Vendredi 26 septembre 2025 - 18h00 — Salle Monteverdi
Embarquement pour Cythère
Ensemble Le Grand Ballet
Œuvres de Jean-Claude Gillier.
Camille FRITSCH, soprano
Romain BAZOLA, ténor & hautbois
Colin HELLER, violon et vielle à roue
Armance MERLE, flûte à bec & traverso
Thomas GUYOT, violoncelle
Matthieu FRANCHIN, clavecin et direction
Programme :
EMBARQUEMENT POUR CYTHÈRE
Œuvres de Jean-Claude GILLIER (1667-1737), musicien européen
ENSEMBLE LE GRAND BALLET
Camille Fritsch | chant (soprano)
Romain Bazola | chant (ténor) et hautbois
Armance Merle | flûte à bec et traverso
Colin Heller | violon et vielle à roue
Thomas Guyot | violoncelle
Matthieu Franchin | clavecin et direction artistique
LE PRÉLUDE AU CONCERT
Ouverture (La Psyché de village, comédie de Guérin, Comédie-Française, 1705)
Vaudeville « Profitez bien jeunes fillettes » (Les Vendanges de Suresnes, comédie de Dancourt, Comédie-Française, 1695)
L'AMOUR AU THÉÂTRE FRANÇAIS
Air « Entrons tous deux belle Isabeau » (La Foire de Bezons, comédie de Dancourt, Comédie-Française, 1695)
Air « Un jour un vieux hibou » (La Sérénade, comédie de Regnard, Comédie-Française, 1694)
Menuets I et Il (L'Impromptu de Suresnes, comédie de Dancourt, Comédie-Française, 1713)
Air italien « Or che più belle» (La Sérénade)
Air « Sous cet agréable feuillage» (Le Galant jardinier, comédie de Dancourt, Comédie-Française, 1704)
Air (La Psyché de village, comédie de Guérin, Comédie-Française, 1705)
Branle « En ces lieux chacun à son tour» (La Psyché de village)
Gigue (La Psyché de village)
Ronde de table « Il est temps que la musique» (Recueil d'airs sérieux et à boire,
Londres, 1723)
Air à boire « Morgué, morgué, point de mélancolie» (Les Vendanges de Suresnes)
Air à boire « Le dimanche et les lundis» (L'Impromptu de Suresnes)
Air paysan Rigaudon (Les Vendanges de Suresnes)
Air à boire « Plusieurs regardent le bon vin» (Les Trois cousines, comédie de Dancourt, Comédie-Française, 1700)
Bourrée (La Psyché de village)
ASSEMBLÉE DANS UN PARC
Plainte « Cruel Amour, tyran des cœurs» (Les Amants magnifiques, paroles de Dancourt, Comédie-Française, 1704)
LA MARIÉE DE VILLAGE
Marche (L'Inconnu, Comédie-Française, 1703)
Air « Vive ma vielle, on la veut en tous lieux» (Le Médecin de village, Comédie-Française, 1704)
Air pour un Niais sur la vielle (Le Médecin de village)
Niaise (Les Vendanges de Suresnes)
Rigaudon (L'Impromptu de Suresnes)
Air « Ma mère me dit l'autre jour » (Le Médecin de village)
Branle « Un jour de printemps» (Le Bourgeois de Falaise, comédie de Regnard, Comédie-Française, 1696)
Branle « Au bon temps, mes enfants, au bon temps passé » (Le Médecin de village)
Branle « Je vis l'autre jour » (Le Médecin de village)
Branle « Si j'en crois ce qu'on me dit » (Le Médecin de village)
LE RÊVE DE L'ARTISTE
Chaconne (Pastorale, 1694)
Air anglais « Oh, Lovely Syren» (A Collection of New Songs, Londres, 1698)
L'EMBARQUEMENT POUR CYTHÈRE
Air italien « Teneri cuori » (Les Amants magnifiques, Comédie-Française, 1704)
Marche (Les Trois cousines)
Air « Au temple du fils de Vénus» (Les Trois cousines)
Rigaudon (Les Trois cousines)
Air « Venez dans l'île de Cythère» (Les Trois cousines)
Vaudeville « Après un long pèlerinage » (La Pénélope moderne, comédie de Lesage, Fuzelier et D'Orneval, Foire Saint-Laurent, 1728)
Passepieds | et Il (Les Trois cousines)
L'ÎLE ENCHANTÉE
Vaudeville « Dans un désert où la nature » (Les Mariages du Canada, paroles de Lesage, Foire Saint-Laurent, 1734)
Trois découvertes marquantes lors du concert du 26 septembre dernier au festival d’Ambronay : • l’ensemble Le Grand Ballet,
• la divine soprano Camille Fritsch,
• et un compositeur visiblement injustement oublié, Jean-Claude Gilliet, autrefois attaché à la Comédie-Française. Compositeur européen du XVIIIᵉ siècle, il écrivait majoritairement sur des textes en français, mais aussi en italien et même en anglais. Ce soir-là, il nous a emmenés jusqu’à la mythique île grecque de Cythère, terre d’amour et de fête. Le programme proposait une série d’airs à boire consacrés à Bacchus irrésistiblement festifs, au comique savoureux et aux textes exquis. Parmi eux, l’histoire d’un homme courtisé pour sa fortune mais aussitôt abandonné une fois ruiné, ou encore celle d’un vieux hibou rêveur désireux d’épouser une jeune et jolie hirondelle.
