Handel Giulio Cesare London 07.III.2020

LONDON: Handel Giulio Cesrae

Hackney Empire — 7th March 2020 - 7:30 pm 

Conductor: Jonathan Peter Kenny

Director: James Conway

Designer: Cordelia Chisholm

Lighting Designer: Mark Howland

          English Touring Opera staged a rather sober Giulio Cesare, served by a strong cast with three excellent countertenors (Cesare, Tolomeo and Nireno), a brilliant Cleopatra and an amazing Sesto, all clad in ravishing XVIIIth century costumes.

          Un décor unique représentant la salle d'un luxueux mais sobre palais égyptien. Un escalier mène à une estrade en fond de scène. Un décor plutôt sobre donc couplé à une mise en scène sage et certainement en manque de drame. Heureusement, la distribution réunie en cette soirée londonienne valait le déplacement. Une équipe dirigée par le chef et ancien contre-ténor Jonathan Peter Kenny pris d'une urgence à tout enchaîner et tout diriger d'une battue tonique (sauf bizarrement le duo final). Une course contre l'ennui ? A noter quelques ajouts d'un bel effet comme l'entrée en matière du chœur (au balcon) rehaussé du tambourin et par le personnage Curio.

          La surprise est venue du très enthousiasmant contre-ténor Clint van der Linde en Giulio Cesrae absolument crédible et bien chantant. Il s'est particulièrement distingué dans l'exécution de vocalises et autres cadences décochées avec un aplomb, une rapidité et une facilité déconcertants comme dans l'air "Quel torrente". Admirable dans toutes ses interventions, il ne manquait peut être à l'interprète qu'une pointe de poésie, notamment dans sa méditation "Ombra del Gran Pompeo" certainement dû à la rapidité du tempo pris par le chef. Heureusement, il a pu s'épancher à volonté dans le très sensible "Aure deh per pieta". 

          Le deuxième contre-ténor de la soirée, Paul-Antoine Bénos-Djian en Tolomeo s'est également distingué par son engagement et une prestation vocale qui n'appelle que des éloges. Nous l'avions déjà entendu avec bonheur dans le rôle de Rinaldo avec le Caravansérail sous la direction de Bertrand Cuillier ainsi que dans le petit rôle de Nireno de Giulio Cesare. Il ne lui reste plus qu'à chanter le rôle-titre de Cesare, il en a les moyens. La voix comme le physique voulu par le metteur-en-scène oscille entre dandy efféminé et tyran sanguinaire. Un personnage fort réussi qui culmine dans un air tel que "Se spietato". 

          Mais c'est peut-être la mezzo-soprano Kitty Whately dans le rôle de Sesto qui a le plus impressionné. Voix longue et sombre, dotée de notes aiguës rageuses tout à fait adaptées à ce personnage assoiffé de vengeance. Quelle mauvaise idée de lui avoir coupé l'un des airs les plus beaux de la partition "L'angue offeso". Heureusement le public a eu droit à un moment magique avec un "Cara speme" plein d'intériorité et d'émotion. 

          Sa mère, Cornelia en revanche, interprétée par la mezzo-soprano Ann Taylor, s'est révélée un peu moins convaincante mais somme toute efficace, pas toujours très à l'aise dans les notes basses du rôle, en plus de posséder un vibrato un peu trop envahissant. Son duo avec son fils Sesto était, malgré ces réserves, fort réussi et touchant et ses récitatifs fort investis. 

           Une autre bonne surprise est venue de la soprano Susanna Hurrell en Cleopatra, absolument irréprochable tant la voix répond à toutes les exigences de la partition. Grâce à une voix longue et à l'aise sur tous les registres, ainsi qu'à une technique rompue aux exigences baroques, elle charme et remporte l'adhésion dans chacun de ses airs qu'elle sait agrémenter de fioritures toutes personnelles. Cette voix mature se destine certainement à d'autres répertoires. La scène du Parnasse, très attendue et très réussie, dévoile une Cleopatra telle une madone, une apparition divine qui charme totalement Cesare et le public. L'apothéose aura été son air "Da tempeste" à la virtuosité facile ! Admirable. 

          Avec son physique imposant, le baryton-basse Edward Hawkins s'est aisément imposé dans le rôle court d'Achilla, éminemment détestable dans son air "Dal furor". Enfin, tous les autres petits rôles ont donné pleine satisfaction. 

          En définitive, un Giulio Cesare simple et sage mais pourvu d'une distribution forte aux costumes XVIII° siècle séduisants. Certains pourront déplorer les trop nombreuses coupes d'airs et da capo.