Concert du 19 juillet 2025 à 20h30 : Ensemble The Smoky House
Ferme de Villefavard, Auditorium, 19 juillet 2025, 20h30
Duo The Smoky House
Julia Campens | violon
Stanley Smith | basse de viole
PROGRAMME :
The Tears
Lamentation for Owen Roe - Unamed I - Pleracas
Miss Grants Quick Step
The Sea
The merry Harriers - The maid of Calligan - Sweet Mally anne
I'll Touzle your Kurchy - Aaron Boat-
Archibald MacDonald of Keppoch - Bonny at Morn - O'Keefe's Slide
Linky Lanky - Lord Kelly's Reel - The Reel of Mullinavat
O'Reilley's Fancy - unamed II
The Cliffs
A Cuirle Jeal Mac Croide - Waves of Dingle - Pleasures of Home
The Sailor’s Return
The Poets
The Knockeen-Free - Miss Macleod - The Diamond
Mrs Captain Ross - Miss Farquaharson's Reel
The Stockings
Cliff's of Mohair - The Gallowglass - The Short Grass
The Humors of Drinagh - The Trip to Sligo - Morrison's Jig
Yellow Stockings - A feg for a Kiss
The Summer
Lullaby - The Summer is come and the Grass is green
Major James Monro's Strathspey - Mr John Trotter's Reel
The Flaxdresser - The Boy of Portaferry - Automn Woods
The Whispers
Hugar Mu Fean - Curri Koun Dilich
Unamed III Dan Cleary's Favourite - Cooley's - Banks of Lough Gowna
The Hag with the Money - Elizabeth Kelly's Favourite
L’art des contrastes
Un concert que l’on aurait imaginé plus ‘fun’, plus festif après une annonce particulièrement attrayante. Mais nous n'avons pas boudé notre plaisir pour autant et passé un beau moment de musique tout de même en compagnie du duo The Smoky House, constitué de Julia Campens au violon et Stanley Smith à la basse de viole. Un concert légèrement sonorisé pour certainement uniformiser le volume sonore des deux instruments.
Difficile de suivre le programme que l’on referme très vite pour se laisser porter par les pièces qui s’enchaînent. Le public aurait peut-être aimé recevoir davantage d’informations sur les compositeurs John Sutherland ou Simon Fraser. Un medley où dialoguent joyeusement ballads, ayrs, reels et jiggs anglais, irlandais et écossais du XVIIIe et du XIXe siècles. Très vite, on ne sait plus vraiment à quelle époque nous sommes, le mélange de styles brouillant allègrement les cartes et nous rendant finalement plus libres pour l’écoute. Un confort et une détente d'autant plus grands que le spectateur a le sentiment d’avoir été convié chez des amis, dans leur salon. Installés au centre d'un tapis persan, auprès d'une lampe sur pied surmontée d'un large abat-jour, les artistes jouent dans une ambiance tamisée. La violoniste, pieds nus, s'efforce d’afficher une attitude relaxée malgré un stress légèrement palpable en début de concert. D’ailleurs, il est dommage que les deux concertistes n'aient quasiment pas quitté leur partition des yeux. Signalons que le concert a été émaillé de nuisances sonores d’allers et venues presque incessants. L’auditorium fait tout de bois est formidable pour l’acoustique des instruments mais aussi pour les bruits parasites.
Cela ne nous a pas empêché d’apprécier les variations et contrastes proposés par le duo.
Des rythmes entraînants qui donnent parfois un rôle de contrebasse à la basse de viole pendant que le violon virevolte en fioritures et ritournelles.
Tantôt l’accélération progressive d’une même mélodie en intensité et en volume sonore, tantôt une mélodie lancinante, répétitive, infernale, envoûtante voire ensorcelante. Un violon rageur qui va même jusqu'à produire des sons sciemment âpres, aigres ou dissonants.
Des forte qui alternent avec des passages apaisés, mélodieux, délicats, poétiques, presque timides parfois, pour finir de « mourir » dans une partie piano puis pianissimo à peine audible. L'impression de planer au dessus des Appalaches sur les traces du musicologue Cecil Sharp, qui s’adonna vraisemblablement à rendre compte des English Folk songs qui avaient traversé l’Atlantique. Des archives précieuses qui reprennent vie et reviennent jusqu'à nous grâce à la ferveur de The Smoky House.
Ruggero Meli
Concert du 20 juillet 2025 à 20h30 : Bach avec Marc Mauillon et Les Surprises
Église de Mortemart | Concert | Bach en famille | Marc Mauillon & l’Ensemble Les Surprises
Marc Mauillon & l’Ensemble Les Surprises
Marc Mauillon | bariténor
Marie Rouquié, Gabriel Grosbard | violons
Lika Laloum | alto
Marjolaine Cambon | violoncelle
Juliette Guignard | viole de gambe
Marie-Amélie Clément | contrebasse
Louis-Noël Bestion de Camboulas | clavecin et direction
PROGRAMME :
CONCERTO POUR CLAVECIN
Carl Philipp Emmanuel BACH (1714 - 1788) : Allegro
Wilhelm Friedemann BACH (1710 - 1784) : Andante
Johann Sebastian BACH (1685 - 1750) : Allegro
CANTATE PROFANE « BIST DU BEI MIR ».