Si le concert n’avait été composé que de ces plaisantes légèretés, il aurait peut-être fini par lasser ; mais quelques pages plus sérieuses sont venues apporter contraste et profondeur — tel cet air mélancolique particulièrement touchant, ou encore une belle plainte en anglais.
L’ensemble Le Grand Ballet réunissait clavecin et violon, rejoints par le bariténor Romain Bazola, également au hautbois. Malgré une émission parfois inégale et des aigus un peu hésitants, sa voix généreuse au timbre chaleureux a su convaincre, notamment dans le médium où elle s’épanouit pleinement.
Mais c’est la soprano Camille Fritsch qui a véritablement conquis le public. Sa diction élégante, son expressivité juste, sa présence scénique maîtrisée sans excès, ainsi que la fraîcheur de sa voix — homogène, facile, auréolée d’un léger vibrato — ont fait merveille. Une très belle révélation : voilà un soprano français qui semble avoir de belles réserves sous le pied !
Un concert plein de charme, qui nous a parfois donné envie de danser sur nos chaises au rythme des mots et des notes de Jean-Claude Gilliet. Une soirée de découvertes… et de promesses.
Ruggero Meli
Vendredi 26 septembre 2025 - 20h30 — Abbatiale
Ulysse et les Sirènes
Œuvres de Henry Purcell, Alessandro Scarlatti, Georg Friedrich Händel, Thomas-Louis Bourgeois, Teresa Agnesi, Jean-François Dandrieu…
FLORIE VALIQUETTE & CAMILLE POUL, SOPRANOS
CYRIL AUVITY, TÉNOR
L’ASSEMBLÉE
JOSEF ZAK, DIANA LEE, VIOLONS
MYRIAM BULLOZ, ALTO
ALICE COQUART, VIOLONCELLE
GABRIELLE RUBIO, TRAVERSO & THÉORBE
CAROLINE LIEBY, HARPE
MARIE VAN RHIJN, CLAVECIN, ORGUE & DIRECTION
Programme :
ISABELLE FROUVELLE (XX - )
Sirènes
PAULINE DUCHAMBGE (1776-1858)
Chant de la sirène (tiré de la « légende de l'Étang du Cal ») (1830)
JEAN-FRANÇOIS DANDRIEU (1782-1738)
« La sirène», Pièces de Clavecin, Livre II (1728)
ALESSANDRO SCARLATTI (1660-1725)
Cantata a voce sola Benche o bella sirena (ca. 1700-1710)
Recitativo « Benche ò Sirena »
Aria « Dolce canta l'augeletto »
Recitativo « E come puoi vantare i crudi onori »
Aria « Ferma non più cantar »
MARIA TERESA AGNESI PINOTTINI (1720-1795)
Serenata Ulisse in Campania (1768)
Aria di Telegono « Deh' temprate oh' sommi Dei »
Recitativo « Gia con vitto solenne »
Aria di Deifobe « Frà l'orror di mille affanni »
THOMAS-LOUIS BOURGEOIS (1676-1750)
Cantate « Les Sirènes », Cantates françoises, Livre | (1709)
Prélude
Récit « Après avoir vaincu »
Air « L'Amour par nos voix»
Récit « La flotte d'Ulisse »
Air « Fuyés fuyés éloignés vous d'un péril dangereux»
Récit « Par ces sages conseils »
Air « Belles dans vos yeux l'Amour met ses armes »
GEORG FRIEDRICH HAENDEL (1685-1759)
« Il vostro maggio », Rinaldo, acte II (1711)
GIOVANNI MARIA TRABACI (15752-1647)
Aria di tre sirene (1620)
Stanza prima (a tre)
Stanza seconda (sola)
Stanza terza (sola)
Stanza quarta (a tre)
Stanza quinta (a tre)
Ultima stanza delle tre Sirene (a tre voci)
CLAUDIO MONTEVERDI (1567-1643)
« Fiamma è l'ira », | Ritorno d'Ulisse in Patria, acte III sc. 6 (1640)
THOMAS MORLEY (1557-1602)
Fantasie à 2 La Sirena (1595)
