Grand Manège de Namur, samedi 22 novembre 2025 19h
John Blow (1648-1708) : Ode à Sainte Cécile « Begin the Song » - extraits
Benoît Menut (1977-) : « La Noche Oscura » Création mondiale d’après un poème de Saint-Jean de La Croix – commande de Radio France
Henry Purcell (1659-1695) : Ode à Sainte Cécile « Hail, bright Cecilia »
sopranos : Cécile Achille, Eugénie Lefebvre, Amandine Trenc, Juliette Perret
altos : Paulin Bündgen, Alice Habellion, Clotilde Cantau
ténors : Paco Garcia, Davy Cornillot, François-Olivier Jean
basses : Étienne Bazola, Sébastien Brohier, Louis-Pierre Patron, Julien Guilloton
Anaëlle Blanc-Verdin, Gabriel Grosbard, Minori Deguchi, Federica Basilico, Lika Laloum, violon. Camille Aubret, Charlotte Gerbitz, alto. Xavier Miquel, hautbois et flûte. Vincent Blanchard, hautbois. Juliette Guignard, viole de gambe. Julien Hainsworth, violoncelle. Anaïs Ramage, basson et flûte. Marie-Amélie Clément, violone. Étienne Galletier, théorbe. Clément Geoffroy, orgue. Manon Duchemann, percussion. Adrien Mabire, Arthur Montrobert, trompette.
Ensemble Les Surprises
direction : Louis-Noël Bestion de Camboulas
Après des extraits de l’Ode à Sainte Cécile de John Blow et une œuvre contemporaine – que nous n’aurons malheureusement pas entendues en raison d’un retard de vol –, l’ensemble Les Surprises offrait au public namurois la véritable pièce de résistance de la soirée : l’Ode à Sainte Cécile de Henry Purcell, rareté précieuse du répertoire baroque. Un « petit » bijou trop rarement donné, que Louis-Noël Bestion de Camboulas et ses musiciens ont paré de mille nuances.
Dès les premières mesures, l’on retrouve ce qui fait la singularité de l’œuvre : un perpétuel jeu de contrastes, alternant majesté solennelle, tendre intériorité, espièglerie rythmique et éclats quasi théâtraux. L’écriture instrumentale, au charme fou, met à l’honneur une basse continue éloquente, des flûtes d’une douceur aérienne et des trompettes resplendissantes sans jamais verser dans la démonstration.
La direction, souple et sensible, respire la finesse stylistique. Le chœur, homogène, fervent et limpide dans l’articulation du texte, offre une assise de grande tenue.
Côté solistes, point de grandes voix tonitruantes, mais un plateau d’artistes aux timbres séduisants, souples et expressifs, parfaitement adaptés à l’esthétique de Purcell. Le duo Hark! hark! each Tree its silence breaks charme instantanément, superbement défendu par Étienne Bazola, baryton-basse rond et soyeux, et par la soprano Eugénie Lefebvre, élégante et légère.
Moment de grâce absolue avec Paco Garcia, ténor à la voix fine et suspendue, d’une poésie rare dans ’Tis Nature’s Voice. On y goûte une mezza voce fragile en apparence mais d’une tenue exemplaire, qui bouleverse par sa simplicité.
La soprano Cécile Achille apporte un éclat tendre et aérien dans Thou tun’st this World below, the Spheres above, repris avec vivacité par le chœur dans de délicates attaques piquées.
Les voix se marient à merveille dans With that sublime Celestial Lay, notamment grâce au timbre fascinant du contre-ténor Paulin Büdgen et à la basse qui complète avec naturel cette texture vocale.
Changement radical d’atmosphère avec l’effréné Wondrous Machine! : véritable déferlante de virtuosité, menée à un train d’enfer qui fait sourire autant qu’il impressionne.
Puis retour à la légèreté avec le ténor Davy Cornillot dans The airy Violin, tout en souplesse et en agilité.
Plus intériorisé, In vain the am’rous flute and soft guitar réunit ensuite ténor, contre-ténor et ténor dans un superbe trio à la fusion exemplaire.
Toutes les voix solistes, issues du chœur, se détachent avec naturel et musicalité, preuve de l’excellence collective de l’ensemble.
Au fil des numéros, rythmes et mélodies se révèlent irrésistiblement addictifs, portés par une interprétation d’une cohérence réjouissante.
Un hommage splendide à la patronne des musiciens, donné le jour-même de sa fête, le 22 novembre, dans l’acoustique idéale du Grand Manège de Namur.
Ruggero Meli