James HALL, Karlsruhe 18.II.2020

          Un bon contre-ténor peut en cacher un autre. Suite à la défection du contre-ténor Cameron Shahbazi grippé, le britannique James Hall a été appelé à la rescousse ! Chose rare, il n’a apporté aucune modification au programme initialement prévu, qu’il a appris en 4 jours nous dit-on. Avec une concentration qui le contraignait, et on le comprend, à garder les yeux rivés sur les partitions et ainsi, il n’a pas négligé sa collaboration pour autant avec son partenaire, le talentueux claveciniste Mahan Esfahani, avec lequel il était en parfaite adéquation. 

           Derrière ce physique de rugbyman barbu, la voix de James Hall surprend d'emblée par sa douceur et sa clarté, le timbre déploie suavité et séduction surtout dans les pages élégiaques de Purcell telle la fameuse "Music for a while". La technique semble facile et la délicatesse de l'interprète combinée à une interprétation subtile crée l’émotion tandis que le haut de la voix est en capacité de déployer brillance, éclat et puissance ! Nous sommes sous le charme d’une voix qui possède déjà tout d'un grand ! Ce contre-ténor n'a pas fini de faire parler de lui. 

          L'artiste ne nous était pas inconnu, nous l’avions déjà entendu en live, mais à chaque occasion dans de petits rôles qui ne permettaient pas de prendre véritablement la mesure de son talent (Narciso dans Agrippina au festival The Grange près de Londres, deux rôles différents à Glyndebourne dans les reprises de Rinaldo, et Adelberto dans Ottone à Beaune). En cette soirée musicale exécutée sans pause (environ 1h20 de musique), le public a pu pleinement apprécier les qualités d'une voix qui rappellent l'excellent Andreas Scholl. 

          Seul bémol à ce récital, quelques gènes d’émission dans les notes graves, certainement dues à une certaine dose de trac ! Mais c’est lors d'un bis complètement désinhibé qu’il a surpris le public en interprétant un air de Purcell plein de passion amoureuse voire sexuelle: "Sweeter than roses" qui a ainsi révélé une personnalité facétieuse et pleine de personnalité. Dommage que le programme ne contenait aucun grand air virtuose qui aurait permis d’évaluer ses capacités virtuoses. 

          A noter que la forte implication et chacune des intervention du très virtuose claveciniste Mahan Esfahani a suscité fascination et admiration. Quelle aisance et  professionnalisme !

          Concernant  le contre-ténor Cameron Shahbazi, le public pourra le retrouver à Karlsruhe l’an prochain dans le rôle de Lichas dans l’oratorio Hercules de Handel mis-en-scène par Floris Visser.