Philharmonie de Paris le 30 avril 2025 à 20h
Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759) : La Resurrezione HWV 47, oratorio en deux parties sur un livret de Carlo Sigismondo Capece
Marie Madeleine : Ana Vieira Leite, soprano
Un ange : Julie Roset, soprano
Marie, femme de Cléophas : Lucile Richardot, contralto
Saint Jean l’Évangéliste : Cyril Auvity, ténor
Lucifer : Christopher Purves, baryton-basse
Les Arts Florissants
Paul Agnew , direction
Une version théâtralisée à la force émotionnelle surprenante, en toute simplicité, sur une scène quasi dépouillée si ce n’est deux rectangles placés au centre de façon latérale et tournés vers le public sur lesquels les personnages « humains » vont venir y prendre place (debout ou assis) tandis que deux estrades placées derrière et de chaque côté de l’orchestre accueillent les deux êtres « surnaturels » : l’ange et Lucifer.
Une mise en espace à la théâtralité épurée à l'image d'un sujet délicat et hautement biblique avec ses personnages humbles, plein de piété, qui procure une émotion allant crescendo. Le public suit le déroulement des événements presque comme si l’on regardait un péplum biblique passionnant.
Passionnant aussi parce que la direction de Paul Agnew et l’orchestre, bien fourni, font des merveilles dans cet oratorio. Ralentis ou accélérations inattendus et effets instrumentaux réussis.
Julie Roset possède cette voix claire et pure presque d’une enfant et s’est acquittée des coloratures de son air d’entrée avec panache. Dommage que le public ne l’entendait pas pleinement, la voix étant trop couverte par l’orchestre et la distance n'aidant pas. C’est toujours le problème lorsque les solistes vocaux sont placés derrière l’orchestre.
Ana Vieira Leite trouve enfin un rôle à la mesure de sa voix, celui de Maddalena. En effet, c’est bien la première fois que nous apprécions sa performance. Une partition à la tessiture plus centrale certainement. Simplicité et ferveur ajoutées à cela.
Son amie Cleofe, incarnée par la contralto Lucile Richardot, manque de finesse et assène sa voix comme on assène un marteau parfois. D’autant plus difficile à entendre dans ce rôle si spirituel. Certaines vocalises manquaient de netteté notamment dans l'air 'Naufragando'.
Christopher Purves possède toujours une voix de roc mais les aigus ont du mal à sortir. Ce Lucifer vêtu d'un kilt fait l’affaire mais est désormais loin de rivaliser avec celui de Robert Gleadow récemment entendu avec Le Concert de La Loge et Julien Chauvin.
Seul le San Giovanni de Cyril Auvity nous aura totalement conquis et bouleversé, chacun de ses airs s’apparentant à une prière : 'Cosi la tortorella', 'Ecco il sole', 'Caro figlio'. Il parvient même à transcender l'air peut-être le moins séduisant de ses airs 'Quando e parto' par sa ferveur, et un chant à la fragile délicatesse. Alors avec de telles qualités, pourquoi n'entendons-nous pas cet artiste plus souvent ?
Manque de préparation ? Tous les chanteurs ont oublié une partie de leur texte à un moment donné.
Samuel Passetan