Handel ALCINA Düsseldorf 26.II.2020

DÜSSELDORF: Handel Alcina

Deutsche Oper am Rhein, Thursday 26, 19:30

Dramma per musica in Three Acts HWV 34

Libretto by an unknown adapter based on the libretto by Antonio Fanzaglia for the opera ‘L’isola di Alcina’ by Riccardo Broschi based on Cantos 6 and 7 of the epic ‘Orlando Furioso’ by Ludovico Ariosto

Performed in Italian with German surtitles

Duration: approx. 3 hours, one interval

Orchester: Neue Düsseldorfer Hofmusik

Musikalische Leitung: Wolfgang Wiechert

Inszenierung: Lotte de Beer

Bühne: Christof Hetzer

Kostüme: Jorine van Beek

Licht: Alex Brok

Video, fettFilm, Konzeptionelle Mitarbeit: Peter te Nuyl

Dramaturgie: Anna Melcher

Maria Kataeva (Ruggiero) & Jacquelyn Wagner (Alcina). © Jochen Quast 
Wallis Giunta (Bradamante), Jacquelyn Wagner (Alcina), Maria Kataeva (Ruggiero). © Jochen Quast 
Maria Kataeva (Ruggiero) & Jacquelyn Wagner (Alcina). © Jochen Quast

          A production with interesting ideas but lacking a little bit of drama. The cast is rather of good quality. The surprise came from an amazing Ruggiero: mezzo-soprano Maria Kataeva, with a clear, loud and expressive voice. She made a fireworks of the aria "Sta nell'Ircana".

          Une Alcina quelque peu brouillonne, avec de nombreuses coupures pas toujours appropriées, le rôle du ténor Oronte est presque complètement sacrifié, un début de musique de ballet vite avorté... et un décor unique et rotatif: l’île d’Alcina, sorte de luxueuse paillotte. De plus, l'utilisation de la vidéo permet de créer diverses atmosphères. Au final, un spectacle intéressant mais sans grand développement dramatique même si, ça et là, de bonnes idées sont à relever comme lorsque Alcina se retrouve reniée de tous, comme punie d'avoir été une femme "moderne" qui pour une fois s’est jouée des hommes face à une société machiste où les hommes asservissent les femmes (des messieurs autour d'elle se prêtent à cet asservissement auprès de leur compagne). Ou bien encore lorsque toute la vérité lui revient au visage: tous les hommes qu'elle avait conquis reviennent à elle tel des fantômes et la mettent face à une réalité qu’elle voudrait nier. Dès son deuxième air, Alcina est prise de coups invisibles qui la font souffrir, elle qui était forte et sans peur se retrouve affaiblie par amour, l’amour sorte de talon d’Achille (telle Armide face à Renaud). Ceci semble même la conduire à une certaine forme de folie quand elle se voit dédoublée, en vielle dame ou en jeune fille... (une voix intérieure matérialisée par la vieille dame la pousse à réagir au mileu de l'air "Ah! Mio cor"). Au début du deuxième acte, l’éclairage est d’une intensité telle qu’au lieu de d’aveugler Ruggiero, il lui permet d’ouvrir les yeux sur la réalité.

          Heureusement la distribution comptait des chanteurs de bonne qualité, pourtant tous non spécialistes, ainsi qu'un orchestre et un chef attentifs mais un peu sages. 

          Jacquelyn Wagner incarne une Alcina de grande classe, racée avec un physique de déesse, s'imposant avec un naturel déconcertant. Vocalement, elle possède d'indéniables moyens mais son Alcina manque d’expressivité et son engagement reste un peu en retrait. Avec un vibrato quelque peu envahissant, la voix manque parfois de consistance et les notes aiguës, pourtant faciles, restent parcimonieuses.

          Sa sœur Morgana, interprétée par la soprano Elena Sancho Pereg, affiche une voix radieuse et pleine de fraîcheur. On aurait aimé entendre des cadences plus personnelles que celles que l'on connaît déjà de divers enregistrements. 

          En seulement quelques récitatifs et un air écourté, le baryton-basse Beniamin Pop dans le rôle de Melisso a marqué la soirée de sa voix sonore, claire et bien timbrée. On aurait aimé en entendre davantage. Mais c’est le Ruggiero (un Ruggiero tantôt soumis, tantôt viril et manipulateur) de la mezzo-soprano Maria Kataeva qui aura le plus emporté l’adhésion avec cette voix (à la Felicity Palmer) longue et bien projetée et surtout dotée d’une grande expressivité. Son air spectaculaire de virtuosité et d’intensité "Sta nell' Ircana" a fait sensation. Rien que pour ce moment de grande musique, la soirée aura valu le coup ! Alors, comment est-il possible de lui avoir ravi l'un des airs les plus essentiels et plus beaux de la partition "Mi lusinga" ? 

          Une autre excellente chanteuse, Wallis Giunta,a prêté ses talents au personnage de Bradamante. Dans chacun de ses airs et surtout dans les da capo, elle a su se surpasser à l'aide notamment de vocalises audacieuses, personnelles et enflammées ! 

          Oberto et Oronte, respectivement Maria Carla Pino Cury soprano et Andrés Sulbarán ténor se sont également distingués par leur investissement scénique. 

          A noter certaines interventions solos de membres de l’orchestre fort appréciables: la grande sensibilité et inventivité du premier violon dans l’air "Amo, sospiro" ou la délicatesse du violoncelle dans l’air "Credete al mio dolore".

Andrés Sulbarán (Oronte), Elena Sancho Pereg (Morgana). © Jochen Quast
Andrés Sulbarán (Oronte), Elena Sancho Pereg (Morgana, Wallis Giunta (Bradamante), Maria Kataeva (Ruggiero).. © Jochen Quast