Pergolèse Stabat Mater, Festival de Fénétrange 16.IX.2023
Festival de Fénétrange le samedi 16 septembre 2023
Vivaldi motet 'In Furore' (ABD)
Vivaldi ouverture de l'opéra L'Incoronazione di Dario
Pergolèse Stabat Mater
Amel Brahim-Djeloul, soprano
Stéphanie Cotrez, mezzo-soprano
La Maîtrise de Strasbourg
Les Paladins
Dir. Jérôme Corréas
Un Stabat Mater de Pergolèse frais et touchant
Le festival de Fénétrange accueillait, pour sa quarantième édition, une soprano rare et talentueuse : la divine Amel Brahim-Djeloul. Une artiste que BAROQUENEWS a pu apprécier à diverses reprises, notamment dans le rôle d’Oriana dans l’opéra Amadigi de Haendel au Théâtre de l’Athénée à Paris en janvier 2019. A cette occasion, elle avait bénéficié du soutien des forces de l’ensemble Les Paladins et leur chef Jérôme Corréas, des partenaires qu’elle retrouvait lors de ce concert en l’église Saint Rémi.
Ensemble, ils proposaient un programme court mais intense avec en première partie un motet virtuose du Prete Rosso : ‘In furore’. Une œuvre dans laquelle la soprano a créé la surprise en apportant audace et tempérament conférés au da capo du premier air notamment.
Voix fraîche, facile et expressive, il est difficile de comprendre le manque de notoriété de cette artiste talentueuse.
En seconde partie, le programme proposait d’entendre une version inédite du fameux Stabat Mater de Pergolèse. Une version qui faisait alterner les parties chorales aux parties solistes. Une première surprise est venue du chœur : uniquement constitué de très jeunes filles. Une tradition qui fait le lien avec la première partie de ce concert et le compositeur Vivaldi. En effet, ce dernier œuvrait à l’Ospedale de la Pietà à Venise, un établissement uniquement réservé aux jeunes filles. La maîtrise de Strasbourg, très bien préparée par Luciano Bibiloni, apporte à cette œuvre une touche d’affliction et de piété supplémentaire, mais aussi une fraîcheur, une candeur et une ferveur toutes particulières. Une interprétation davantage sacrée que théâtrale, que la raisonnance de l’église Saint Rémi a idéalement restituée. Nous avons été touché par la pureté et la cohésion de ce chœur de jeunes filles.
La seconde surprise est venue de l’autre soliste vocale de ce concert : la mezzo-soprano Stéphanie Cotrez qui nous a véritablement conquis par le velours d’un timbre qui relevait d’ailleurs davantage d’un contralto, solide et consistant. Un bonheur pour l’écoute et une jolie complicité avec le divin soprano d’Amel Brahim-Djeloul, sous la direction attentive et inspirée du chef Jérôme Corréas. Une chanteuse très prometteuse que l’on a hâte de réentendre même si elle courrait un peu après les notes dans le duo avec chœur 'Sancta Mater', pris étonnamment à une vitesse vertigineuse.
Bref, une version du Stabat Mater de Pergolèse éminemment religieuse qui a trouvé son point culminant d’émotion durant le sublime ‘Et paradisum’, chanté tel une prière.
Une soirée un peu courte, disions-nous, peut-être qu’un second motet dans la première partie, chanté par la mezzo-soprano aurait été le bienvenu (un ‘Longe Mala’ ou un ‘Stabat Mater’ de Vivaldi).
Ruggero Meli