HANDEL SAUL Glyndebourne 27.VII.2018
HANDEL : Saul HWV 53
Sur un livret de Charles Jennens
Merab: Karina Gauvin *****
Michal: Anna Devin *****
Saul/Apparition of Samuel: Markus Brück *****
David: Iestyn Davies ****
Jonathan: Allan Clayton ****
Abner/High Priest/Amalekite/Doeg: Stuart Jackson ****
Witch of Endor: John Graham-Hall ****
Dancers: Robin Gladwin, Ellyn Hebron, Thomas Herron,
Merry Holden, Gareth Mole, Yasset Roldan
The Glyndebourne Chorus
Chorus Master Nicholas Jenkins
Orchestra of the Age of Enlightenment
Leader Kati Debretzeni
Conductor Laurence Cummings ****
Assistant Conductor David Bates
Music Preparation Kate Golla, Gareth Hancock, Bernard Robertson
Associate Director Donna Stirrup
Assistant Director Oliver Platt
Director Barrie Kosky
Assistant Choreographer Merry Holden
Designer Katrin Lea Tag
Choreographer Otto Pichler
Lighting Designer Joachim Klein
Solo organ James McVinnie
Cello continuo Jonathan Manson
Bass continuo Carina Cosgrave
Theorbo continuo David Miller
Harpsichord continuo Matthew Fletcher
Organ continuo & carillon Bernard Robertson
Glyndebourne vendredi 27 july 2018 5.20pm
Peu de spectacles vous emportent au firmament. Mélange d'allégresse, de puissance émotionnelle et de folie. Voilà à quoi les 30 premières minutes de ce spectacle vous convient. Costumes XVIII° siècle, légèrement décalés, danses frivoles et endiablées. Le tout mené par des choristes survoltés qui terminent cette première partie dans un Alléluia fracassant ! Le public est sous le choc !
Alors on se dit qu'il va falloir à Barrie Kosky une sacrée dose d'inventivité et d'ingéniosité pour maintenir sinon dépasser ce niveau d'excellence tout au long de son spectacle. Et les bonnes surprises ne tardent pas à arriver.
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On sent combien le metteur-en-scène a à cœur de séduire son auditoire avec son spectacle à la fois esthétiquement brillant et noir, divertissant et hautement théâtral. Certains effets sont saisissants comme l'ouverture de rideau de la seconde partie avec son plateau inondé de bougies. Et que dire du final dont on sait combien il est émouvant dans cette oeuvre, et bien jamais il ne l'aura été autant ici, on frissonne, la gorge se serre et les larmes pointent... On ressort dévasté !
La distribution qui était déjà de grande qualité lors des représentations de 2014, semble ici encore monter d'un cran pour approcher la perfection. A commencer par la divine Anna Devin dont le soprano riche et fruité s'impose avec bonheur sur toutes les scènes baroques depuis quelques années. Jamais Merab n'aura été aussi bien chantée, avec la voix charnue et centrale de Karina Gauvin, cruelle et tendre à la fois. Le David de Iestyn Davies possède cette élégance toute British et excelle dans les parties élégiaques comme le merveilleux air "Oh Lord" et sa harpe mais ne faudrait-il pas conférer une dose supplémentaire d’héroïsme au personnage ? Quant au rôle titre, magistralement interprété par le baryton-basse Markus Brück, totalement investi dans un rôle psychologiquement complexe et poussé à l'extrême par Barrie Kosky, rageur, plein de doutes et pitoyable à la fois. Un régal !
Tous les autres solistes n'ont pas démérité et ont largement contribué à la réussite de la soirée.
Que demander de plus: une mise-en-scène géniale, pleine de surprises et émouvante, des solistes vocaux de premier choix soutenus avec force par un orchestre de The Age of Enlightenment et leur chef Jonathan Cohen au meilleur de leur forme mais surtout le phénoménal Glyndebourne Chorus, chacune de ses interventions étant une bénédiction, qui devient finalement le personnage le plus important de la distribution.
A noter que ce spectacle sera repris lors de la saison 2019-2020 au Théâtre du Châtelet.