Namur, Grand Manège, le jeudi 20 février 2025 à 20h. Concert donné sans entracte.
Roberta Mameli, soprano
Le Concert de L’Hostel Dieu
Franck-Emmanuel Comte, direction
Programme :
Francesco Gasparini (1661 -1727) : Sinfonia (Ambleto, 1705)
Giuseppe Carcani (1661 - 1727) : 'Segui ad amar costante' (Ambleto, 1742)
Carlo Francesco Pollarolo (1653 - 1723) : 'D’ire armato il braccio forte' (Ambleto, 1712)
Domenico Scarlatti (1685 -1757) : Sinfonia en ré mineur & 'Nella mia sfortunata prigionia' (Ambleto, 1715)
Francesco Gasparini : 'Cinto d’amiche rose un di cresca' (Ambleto, 1705)
Johann Adolf Hasse (1699 - 1783) : Sinfonia, en sol mineur
Georg Friedrich Haendel (1685 - 1759) : 'Tu indegno sei dell’allor' (Ambleto, pasticcio 1712), (emprunt à l'opéra Agrippina)
Francesco Gasparini : 'Nella mia sfortunata prigionia' (Ambleto, 1705)
Giuseppe Carcani : 'Più fido non poss’io' (Ambleto, 1742)
Georg Friedrich Haendel : Gavotte & Tamburino (Alcina, 1735)
Francesco Gasparini : 'Stelle, voi che de’ regnanti' (Ambleto, 1705)
Giuseppe Carcani : 'Son sdegnato e son geloso' (Ambleto, 1742)
Après un passionnant disque consacré à la Francesina, diva du XVIIIe siècle, magistralement incarnée par la sublime soprano Sophie Junker, Franck-Emmanuel Comte et son ensemble Le Concert de L’Hostel Dieu nous proposaient un tout nouveau programme dans le magnifique écrin de la salle du Grand Manège de Namur ce jeudi 20 février 2025. À l’honneur, une autre diva : la sémillante Roberta Mameli mise au défi pour incarner la figure d’Hamlet mais aussi sa parenté. Un programme surprenant car nous ignorions que des compositeurs s’étaient intéressés à ce personnage shakespearien. Pas étonnant alors que la plupart des noms des compositeurs au programme soient de parfaits inconnus. En effet, un certain Pollarolo côtoyait un Gasparini ou encore un Carcani. Plus curieux encore dans ce programme, un air de Haendel tiré de l’opéra Ambleto suscite notre étonnement. En effet, Haendel n’a jamais composé d’opéra du nom d’Ambleto. Pauline Lambert, la modératrice du concert, va nous éclairer : il s’agit d’un air emprunté à l’opéra Agrippina ‘Tu ben degno sei dell’allor’ repris par Gasparini dans un pastiche intitulé Ambleto. Les paroles sont alors légèrement modifiées : ‘Tu indegno sei dell’allor’. Il s'agit d'un air dans lequel le personnage de Gerilda exprime tout son dédain envers celui de Fengone. Même si l’air demeure intéressant, l’original, contrasté et ironique, possède davantage de force dramatique.
Le programme proposé fait la part belle à la traditionnelle alternance d’airs lents ou tristes et airs colériques virtuoses. Il faut admettre que tous ces airs ne suscitent pas forcément l’admiration mais certains se révèlent être de petits bijoux surtout lorsqu’ils sont interprétés par la voix longue, souple, raffinée et brillante de Roberta Mameli qui sait comme personne nous faire surfer, toujours avec élégance, sur les montagnes russes de sa voix. Nous retiendrons surtout ses notes aiguës prises en mezza voce particulièrement savoureuses. Il faut dire que ses qualités et capacités vocales, avec ce timbre un brin boyish, lui permettent de s’adapter à souhait au programme caméléon proposé puisqu’elle doit alternativement incarner la fille ou la femme d’Hamlet mais aussi ce dernier. Mention spéciale aux deux airs dépouillés, accompagnés du simple continuo. On touche alors au frisson !
L’orchestre, très engagé sous la baguette fervente du chef Franck-Emmanuel Comte, lui offre un luxueux confort et se montre particulièrement remarquable dans les pièces orchestrales proposées.
A noter qu'un disque de ce programme était proposé à l’issue du concert.
Ruggero Meli