Festival Les Nuits de Septembre, Handel Chandos Anthems, Liège 6.IX.2024

          Depuis 67 ans, le festival Les Nuits de Septembre (dans le cadre du festival de Wallonie) offre un large panel de concerts fort intéressants. Cette année, les festivités ont débuté en l’église Saint-Jacques de Liège, un large édifice à l’architecture gothique absolument somptueuse, ce vendredi 6 septembre 2024 avec un concert baroque entièrement dédié au compositeur Georg Friedrich Haendel. Au programme, les rares Chandos Anthems écrits entre 1717 et 1718 lorsque le compositeur devient « artiste en résidence » à Cannons, la demeure de James Brydges, Comte de Chandos, un aristocrate et un mécène. Il s’agit d’une série de onze antiennes dans lesquelles des psaumes sont mis en musique. L’ensemble Musica Gloria en proposait deux : la 10e, intitulée ‘The Lord is my light’ HWV 255, dans laquelle on peut entendre les éléments se déchaîner, ainsi que la 6e, intitulée ‘As pants the hart’ HWV 251b, dans laquelle une foi indéfectible en Dieu est louée. 

           Avec un effectif réduit (7 musiciens et 8 choristes, deux par tessiture), le jeune ensemble Musica Gloria en a offert une interprétation bien séduisante et pleine de fraîcheur, avec notamment une belle cohésion chorale. 

Pourtant, nous l’aurions voulue vibrante, voire enflammée. Nous n’avons pas véritablement tremblé à l'écoute du choeur ‘The earth trembled’, ni vraiment ressenti le flot des vagues dans l’air de soprano ‘It is the Lord that ruleth the sea’. Des pièces interprétées par de jeunes choristes, certes d’un bon niveau mais pas suffisamment aguerris au niveau de solistes professionnels. Des voix individuelles qui pâtissent encore d'un manque d’expérience et de projection. 

Avec un budget et un effectif plus importants, le résultat aurait certainement été plus probant. Ajoutons à cela qu’un lieu plus intimiste aurait certainement mieux mis en valeur le travail de l’ensemble.

Malgré ces remarques, nous n’avons pas boudé notre plaisir et avons pu apprécier chacun des 8 choristes dans leur partie solo. 

          Deux œuvres instrumentales étaient également au programme : l’irrésistible concerto pour orgue appelé Le Coucou (The Cukoo and the Nightingale, HWV 295) ponctué du chant du rossignol, émis depuis un mystérieux endroit de l’église, et des extraits de la Water Music. L’occasion d’apprécier l’aisance du jeu virtuose du multi-talentueux Beniamino Paganini, aussi brillant à la flûte traversière qu’à l’orgue. Les 6 autres musiciens se sont également distingués, notamment la sémillante hautboïste Nele Vertommen, qui nous a enchanté, notamment dans l’un des mouvements avec flûte à bec obligée de la Water Music, dont la mélodie lancinante devient une délicieuse addiction.

          Un concert qui mettait la jeunesse à l’honneur. La relève baroque est assurée avec l’ensemble Musica Gloria, que nous avions découvert avec bonheur en concert l’an dernier (voir notre compte rendu). 

Pour information, ce concert a fait l’objet d’une captation par les soins de la radio belge Musiq3 (podcast disponible ici). 

                                    Ruggero Meli