BÂLE : Haendel Le Messie 25.V.2025

          Un Messie sauvé in extremis par le chef de chœur Carlos Federico Sepulveda suite au retrait soudain du chef Ivor Bolton, le jour même du concert. Reprendre au pied levé la direction globale de cette œuvre monumentale était une gageure de taille. Et le chef de choeur a relevé le défi avec brio mais aussi en terminant l'oeuvre complètement liquéfié après avoir tout donné. A part quelques départs et attaques incertains, il est parvenu à faire briller l’œuvre et susciter l’enthousiasme du public. Son travail en amont auprès du choeur professionnel le Vokalensemble Basel a été payant, d'autant qu'il lui a fallu préparer un choeur d'adultes amateurs mais aussi celui de très jeunes enfants. Le résultat en a été bluffant : la généreuse sonorité du choeur apportant grandeur et force à l'oeuvre. Le son semblait venir de toutes parts et étreindre le public. 

          Côté solistes, nous n’avons pas été déçus. A commencer par le contre-ténor Carlos Mena. Malgré des notes de passage mal aisées et des registres peu uniformes, on reste frappé par la clarté du timbre et ses splendides notes aiguës, mais aussi et surtout une partie grave affirmée particulièrement prégnante comme dans le très contrasté "But who may abide".

          Il est bien agréable d’avoir une vraie basse comme celle caverneuse de José Coca Loza pour apporter de la profondeur à la partition. Peut-être aurait-il pu se montrer plus inventif et expressif notamment dans l’air "For behold...The people that walked". 

          Quant au ténor Jacob Lawrence, un brin inégal, il a su progressivement s'affirmer et finalement convaincre. 

          Mais la pépite de la soirée aura été la soprano Jone Martinez que nous avions connue dans le rôle d’Alcina à Séville il y a deux an ainsi que dans un petit rôle l'été dernier dans la Dido de Graupner à Innsbruck. La voix, naturelle, pleine et raffinée, possède ce charme fou qui fait que l'on s'illumine à chacune de ses interventions. 

          Plus de peur que de mal au final, La Cetra nous a offert cette année encore un très beau Messie. Une tradition que nous suivons à BAROQUE NEWS depuis de nombreuses années (voyez plutôt ci-dessous). On espère qu’il y en aura beaucoup d’autres. 

                                            Ruggero Meli