HENRY PURCELL (1659-1695)
« Two daughers of this aged stream », King Arthur (1684)
ANONYME (TRAD. MEXICAIN)
La petenera son huasteco (arrangement: Quito Gato)
SEBASTIÁN DURÓN (1660-1716)
Lamento Ondas riscos pezes mares, Venemo es de amor la envidia (zarzuela)
GIOVANNI GHIZZOLO (ca. 1580-ca. 1625)
« Canto di Sirene », Madrigale e Arie, Libro Secondo, Venise (1609)
VINCENZO VALENTE (1855-1921)
A Sirena (traditionnel napolitain)
CLAUDIO MONTEVERDI
« O delle mie fatiche », ll Ritorno d'Ulisse in Patria, Scena Decima e ultima (1640)
GIOVANNI GIACOMO GASTOLDI (1555-1609)
« Questa dolce sirena » (1596)
L’ensemble L’Assemblée, en résidence à Ambronay, proposait un programme séduisant sur le papier, mais hélas peu convaincant une fois sur scène. Présenté comme « un voyage à travers un univers fascinant qui traverse la mer Tyrrhénienne et ses îles Galli pour nous emmener en Méditerranée », le concert ambitionnait de retracer « le cheminement d’Ulysse, depuis son départ illustré par M. T. Agnesi, jusqu’à sa rencontre avec les sirènes dans la cantate Les Sirènes de Thomas-Louis Bourgeois, pour finir par ses retrouvailles avec Pénélope dans Il Ritorno d’Ulisse in Patria de Claudio Monteverdi ».
Sur le papier, le fil conducteur semblait limpide. Pourtant, à l’écoute, les airs se sont succédé sans véritable lien ni tension dramatique, laissant l’émotion à quai. Pourtant, Marie van de Rhijn, à la direction et au clavecin, avait réuni trois solistes de haut vol : les sopranos Camille Poul et Florie Valiquette, ainsi que le ténor (ou haute-contre) Cyril Auvity. Pris individuellement, airs, duos et trios furent souvent charmants. Mais le manque de cohérence — tant dramaturgique que chronologique — a rapidement brouillé la réception du programme. Enchaînés sans articulation ni mise en contexte, les morceaux ont fini par se neutraliser, jusqu’à paraître presque fades.
L’assemblage hétéroclite n’a rien arrangé : aux pages baroques venaient se mêler des airs mexicains, espagnols (avec impression de castagnettes), voire un air napolitain totalement inattendu. Un véritable patchwork musical où la surprise, au lieu de stimuler, désorientait.
Côté interprètes, Florie Valiquette a séduit par sa voix aérienne et son timbre fruité, contrastant agréablement avec la projection plus directe et solide de Camille Poul — une complémentarité appréciable dans les duos. Mais la palme revient sans conteste à Cyril Auvity, dont la finesse d’émission et le timbre de velours ont véritablement hissé le concert vers le haut. Son interprétation de l’air napolitain a fait sensation.
Le concert s’est achevé sur une note légère, le public étant invité à reprendre une série de « la la la… » joyeusement participatifs.
En somme, un concert loin d’être décevant sur le plan vocal, mais qui laissa une impression d’inachèvement. À force de juxtaposer des airs autour du thème des sirènes sans réelle trame dramatique, le programme a basculé dans l’effet pot-pourri — agréable, mais sans profondeur. Et l’on se surprend à regretter ce qui aurait dû en être le cœur : l’émotion.
Ruggero Meli