Festival de Pontoise : 'Tragic Handelian Figures' 8.X.2023
Jolie découverte au festival baroque de Pontoise : la soprano Appoline Raï-Westphal
Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759) :
cantate ‘Notte placida e cheta’, HWV 142 (1708)
Arcangelo Corelli (1653-1713) :
Sonata da chiesa op. 3 n° 11, en sol mineur
Sonata da camera op. 2 ° 12, en sol majeur
Ciaccona (largo, allegro)
Georg Friedrich HÄNDEL (1685-1759)
Giulio Cesare, HWV 17 (1724)
aria ‘Cara speme’
aria ‘Svegliatevi nel core’
Arianna in Creta, HWV 32 (1734)
aria ‘Son qual stanco pellegrino’
Sonate en trio op. 2 n° 1, en si mineur, HWV 386b (1733)
cantate ‘Agrippina condotta a morire’, HWV 110 (ca 1707-1709)
Bis : aria ‘Piangero la sorte mia’ (Giulio Cesare)
Le festival baroque de Pontoise a toujours eu à cœur de valoriser les jeunes artistes soutenus par des artistes confirmés voire prestigieux. C’est le cas en ce concert haendélien lors duquel le public a pu découvrir la jeune soprano Apolline Raï-Westphal en compagnie de quelques membres du fameux ensemble Les Talens Lyriques, dirigés par leur chef et claveciniste Christophe Rousset.
Des artistes que nous avions pu apprécier trois jours plus tôt au festival d’Echternach, devant une salle désespérément vide, alors qu’ils proposaient un programme baroque passionnant autour des figures de Purcell et Haendel en compagnie de l’excellent ténor Ian Bostridge. A Pontoise, le public était nombreux en la cathédrale Saint-Maclou pour écouter deux cantates et quelques airs du Caro Sassone. Le programme, savamment construit, et taillé sur mesure pour la chanteuse, débutait ‘gentiment’ avec une cantate à la naïveté touchante, qu’Apolline Raï-Westphal a su admirablement mettre en valeur par sa fraîcheur, sa spontanéité et un timbre intéressant qui tire sur le mezzo-soprano. Pas étonnant alors que le programme enchaînait des airs du personnage Sesto de l’opéra Giulio Cesare, un jeune homme avide de vengeance dont le rôle avait été créé pour La Durastanti, une mezzo-soprano qui collabora longtemps avec Haendel. Même si notre jeune chanteuse n’a pas démérité, elle ne possède pas encore le tempérament de rendre toute la plénitude à cet air magique qu’est ‘Cara speme’. Un air qui devrait véritablement mettre le public en lévitation. Quant à l’air ‘Svegliatevi nel core’, la colère affichée nous a semblée bien timide alors que l'on sait que Sesto vient de découvrir la tête décapitée et sanguinolente de son géniteur Pompeo.
Cependant, la seconde partie de ce concert nous a fait davantage vibrer. Notamment avec le highlight de ce concert et l’interprétation extrêmement touchante du sublime ‘Son qual stanco’ tiré de l’opéra Arianna in Creta. Un air sublimé par le velouté du violoncelle d’Emmanuel Jacques qui nous a tiré les larmes. Enfin, la dernière pièce au programme, la cantate ‘Agrippina condotta a morire’ a su révéler le talent dramatique de la soliste. Les récitatifs claquent et les airs prennent relief et théâtralité sous les effets contrastés de l’interprétation. Une interprétation vibrante qui a su révéler le caractère désespéré, affligé et tragique d’une mère prête à tout pour son fils Nerone.
Une artiste en devenir avec un beau potentiel, à qui nous souhaitons de faire une grande carrière. Merci au festival de Pontoise de nous l’avoir faite découvrir.
Ruggero Meli
Christophe Rousset
Les Talens Lyriques