Georg BOHM (1661 - 1733) : Sinfonia
Georg STRÖLZEL (1690 - 1749) : Aria « Bist du bei mir »
Carl Philipp Emmanuel BACH (1714 - 1788) : Aria « Lyda »
Carl Philipp Emmanuel BACH (1714 - 1788) : Aria « Philys
SONATE
Johann Sebastian BACH (1685 - 1750) : Adagio
Carl Philipp Emmanuel BACH (1714 - 1788): Allegro
Carl Philipp Emmanuel BACH (1714 - 1788) : Andante
Johann Sebastian BACH (1685 - 1750) : Allegro
CANTATE SACRÉE « HERR, LEHRE MICH »
Georg Philipp TELEMANN (1681 - 1767) : Sinfonia
Carl Philipp Emmanuel BACH (1714 - 1788) : Aria « Herr, lehre mich »
Georg Philipp TELEMANN (1681 - 1767) : Récitatif « Mein Gott»
Johann Sebastian BACH (1685 - 1750) : Aria et choral « Ob bei uns ist der Sünden viel »
Johann Sebastian BACH (1685 - 1750) : Aria « Gleich wie die wilden »
Johann Sebastian BACH (1685 - 1750) : Choral « Was Gott tut, das ist wohlgetan »
SYMPHONIE
Carl Philipp Emmanuel BACH (1714 - 1788) : Allegro
Johann Ludwig KREBS (1713 - 1780) : Adagio
Wilhelm Friedemann BACH (1710 - 1784) : Allegro.
Marc Mauillon, un talent trop peu connu
L’ensemble Les Surprises nous proposait un programme surprenant et savamment agencé autour de Bach. L’occasion pour le public venu nombreux en l’église de Mortemart de découvrir outre son fascinant retable, un pastiche de cantates mais aussi de pièces orchestrales de la famille Bach et de ses contemporains. Trois concertos au programme, entrecoupés par deux cantates imaginaires (l'une profane, l'autre sacrée), chaque mouvement ayant été emprunté chez un compositeur différent avec la volonté d'attester de l’évolution de la forme du concerto qui va devenir symphonie. Bien entendu les plus beaux mouvements ont été sélectionnés avec soin pour former des pièces de toute beauté, divinement restituées par l’ensemble Les Surprises, avec un jeu particulièrement subtil et virtuose de la part du talentueux claveciniste Louis-Noël Bestion de Camboulas. Un jeu passionnant de va-et-vient et d’entremêlement entre l’orchestre et le clavecin qui s'achève par des cadences au clavecin en partie improvisées de haut vol. Un orchestre qui s’écoute et qui prend plaisir à faire de la musique ensemble tout en la restituant brillamment. Les seules réserves viendraient de certaines attaques et interventions des violons que l’on aurait aimées plus incisives encore.
Au risque de choquer quelques puristes, ce même concert avec piano aurait pu encore gagner en brillance, à notre humble avis, ou tout au moins en terme d'équilibre sonore car au son ténu du clavecin répondait un orchestre à la sonorité généreuse. Un déséquilibre dommageable.
Marc Mauillon, quant à lui, fait une entrée en matière tout en douceur et avec un sens de la simplicité absolument touchant. Il nous aura cependant fallu un léger temps d’adaptation pour « accepter » d'écouter l’air 'Bist du bei mir' dans cette tessiture bien plus grave qu'à l'accoutumée. Longtemps attribué à Jean Sébastien Bach en raison de sa présence dans le Petit Livre pour Clavier d’Anna-Magdalena Bach sous la désignation BWV 508, cet air de Georg Strölzel est devenu un tube absolu du répertoire baroque.
Un moment de grâce repris en bis pour le plus grand bonheur d’un public conquis.
Il faut dire que la voix de Marc Mauillon, reconnaissable entre toutes, possède un grain particulier. Souvent « étiqueté » ténor, elle peut surprendre à la première écoute par ses sons barytonants. Il appartient en fait à ces voix difficilement classables qui ont la particularité d’être dans un entre-deux. Aussi, avec sa tessiture de bariténor on se prend à rêver de l'entendre dans des rôles haendéliens tels que Bajazet de l’opéra Tamerlano ou Alessandro de l’opéra Poro ou bien encore Berengario de l’opéra Lotario. En effet, avec sa voix, extrêmement bien timbrée, capiteuse, généreuse et sonore, l'artiste mériterait des rôles plus marquants et une notoriété plus grande. Ajoutons à cela, une souplesse qui lui permet des passages virtuoses sans difficulté 'Gleich wie die wilden'. Sa complicité étroite, palpable avec les membres de l’ensemble Les Surprises, a permis de faire de ce concert sobre et sincère, un concert émotion.
Pour ceux qui voudraient écouter d'autres interprétations de l'air de Georg Strölzel 'Bist du bei mir', nous recommandons la version chantée par la voix miraculeuse d'Aafje Heynis. ou de la divine Lorraine Hunt.
Ruggero Meli