Ah, nos peines', nous a paru plus sobre et touchant. Soulignons l'excellente diction du français. La chanteuse terminait son programme avec un air martial et enthousiasmant tiré de l’opéra Alcina de Haendel ‘Sta nell’Ircana’. Une prestation somme toute d’un bon niveau mais loin d’être flamboyante. Son mezzo tire davantage vers le soprano et sa voix est suffisamment souple pour pouvoir aligner les redoutables vocalises de cet air. Chose suffisammemt rare pour ne pas le signaler, relevons les superbes trilles que l'interprète a su 

mettre en valeur. 

          Avec sa prestance physique, Hongni Wu a su s’imposer et séduire le public même si vocalement elle manquait de panache. Récemment Juliette Mey ou encore Sophie Rennert, pour ne citer que les récentes prestations entendues live, faisaient de cet air un véritable feu d’artifice.

                                                                                                 Ruggero Meli

Hongni Wu, mezzo-soprano
Ensemble Resonanz