Hasse MARC'ANTONIO E CLEOPATRA Stuttgart 08.IX.2018
STUTTGART saturday 08 Septembre 2018 19h :
J.A. HASSE: Marc‘Antonio e Cleopatra (Serenata)
Sibylla Rubens | Sopran
Sonia Prina | Alt
Stuttgarter Kammerorchester
Reinhard Goebel | Leitung
Oeuvre absolument délicieuse, et pourtant rarement donnée ! Le chef Goebel connaît bien l'oeuvre. Sa fougue légendaire devrait y faire des merveilles ! En plus, la divine et (trop) discrète Sibylla Rubens sera de l'aventure !
Pour le grand public, Hasse demeure un compositeur encore fort méconnu, et pourtant sa serenata Marc'Antonio e Cleopatra a tout pour plaire. Il s'agit d'un concentré de drame, musicalement jubilatoire, qui tient peu ou prou en 1h30. L'oeuvre relate le retour de Marc'Antonio auprès de sa belle Cleopatra suite à sa défaite contre Octave. Tous deux se préparent à la mort mais surtout à l'amour éternel. On ne connaît que fort peu les circonstances de création et de représentation de l'oeuvre si ce n'est qu'elle date de 1725, que Hasse l'a composée à Naples alors qu'il n'avait que 26 ans, qu'elle lui a permis une renommée certaine, et que le rôle de Cleopatra était chanté par Farinelli alors que celui de Marc'Atonio par la contralto Vittoria Tesi !
En cette soirée du samedi 08 septembre 2018 dans la petite salle Mozart de la Liederhalle de Stuttgart, nous retrouvons des interprètes rompus aux exigences baroques, à commencer par le chef tonique et impétueux Reinhard Goebel qui connaît bien l'oeuvre puisqu'il l'a déjà interprétée par le passé notamment en 2017 au festival Rheinvokal ou plus loin dans le temps, en novembre 1998 lors d'une tournée en Allemagne et aux Pays Bas (avec Dana Hanchard, soprano et Axel Köhker contre-ténor). Cette impétuosité dans la direction (avez-vous déjà entendu son très insolite "Scherza infida" de l'opéra Ariodante avec entre autres Ann Sofie von Otter, conduit à la vitesse du TGV ?) le pousse visiblement à réduire l'oeuvre aux seuls airs dans la première partie et à ne retenir que les récitatifs indivisibles de certains airs dans la seconde. Même si ce n'est pas exactement ce que certains puristes souhaiteraient entendre, ce procédé a pour avantage tout de même d'éviter toute baisse de régime et d'attention. L'orchestre répond avec fougue à la direction d'un chef arc-bouté sur son orchestre et tel un balancier de métronome et s'agitant tout en marmonnant continuellement. La Cleopatra de Sibylla Rubens est absolument délicieuse, à la fois touchante et dramatique; elle fait notamment des merveilles dans son "air de comparaison": Qual candido Armellino. Malgré sa déjà longue carrière, la voix a gardé toute sa fraîcheur et surtout toute sa souplesse avec des vocalises maîtrisées à la perfection, le tout à grande vitesse ! Seuls quelques notes aiguës tendues font défaut.
Très prochainement il sera possible de réentendre l'oeuvre à Cologne et à Bruxelles, concert que BaroqueNews suivra, dans une distribution proche de l'originale puisque la contralto Delphine Galou chantera le rôle de Marc'Antonio et que Valer Sabadus chantera celui de Cleopatra, le tout sous la direction d'Ottavio Dantone et son Accademia Bizantina.