HANDEL GIULIO CESARE Newcastle 30.X.2019

NEWCASTLE: HANDEL GIULIO CESARE 

THEATRE ROYAL, Wednesday 30 October 2019 7pm, Opera North

Sung in Italian with English titles

Dir. Christian Curnyn

DIRECTOR Tim Albery

SET AND COSTUME DESIGNER Leslie Travers

LIGHTING DESIGNER Thomas C. Hase

With a cast of a rather good level (especially Sesto and Cleopatra) and an efficient staging and ravishing settings, this Giulio Cesare achieved its purpose: to spend an exquisite evening with Handel. 

              Avec plus de quarante ans d'existence OperaNorth, la compagnie d'opéra qui propose des spectacles itinérants dans toute l'Angleterre, a toujours nourri une affection particulière pour le compositeur Haendel. C'est le cas cette année encore avec l'opéra le plus aimé et le plus joué du Caro Sassone  Giulio Cesare pour une seule soirée au Théâtre Royal de Newcastle. Pour l'occasion, un décor unique mais modulable à souhait: la base d'une pyramide, tantôt vue de l'extérieur, tantôt vue de l'intérieur puis sous différents angles avec deux bords amovibles constitués de marches menant à une plateforme se trouvant au sommet de la pyramide. Un dispositif plutôt simple en apparence mais très efficace, surtout lorsque le cœur de la pyramide est dévoilé et que les éclats de lumière des parois en miroir couleur or, se mettent subitement à éblouir tout la salle. Divin ! Les personnages bien entendu vont et viennent dans cet espace qui révèle notamment lors de la fameuse scène de séduction de Cleopatra, à la chevelure inhabituellement blonde, "V'adoro pupille" un puits d'or liquide dans lequel elle y trempe ses pieds. Une séduction quelque peu pudique s'opère alors mais la reine se dévoilera davantage un peu plus tard dans ce spectacle. Le rôle est admirablement bien chanté par Lucie Chartin (qui remplaçait apparemment Sophie Bevan). Avec une fraîcheur et une spontanéité toutes de séduction, la soprano franco-néerlandaise (récemment entendue avec bonheur dans l'opéra Orphée et Eurydice de Gluck/Berlioz à l'opéra de Metz) possède cette voix à la tessiture centrale si essentielle au rôle tout en pouvant aisément faire briller ses aiguës tant nécessaires aux cadences comme dans l'air en forme de feux d'artifice "Da tempeste".

             Le Cesare de Maria Sanner en revanche, s’acquitte d'une performance vocale bien inégale. La couleur de la voix, plutôt féminine, devient fort intéressante lorsqu'elle parvient enfin à s'obscurcir, tantôt sonore, tantôt peu audible. Il est vrai que l'orchestre joue fort, et même s'il ne démérite pas, on aurait aimé un peu plus de nuances et de raffinement de la part du chef (notamment dans les airs tristes ou lents). Bizarrement le metteur-en-scène a choisi de faire chanter le fameux air de chasse "Va tacito" de Cesare (menaces à peine déguisées envers Tolomeo) sans la présence de ce dernier mais d'en faire un air de chasse amoureuse à la conquête de Cleopatra. 

          Mais la perle de la soirée aura été le Sesto de Heather Lowe, dont le mezzo ambiguë, clair et sonore aura fait des merveilles tout au long de la soirée notamment dans l'air expressif et touchant "Svegliatevi nel core", et plus encore dans son "Cara speme" !

          Sa mère Cornelia, incarnée par la mezzo-soprano Catherine Hopper, affiche une voix plutôt commune mais somme toute efficace. Il faut dire que son duo avec son fils Sesto a particulièrement bien été exécuté et que l'émotion était au rendez-vous: une plainte déchirante rehaussée par des cierges funèbres ajoutés tout au long de l'air. Seulement on a du mal à comprendre ce qui suscite tant de convoitise de la part de  Tolomeo et Achilla subjugués par une pseudo beauté lorsque celle-ci est affublée d'une robe et de pantoufles de grand-mère ! 

          Le tyran Tolomeo est détestablement incarné par le contre-ténor James Laing (d'ailleurs au moment des saluts il a été abondamment hué pour sa vile interprétation du rôle). Avec un timbre quelque peu ingrat, mais tout à fait justifié dans ce rôle de tyran, il parvient à faire le show avec sa forte présence scénique. 

          Le baryton-basse Darren Jeffery quant à lui, rend plutôt bien justice au rôle d'Achilla. Quant au deux rôles secondaires: Curio et Nireno, respectivement Dean Robinson à la ligne de voix scandée et Paul-Antoine Bénos-Djian dont la diction et la projection ont suscité l'admiration n'a malheureusement pas bénéficié de son air ! Ce dernier avait été un admirable Rinaldo lors de la tournée de cet opéra avec Le Caravansérail ! 

          Deux heures trente environ de musique au final, autant dire que de nombreuses coupes ont été opérées (complet, l'opéra peut atteindre une durée de 4h). En résumé, un spectacle divertissant qui n'a pas laissé place à l'ennui et des interprètes dans l'ensemble de bonne qualité.